lundi 29 novembre 2010

deuil

ce blog n'a jamais aussi bien porté son nom que ce soir.
après une parenthèse heureuse et enchantée, celle ci s'est terminée depuis quelques heures.
certes, elle avait commencé à se ternir depuis deux semaines. les angoisses m'assaillaient de plus en plus, nourries par des messages froids, l'absence continue du mec que je fréquentais.
j'ai du passer mon anniversaire seul.
j'avais enfin rencontré quelqu'un qui avait des valeurs en commun avec moi. Je pensais construire quelque chose, j'avais tort.
ce soir, il m'a dit qu'au bout de 3 mois il sentait bien qu'il ne m'aimerait jamais.
avec lui j'ai eu une relation tout à fait particulière car j'ai pris le temps. je pensais être sur la bonne voie. aujourd'hui je suis encore plus chamboulé.
si je me précipite, ça rate. si je prends mon temps, ça rate. le facteur commun dans les deux situations: moi.
il faut que je me rende à l'évidence, il y a quelque chose de pas aimable en moi.

ce soir, juste l'impression que ma vie consiste à faire un deuil continuel : ralph, mes liaisons passées, et aujourd'hui A...

il parait que l'espoir est ce qui meurt en dernier. je viens de l'enterrer ce soir.

jeudi 18 novembre 2010

la jeunesse d'aujourd'hui


j'ai hésité à intituler cet article "instant poétique" ou "de mon temps ...".

ce n'est pas un événement qui m'est arrivé personnellement mais une collègue en a parlé à midi et je ne résiste pas au plaisir de vous en faire profiter.

la collègue évoque donc deux élèves, aujourd'hui en 4°, mais que j'ai eu l'an passé en 5° et que je situe donc très bien.
Portrait des deux donzelles : niveau scolaire faible, voire très faible, et participation inexistante. Regard bovin, type plante verte. Vraiment inoffensives, limite inexistantes, mais autant le dire franchement limitées. Si tu abordes un concept un peu subtil, tu peux être sûr que tu les as perdues au troisième mot. est-ce mon imagination, mais il m'a semblé un jour voir perler un peu de bave aux commissures des lèvres de l'une d'elles.
L'an passé, elles étaient dans des classes séparées, aujourd'hui, elles sont réunies, mais ça n'augmente pas vraiment le niveau de danger ou le niveau intellectuel. Deux tanches l'une à coté de l'autre, ça fait un joli plateau de poissons, mais définitivement pas un prix nobel.

Et apparemment, aucun miracle n'a eu lieu pendant les vacances: elles restent désespérément éteintes en 4°.

hier les deux donzelles quittent mollement la salle de ma collègue et laissent derrière elles une boulette de papier. là y a deux réactions possibles: soit tu prends la boulette et tu fous à la poubelle (ce que je fais) soit tu ouvres la boulette, tu en lis le contenu puis tu la fous à la poubelle (ce qu'apparemment 80 % des profs font). Bien en a pris à ma collègue car sans ça, pas d'article.

Sur la missive était donc écrit le délicat message suivant : "j'aime trop comment tu t'es sapé aujourd'hui, t'es trop sex. grave tu m'excites ! je te jure, je mouille toute seule là. j'ai trop envie de te sentir t'enfoncer bien dur en moi".

on ne sait pas exactement qui des deux donzelles a écrit ça (une enquête graphologique est en cours) mais je crois qu'hormones + cure de juvamine sont dorénavant à proscrire. Si ça se trouve, c'est un nouveau scandale médical type Mediator qui nous attend !!!!

Et dire que j'hésite à leur faire étudier Les Liaisons dangereuses et qu'une copine a eu des emmerdes quand elle a fait La Terre, avec des premières.

Puisqu'on est dans le même thème, ça me rappelle deux autres anecdotes qui à nouveau ne me sont pas arrivées directement (c'est pas croyable, je les castre ou quoi ? A croire qu'on rentre dans un couvent quand on rentre dans mon cours).
Il y a quelques années, une collègue en passant dans les rangs et en distribuant le travail à faire a surpris une photo disons insolite dans l'agenda d'un gamin. elle se saisit donc du cahier de texte et découvre qu'il a toute une série de photos de lui, à poil, dans des poses suggestives. Son excuse : il voulait imiter le calendrier des Dieux du Stade. je précise que le merdeux était en sixième ....
Il y a quelques mois, une collègue demande à ses élèves de produire un fabliau. Une gamine , vraiment pas fut fut, lui a recopié une page d'internet. Il s'est avéré que c'était un extrait bien salace de la philosophie dans le boudoir de Sade. elle a pas compris un traître mot de ce qu'elle recopiait (Dieu merci). Mais on s'est quand même demandé comment elle avait fait pour atterir sur cette page alors qu'elle était censée chercher un fabliau ...

dans une semaine jour pour jour, c'est mon anniversaire, et je vais passer à 31 ans. Ben quand je vois la jeunesse actuelle, je me sens vieux.

Y a plus de saison, ma bonne dame.




dimanche 14 novembre 2010

Potiche


Ozon, c'est un peu notre Almodovar français. Je sais c'est très schématique de dire ça, mais je m'explique. Comme chez le cinéaste espagnol, il y a deux Ozon : un provocateur et divertissant (Sitcom, 8 Femmes) et un sérieux et émouvant (Le temps qui reste, Sous le sable ...).
Potiche appartient à la première catégorie.
Mais les comédies chez Ozon sont bien souvent plus complexes qu'il n'y paraît. Plusieurs niveaux de lecture se superposent à chaque fois.
Derrière l'intrigue policière, 8 Femmes invitait à une délicieuse relecture du cinéma français : une réplique de Truffaut dans la bouche de Deneuve, qui déclenche les larmes d'Ardant, sa dernière compagne à la ville; une photo de Romy Schneider qui tombe du tablier de Béart, celle qui a remplacé l'actrice décédée dans la filmographie de Claude Sautet, et qui est ramassée par Deneuve, qu'on se plaisait à opposer à Romy dans les années 70...
Potiche fonctionne de la même façon. Ozon s'amuse à nouveau avec l'icône Deneuve, et son imposante filmographie: son mari tient une usine de parapluies (de Cherbourg ? ), elle s'amuse à composer de petits poèmes sur une nature idéalisée, comme au temps de Demy et de sa Peau d'Ane. Quand elle retrouve un ancien amant, c'est évidemment Depardieu avec qui elle a partagé 8 films etc...
Mais au delà du plaisir des clins d'oeil cinéphiles, le film tend un sous texte politique assez réjouissant. Luchini, (excellente surprise de la distribution car ne faisant jamais du Luchini) renvoie par certaines répliques à notre actuel grand manitou du remaniement. Deneuve, elle, toute de blanc vêtue, est un double de Ségolène Royal. Pas de franc message politique au demeurant, chaque "camp" étant in fine renvoyé à ses propres ridicules.
si l'on regrettera une dernière partie de film plus poussive, Potiche offre de francs moments de rigolade, avec une distribution excellente de bout en bout.
Certes moins jubilatoire que 8 Femmes, mais ne gâchez pas votre plaisir et foncez voir l'une des comédies les plus réussies de l'année.
4.5/ 5

samedi 13 novembre 2010

une forme de vie, Nothomb


Bon , alors il est comment le dernier Nothomb ?

C'est un peu la question annuelle qu'on se pose, et à date fixe en plus. L'auteur partage ça avec le beaujolais nouveau, Woody Allen et jusqu'à récemment Chabrol.
Ca a quelque chose de rassurant en somme. Comme une vieille amie qu'on est sûr de retrouver chaque année. Un Noël en Septembre en quelque sorte.
J'ai découvert Nothomb il y a 7 ou 8 ans par le biais du boulot. Je faisais un stage d'observation dans un lycée (en gros, je posais mon cul sur une chaise au fond de la classe et je regardais un prof faire cours à des lycéens, peu motivés). le prof que je suivais voulait leur faire étudier Stupeur et Tremblements. je me suis donc procuré le bouquin et j'avais quelques heures pour le lire. j'avoue être entré dans l'oeuvre avec quelque réticence : le coté barré de la demoiselle sentait la pose commerciale. J'ai d'ailleurs souvent des a priori sur les auteurs récents et je pense que certains sont fondés (Guillaume Musso, Marc Levy ...).
C'est donc une excellente surprise qui m'attendait en lisant Stupeur: un livre qui m'a provoqué de nombreux fous rires (la fameuse scène où Amélie pète un boulard et revisite la messe à sa façon ...). J'ai donc enchaîné les Nothomb en lisant l'autofiction et certains romans (mention spéciale à Hygiène de l'assassin et Mercure).
"la vraie rêverie est une rêverie pauvre, ressassante" disait Gracq. la formule s'applique, sans jugement négatif, à Nothomb (comme je crois à tous les romanciers). chacun travaille avec ses matériaux propres, reprenant les mêmes thèmes, la différence se faisant dans le dosage..
chez Nothomb, on retrouve donc d'oeuvre en oeuvre la réflexion sur le mensonge, l'apparence, l'écriture et la faim (souvent associée à la mort).
Comme pour contenter son lecteur habitué, Une forme de vie fusionne tous les thèmes précédemment cités. Amélie (oui au bout de 12 romans, je me permets de l'appeler Amélie) reçoit une lettre d'un soldat américain, embourbé dans la guerre en Irak. Ce dernier souffre d'un mal propre à cette guerre: l'obésité. L'échange épistolaire permet ainsi à l'héroïne de réflechir au pouvoir de la littérature, à ses relations avec son lectorat (elle se targue de répondre elle même à son courrier) et donne aux passages quelques astuces pour s'assurer de sa réponse : faire court quand on lui écrit. Outre ces conseils, le lecteur glanera au passage quelques idées intéressantes sur le genre épistolaire ou une étymologie originale et marquante du mot diplomatie.(le recours à l'étymologie et à la figure du style comme clef de compréhension de soi et des autres est une marque de fabrique, une signature chez l'auteur belge.)
l'obésité de Melvin Mapple permet de placer le thème de l'apparence, thème nothombien par excellence. Comme dans Attentat, la difformité devient oeuvre d'art. Comme dans Biographie de la faim, l'anorexie est présente. Comme dans Mercure, on assiste à un twist final ...
Le lecteur se retrouvera donc en terrain familier, ce qui peut le conforter agréablement dans ses habitudes ou le lasser considérablement, tant la prise de risque est infime.

Et si le véritable renouveau chez Nothomb venait du silence l'an prochain ?

2.5/5

mercredi 10 novembre 2010

à quoi ça sert que Ducros ...


Hier, je me pointe au bahut, prêt à affronter une longue journée. Une réunion interminable et particulièrement pénible m'attend le soir, jusqu'à 19 h00/ 19h 30. Quand on est debout depuis 05 h 30, ça commence à être un peu longuet. Bref, je m'attends pas à la journée du siècle.
Doux euphémisme
le pire n'est jamais décevant...
quand j'arrive, je remarque une certaine ébullition. Ca parle fort, je surprends quelques gestes d'énervement, et comme je sens un filon et que j'ai un blog sur le feu, je m'enquis de la situation.
Mal m'en a pris. Une collègue de français qui a assisté au conseil d'administration la veille m'apprend que la banquière a fait des siennes. Elle a annoncé que toutes les disciplines étaient déficitaires. En bref, que l'ensemble des profs avait explosé leur budget. et qu'elle avait du puiser dans les fonds de réserve. Je vous laisse imaginer la réaction des parents présents au conseil administratif, voyant que nous, feignasses de prof en grève tous les jours pairs du mois, dilapidions sans vergogne l'argent du contribuable ....
De mon coté, je reste sonné, je suis allé la voir 4 fois par mois pour lui demander à chaque fois combien il nous restait. Y a pratiquement mon empreinte de cul sur la chaise de son bureau.
mais j'ai dans l'immédiat pas le temps de m'en occuper. je dois filer en cours où m'attend au passage une Passe Muraille malade qui me dégueule sur les chaussures.
j'attends ma pause et je demande un récit plus détaillé. Quand la collègue a dit à la Banquière qu'on ne pouvait pas être déficitaire, celle ci a ri en disant "Oh que si, vous l'êtes." Je farfouille à nouveau dans mes papiers et je retrouve les derniers chiffres: il nous restait 130 euros et nous en avons dépensé 110 pour l'achat de livres. Je suis pas prof de maths, mais enfin pour moi le calcul est simple.
je compte faire une expédition punitive dans son bureau mais je me fais coiffer au poteau par la prof de maths, qui, absente au conseil la veille, s'en est pris plein la gueule pour pas un rond. en gros, on lui a reproché un gros achat de 400 euros alors qu'elle avait eu l'aval signé de la Banquière auparavant. Pas de pot, la prof de maths est extrêmement organisée et garde tout. C'est donc avec le papier en main qu'elle va en découdre. elle reste au moins 20 minutes et finit par obtenir que la Banquière fasse des excuses au prochain CA.
Premier round. A mon tour. Je chausse mes gants, et je m'apprête à monter sur le ring. l'équipe de français veut m'accompagner pour montrer qu'on est solidaires. un petit coté 7 mercenaires.
on toque (à la porte je précise, vu le contexte, c'est pas inutile) et on lui demande de combien on est débiteur.
170 euros
...
Evidemment, on demande aussi des explications. La Banquière, les larmes aux yeux, se saisit d'un papier et tente vaguement d'appuyer ses propos vaseux par un schéma qui ne rime à rien. Au final, on comprend qu'elle a eu de grosses factures de papier et qu'elle a ponctionné à droite à gauche pour retomber sur ses pattes. Donc le chiffre de budget initial était dès le départ caduc. Moi qui adore les chiffres et qui me suis cassé la tête à faire des comparatifs de prix pour obtenir les éditions les moins chères ....

C'est décidé, l'an prochain, on te ruine l'état en commandant tous les volumes de la Comédie Humaine en Pléïade en série de 30. Et puis peut être même Proust, tiens. quitte à faire des choses mal, autant le faire bien ...

dimanche 7 novembre 2010

should i stay or should i go ?



les lecteurs familiers de mon blog le savent déjà. je vois ou j'ai vu un psy selon les périodes. en ce moment, le verbe est à conjuguer au présent. Le deuxième effet vacances en quelque sorte. Oui je sais je disais dernièrement que j'étais plutôt content d'être en repos sauf que j'ai un rapport particulièrement conflictuel aux vacances. Celles ci me sont imposées (ben oui je ne "pose" pas mes vacances, et psychologiquement ça change pas mal de choses) et le fait qu'elles tombent à date fixe, entraînant donc l'idée d'un cercle, d'une répétition, suppose pas mal de bilans : "l'an passé, à la même date, je ....". Ce que la plupart d'entre vous fait (ou pas) au premier janvier, pas mal de profs le font spontanément en Juillet ou en Septembre et pour certains, les plus angoissés dont je fais partie, le bilan s'impose (le terme est le plus approprié car il vous saute au visage) à chaque vacance.
Et surtout, celles ci me renvoient à ma solitude. Entre des après midi shopping, quelques séances à la muscu, des essais de cuisine et un repas pour Halloween, je me suis décidé à reconsulter un psy car l'angoisse me quittait difficilement et a bien failli me pousser à faire fuir quelqu'un qui m'est cher.
le 3° depuis janvier dernier. et m'est avis que ce sera pas le dernier.
Petit récapitulatif des différents médecins de l'âme que j'ai consultés, guide du routard express des psys à éviter ou ... à éviter !

numéro un : Mister Medoc.
Je l'appelle en Décembre, alors que j'étais au fond du fait-tout (la période à laquelle j'ai commencé ce blog d'aileurs). Première séance en janvier. Quand il me demande pourquoi je viens le consulter, je lui explique que je suis en dépression mais que je veux m'en sortir. Il me fait faire un test pendant une heure, puis, m'affirme, rayonnant : "vous avez un total de 36 sur 49. vous êtes dépressif !!!!". Tu parles d'un scoop, mon con, je te l'ai dit y a une heure. t'aurais pu économiser notre temps, mon argent, du papier et de l'encre. En revanche, j'ai vu dans le Marie-Claire de la salle d'attente un test pour savoir si j'étais plus Madonna ou Mylène Farmer et ça me dirait bien de faire ce test, au point où on en est !
Fort de l'incroyable travail d'investigation qu'il venait d'accomplir, le psy s'empare de son arme, c'est à dire sa feuille d'ordonnance et me prescrit une liste longue comme un film de Resnais d'antidépresseurs. Et chacun d'être accompagné par un commentaire dithyrambique. Bref, les médocs sont mes nouveaux amis. Or pour des raisons personnelles essentiellement familiales, je refuse de prendre des antidépresseurs. je l'en informe mais il s'en tamponne comme de son premier shorty, et me file le merveilleux sésame vers des mondes meilleurs, sésame qui attérira trois jours plus tard dans la poubelle.
je veux une vraie analyse, pas une ordonnance de médoc. Ce que je lui explique à la deuxième séance. Je vais pas être déçu sur ce point ! Les jugements à l'emporte pièce abondent : "votre problème, c'est que vous pensez que les relations longues peuvent exister"; "la tromperie est en chacun de nous, la fidélité n'existe plus"; "l'amour est mort il y a une quinzaine d'années, aujourd'hui, ce sont les intérêts commerciaux qui nous gouvernent..." J'en passe et des meilleurs.
et à chaque fois, il me ressort une nouvelle liste de médocs, tellement plus mieux bien que les précédents. J'ai beau lui dire que chaque ordonnance finit à la poubelle, il persiste.
Du coup, je n'ai pas confiance en lui, et je me construis toujours contre ses jugements et avis, contradictoires d'une séance sur l'autre d'ailleurs : "vous devriez couper tous les ponts avec R ", "vous devriez redonner une chance à R" "Vous devriez fermer une porte, mais ouvrir une fenêtre" (sic)
Z'avez pas dit "jacques a dit" !
J'ai décidé d'arrêter de voir Mister Médoc le jour où m'étant gouré d'horaire, j'ai eu le loisir de discuter avec une patiente dans la salle d'attente. La discussion a duré une heure, et m'a davantage aidé que les différentes séances avec lui ....

Numéro 2 : Miss Speedy Gonzales.
Quelques mois se passent, j'ai laissé en suspens la thérapie. Mais, je ne sais plus trop pour quelle raison, je ressens le besoin de consulter à nouveau. freiné par le psychiatre fournisseur officiel d'antidépresseurs, je préfère me diriger vers une psychologue, qui ne peut pas faire d'ordonnance. Ma meilleure amie m'en conseille une, et rendez vous est pris.
elle me reçoit et me fait m'installer dans un fauteuil en rotin. ("Mélodie d'amour qui chante au coeur d'Emmanuelle", oui, vous aussi vous y avez pensé). Elle s'installe devant moi, aucun bureau ne nous sépare. elle me sourit, d'une voix douce, m'invite à la confidence. et je me livre. Parfois, elle soumet une hypothèse, et pas conne en plus. quand elle me demande par exemple qui se cache derrière le pronom on que je viens d'utiliser, elle me suggère que ce mal être n'est pas que le mien, et que je supporte également la souffrance de mon père qui a lui aussi fait une dépression.
On avance, on tâtonne, mais on avance.
ET puis un jour, c'est le drame. Je la vois un jeudi matin. J'ai dormi la veille chez ma tante qui vit dans ma ville adorée, celle que je hante aujourd'hui. je me suis fait un ciné, suis allé boire un pot avec un pote, me suis fait un resto. bref, je suis en pleine forme. et en début de séance je lui dis donc que je vais bien. Que j'aurais des sujets de me plaindre puisque je n'ai pas obtenu ma mutation et que R a encore fait des siennes (aujourd'hui, me rappelle même plus quoi). Mais que j'ai décidé de ne pas me laisser abattre etc...
et là, elle me dit: "bien on va en rester là pour aujourd'hui.
-Nom de zeus, Marty, il y a eu un problème dans le continuum espace temps car ma séance a duré 3 minutes. Je vous dois combien ?
-60 euros, comme d'habitude."

...
petit problème de maths : Sachant que la séance de Will a duré 3 minutes et qu'il a payé 60 euros
a) calculez le prix de la minute d'analyse
b) calculez la probabilité exacte pour que Will se soit fait e... sans gel par sa psy
c) calculez la probabilité exacte pour que Will ne remette jamais les pieds chez cette conne.


numéro 3: Bernard Pivot
celui que je vois en ce moment. Bon alors être honnête avec vous, je sors tout juste d'une séance au moment où j'écris ces lignes. je pensais terminer mon billet avant d'y aller mais non. et comme la seconde séance a été beaucoup plus réussie que la première, j'ai sans doute perdu de ma morgue et le titre du billet perd lui en pertinence.
donc je me pointe mercredi dernier. et là premier choc, je vois un divan. je m'attendais à un portrait de Freud dans un coin pour parfaire le cliché.
je lui explique que je pense être un dépendant affectif et que ça paralyse ma vie et mes relations avec les autres et un en particulier, que ma peur peut me pousser à tout foutre en l'air. et là il me coupe :
"Lui ? vous avez dit lui ?
-euh, ben oui
-il s'agit donc d'un garçon ?
-c'est souvent le pronom qu'on utilise quand il s'agit d'un homme, en effet.
- vous êtes donc homosexuel ?
-Whaa, c'est Inspecteur Clouzot ici ou quoi ?
-je dois vous dire que je ne m'y connais pas du tout en amours homosexuelles !"

Ok, moi qui adore être mis dans des cases... Quelques minutes plus tard, le voilà qui s'écoute parler et me sort des citations d'un illustre inconnu. Puis il se raccroche à Sollers. Me dit que je bovaryse. Et aborde la cristallisation selon Stendhal. Je pensais être chez un psy, je suis au beau milieu du salon de Mme de Staël. Sauf que je suis venu pour me soigner, pas pour baigner en pleine conférence littéraire. Au bout d'un moment je coupe Guillaume Durand pour essayer de recadrer davantage sur le sujet qui me préoccupe : moi et mes angoisses. je cherche une piste et lui dis que ma dépendance affective vient sans doute du fait que j'ai été trompé et qu'il m'en reste une cicatrice. Et lui de me dire : " Vous savez, l'infidélité, dans le milieu homosexuel, vous l'avez un peu choisie finalement".
bref, une première séance désastreuse.
j'ai hésité à aller à la seconde, mais je m'y suis finalement rendu. et j'ai commencé par tout lui déballer : que je n'étais pas là pour parler littérature, que j'avais eu l'impression de perdre mon temps et que je ne savais pas si j'allais continuer avec lui.
un électrochoc pour lui puisqu'il a changé du tout au tout. je ne dis pas que je ressors avec la clef, mais je ressors en ayant l'impression d'avoir travaillé. en tous cas je ressors soulagé.

La suite au prochain épisode .. ou pas !


mercredi 27 octobre 2010

Cellulaire, Stephen King

Avec Stephen King, c'est une longue histoire d'amour.
Qui a commencé à l'adolescence.

Vous entrez dans une zone de flash back

Souvenir ému de mon premier roman du roi de l'épouvante, Ca. En sixième, j'accompagnais ma mère et ma grand mère au supermarché du coin, après le dernier cours de la journée. Pendant que le gynécée vaquait aux occupations commerciales, je squattais le rayon bouquin du Super U. et squatter me semble le terme exact : affalé à même le sol, avec un bouquin dans les mains et daignant à peine rentrer mes tiges quand un charriot passait. Quand j'y pense, j'étais sacrément culotté. Mais on m'a jamais fait une seule réflexion.
Au début, je lisais la série des Petits Nicolas. Puis les Pagnol (et là, j'arrivais à repartir avec un nouveau roman chaque semaine. devant la culture, ma mère ou ma grand mère s'inclinait et m'offrait le roman désiré). Mais bien vite, mes regards furent attirés par les couvertures sanguinolentes des romans de Stephen King.
Il m'a fallu du temps pour oser aller plus loin que la contemplation de cette couverture :
J'ai d'abord feuilleté les 3 tomes, prudemment, d'un index tremblant. Je savais que je transgressais certaines règles: ces livres ne m'étaient normalement pas destinés (la preuve en est : ils se trouvaient sur la dernière étagère.). Puis je suis tombé sur une scène qui m'a scotché dans tous les sens du terme : celle du lavabo avec Beverly (pour ceux qui ont lu le roman). Cet extrait a été une révélation pour moi : un livre pouvait autant foutre la frousse qu'un film ou une série B. Des mots, des séries de mots pouvaient procurer une véritable angoisse, avec toutes les sensations physiques qui accompagnaient ce sentiment. Le pouvoir des mots sans le choc des images.
On était à la fin de l'année scolaire, et je me suis donc offert les 3 tomes de Ca. que j'ai dévorés. C'est bien simple, j'ai joué les autistes pendant tout mon temps de lecture. et l'identification a joué à plein. Une sensation vraiment délicieuse. J'ai ensuite enchainé avec les classiques Cujo, Christine, Carrie ....
Puis la fièvre est retombée. Mais ne s'est pas éteinte. et inconsciemment, j'ai instauré le rendez vous annuel Stephen King.

fin de la zone de flashback.

Cette année donc, Cellulaire que j'avais acheté depuis un moment, et que j'ai retrouvé par hasard dans les cartons.
Le pitch ? Un virus est envoyé aux hommes par leur portable. Quand ils reçoivent le signal, leur mémoire est effacée, ainsi que leur humanité, les réduisant à l'état d'animal sauvage, de mort vivant, s'attaquant à n'importe qui. Seule une poignée d'hommes arrive à s'en sortir. Ils se regroupent, s'organisent. Parmi eux se trouve Clay, un dessinateur qui espère que son fils n'a pas utilisé son portable et qui va tout mettre en place pour le retrouver et le rejoindre...
King puise chez romero (le retour des morts vivants) ou Chez Wells (la guerre des Mondes) son inspiration puisque son roman est construit sur l'opposition entre deux clans : les phonistes qui ont été contaminés et les normaux. Peinture d'apocalypse où les seconds essaient de survivre, avec le cortège de personnages voire les idées reçues inhérentes au genre : une mamie témoin de Jehovah, un réceptionniste suicidaire etc...
Première remarque : le road movie passe difficilement à l'écrit. L'ennui gagne très vite le lecteur, car les épreuves que doivent affronter les normaux sont finalement peu intéressantes (trouver des armes à feu, un endroit où dormir etc...).
Second point négatif : les personnages ne sont pas suffisamment fouillés. Oui, c'est une première chez Stephen King, mais à l'exception de Clay, la peinture des protagonistes reste trop superficielle pour que l'on puisse s'attacher vraiment à eux. Résultat : l'identification ne fonctionne pas, et l'on se tamponne dans les grandes lignes de ce qui peut leur arriver. Le calvaire de l'un des personnages principaux devrait nous tirer des larmes. Or on compte les pages ...
Enfin, l'intrigue elle même patine. Pas de grand méchant, un dénouement beaucoup trop ouvert et rédhibitoire dans un livre long, et un ensemble assez répétitif. L'univers décrit manque de cohérence, contrairement à Désolation, par exemple.
Malgré quelques moments de bravoure où le rythme cardiaque du lecteur s'accélère un peu, Cellulaire est un roman décevant et plat.

1/5

dimanche 24 octobre 2010

les amours imaginaires


"On s'est connu, on s'est reconnu, on s'est perdu de vue, on s'est reperdu de vue ..."

c'est sur le canevas de Jules et Jim que brode le nouveau film de Dolan. 1 fille, deux garçons, 3 possibilités. Amours à géométrie variable.
Si chez Truffaut, la zizanie apparaissait sous les traits de Jeanne Moreau, c'est ici un ange blond, un "bellâtre très à l'aise" comme le qualifie la première fois Marie, l'un des pôles du triangle amoureux, qui l'incarne. Un monstre d'égoïsme, tout simplement heureux qu'on l'aime et ne semblant pas se rendre compte des dégâts qu'il occasionne autour de lui.
Gravitent donc autour de cet orbite Francis et Marie. Dès les premières scènes, la rivalité se met en place : filmés de dos, chacun va lancer un regard à la dérobée sur l'objet du désir.
Ellipse temporelle et Francis appelle Marie pour lui apprendre qu'ils vont boire un pot ensemble avec l'éphèbe. Chacun de fourbir ses armes d'attraction, chacun de marcher vers la proie d'un pas décidé, chacun de s'émouvoir de la réaction de l'homme désiré, en l'occurrence un sourire.
Mais l'ellipse est ici importante car à l'information finalement presque secondaire donnée par Francis à Marie et au spectateur ("devine avec qui on va boire un verre ? " ) manque la principale : qui a contacté qui ? qui a vraiment invité qui ?
Car Marie et Francis ne vont cesser de traquer les signes, les paroles de leur proie pour nourrir leur amour imaginaire. Un "j't'aime" balancé spontanément par Nicolas doit être décortiqué puis rejeté par Marie, et servira même d'arme contre Francis. Quand ce dernier rencontrera la mère de Nicolas (Anne Dorval, La Brenda du Coeur a ses raisons), il trouvera de quoi alimenter sa chimère.
La rivalité ira crescendo, l'espoir également, à la hauteur de la cruelle désillusion qui les attend au bout du chemin.
C'est poignant car les deux amoureux éconduits ne se sont pas uniquement bercé d'illusions. Nicolas les a (volontairement ou pas, dur de le dire) maintenus dans leurs espoirs, en envoyant une lettre, en jouant de certaines doubles expressions ("j'aime bien être au milieu, qui m'aime me suive ... "). On compatit donc avec eux, plutôt que de les juger et de les condamner.
A mon sens, la toute dernière scène en est d'autant plus ratée et maladroite, un clin d'oeil ironique inutile.
Car si le film est globalement réussi, il l'est surtout quand il ne cherche pas à l'être, quand il est dans l'épure et pas dans la démonstration. Les scènes les plus réussies sont à mon sens les petites pastilles qui émaillent l'histoire principale. On y voit des jeunes gens parler de leurs échecs amoureux. A l'image de cette fille, sorte de clone québécois de Camélia Jordana, qui au début prête à rire puis qui émeut quand elle avoue qu'elle a craqué et qu'elle s'est dévoilée. La scène est simple, mais l'émotion point, naturellement.
En revanche, le film devient particulièrement agaçant quand Dolan prend plaisir à visuellement surligner trois fois ce que le spectateur avait compris la première fois. Les ralentis incessants deviennent irritants, car presque mécaniques. D'autres procédés sont trop scolaires, comme cette scène où l'on voit Francis, de dos, éclairé par une lumière rouge, descendre (une fois encore au ralenti) les escaliers après s'être pris une claque monumentale, métaphore à peine cachée de la descente aux Enfers.
Des tics stylistiques d'autant plus regrettables que Dolan a un regard aiguisé sur les relations amoureuses actuelles, faussées par Internet ou l'ultramoderne solitude. Comme un élève surdoué qui n'aurait pas encore le cran de se défaire des techniques apprises, qui aurait peur de sa propre audace.
Ces réserves mises à part, Les Amours imaginaires reste un très beau film, émouvant et profond.
4/5


vendredi 22 octobre 2010

rhaaaaaa les vacances !!!


Oui, je sais, je vais me mettre une partie de mon lectorat à dos, mais dieu que ça fait du bien d'être en vacances. Le boulot a été harassant ces deux dernières semaines et l'ensemble des profs ainsi que des élèves est épuisé. Oui, quand tu en arrives à rêver d'ouvrir une baraque à frites, c'est que le seul mot qui qualifie les vacances est "salutaire".
J'ai enchaîné les réunions parents profs, et ça déjà ça te met bien sur les rotules. Je me sens toujours d'une inutilité pendant ces rencontres. Et puis c'est pas en 7 minutes montre en main (expression à prendre ici au sens littéral ...) que tu vas sortir le pays de la crise ou le cul des ronces, au choix.
et puis franchement, chaque année, t'as le droit aux mêmes poncifs. T'as juste la tête des parents qui change, et encore ...

"et pourtant, elle adore lire"
(euh, ouais, et pourtant, je vois pas le rapport ...)
"moi à son âge je ne faisais pas autant de fautes que ça"
(ben dans la dernière bafouille que t'as écrite sur son carnet, permets-moi de te dire que le doute n'est pas exclu ..)
" pendant les vacances, je lui fais faire trois dictées par jour"
(trois ? c'est pas assez, faut augmenter la cadence ! Non, ça va pas l'aider mais si pendant les vacances, je peux faire chier votre fils autant qu'il me les brise en cours, ça me ferait un petit plaisir, tiens !)
"vous avez pas un truc pour qu'il lise davantage ?"
(si, une claque dans la gueule ou la chaise électrique, c'est radical )
" tu vas voir, tu seras privé de facebook, msn, twitter, dofus, ps2, ps3, ds ..."
(chaque année, la liste rallonge et moi, je capte de moins en moins. bordel, je vieilliiiiiiiiiiis !!!!!)
"mais en même temps, s'il lisait plus, il serait meilleur en orthographe"
(va voir le premier parent. je lui ai déjà expliqué qu'il y avait aucun lien de cause à effet.)

et puis, t'as toujours le même type de parents:
* l'agressif : lui, il a un souci à régler avec la gent professorale. apparemment, il en a chié quand il était au bahut, et donc maintenant qu'il est adulte, il va te le faire payer. Une seule solution: faire le dos rond, et lui filer en douce l'adresse d'un psy.
* le "je-te-soutiens-en-apparence-mais-en-vrai-c'est-petit-coco-que-je-soutiens": celui là, il est fourbe. au moins avec l'agressif, tu sais où tu mets les pieds. Avec lui (et d'ailleurs souvent elle, désolé mesdames) il te faut un petit temps pour comprendre que sous ses airs de béni ouioui se cache l'ennemi qui va te poignarder dans les minutes qui arrivent.
* le "quand je tiens un crachoir, je le lâche pas": les premières années, tu sais pas trop comment t'en dépêtrer, surtout qu'en l'occurrence, il va t'aligner tous les poncifs précédemment cités. et puis, avec la bouteille, ben t'arrives à mettre les formes pour lui faire comprendre que maintenant, faut qu'il mette les voiles, et fissa.
* le "mais qu'est-ce que tu fous là ?": son enfant est juste le meilleur élève de la classe, il bronche pas, il bouge pas une oreille, il participe toujours et c'est très pertinent, c'est bien simple dans le Larousse, y a pas assez de synonymes pour l'enterrer sous les éloges. et là le parent te sort : "oui, mais au dernier contrôle, il a eu que 18". dans ce cas là, ben tu tends le paquet de mouchoirs ...
* la guest star: son enfant, c'est tout le contraire du précédent: il glande rien, il fout le bronx, il a jamais son matos, et t'attends la réunion parents profs pour te le farcir, quelque chose de beau. Sauf que la guest star ne vient jamais à la réunion. Sauf que bien sûr, elle a au préalable demandé un rendez vous pour te rencontrer aux dernières heures. et que comme t'as une conscience professionnelle, tu l'attends en pensant que c'est juste un retard.

et puis parfois, t'as des surprises (et pas agréables, dans ce cas, les surprises ....). Comme cette mère qui avait photocopié une rédaction que j'avais corrigée, et qui avait surcorrigé. résultat des courses, elle aurait mis plus à sa fille. "je crois qu'on peut donc s'entendre. Regardez, si vous lui rajoutez 3 points, elle passe à 12, et elle maintient sa moyenne de l'an passé."
"effectivement, je pense qu'on peut s'entendre, si je vous mets ma main dans la la gueule, je peux partir plus tôt, et je maintiens ma moyenne de l'an passé".
Ah oui, assez récurrent aussi cette année, le "mais avec vous, mon enfant est terrorisé". Désolé, mais votre gosse m'a pas encore fait d'arrêt cardiaque, je m'arrêterai une fois la tâche accomplie.

Bref, c'est bien usant ce type de réunions.
rajoutez à ça les gamins eux mêmes épuisés donc irrités donc irritants, des collègues bien fatigués (quand on se dispute pour un morceau de sucre, j'ose espérer que c'est imputable à la fatigue) le boss bis qui t'efface tes notes parce qu'il balbutie avec le nouveau logiciel, cette saleté de note pédagogique qui n'est pas tombée alors que tout le reste de l'équipe a eu la sienne, et vous obtenez un Will pas mécontent d'être en vacances.




dimanche 17 octobre 2010

vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu


Attention, film drôlement pessimiste.
Je n'ai pas une culture cinématographique franchement étendue concernant Woody Allen, puisqu'à ce jour, je n'ai vu que Harry dans tous ses états et Meurtre mystérieux à Manhattan.
Mais le dernier Woody est très drôle sur la forme et désespéré sur le fond.
une poignée de personnages en crise au début du film vont se croiser, essayer de maîtriser leur destin, changer de vie pour au final se retrouver dans une situation certes différente que celle au départ, mais tout aussi problématique.
Le film commence donc par un clin d'oeil puisque le générique propose la chanson "Quand on prie sa bonne étoile". Un personnage de voyante un peu manipulatrice étant au coeur de l'histoire, l'ironie de Woody se fait clairement sentir.
Helena (Gemma Jones, naïve et horripilante à souhait) vient de se faire plaquer par son mari Alfie (Anthony Hopskins ), en pleine crise de la soixantaine et qui ne tarde pas à retrouver "l'amour" dans les bras de Charmaine, une blonde siliconnée, volage et vulgaire.
De son coté, Sally, le fille d'Hélena et Alfie, voit son mariage prendre l'eau avec Roy, écrivain raté qui lorgne la voisine d'en face à travers sa fenêtre.
Helena décide donc de consulter une voyante qui lui donne ce qu'elle attend : l'espoir. Mais cet acte aura des conséquences sur la vie de chacun des personnages, empêtrés dans un destin cruel qui les dépasse. Alfie va très vite regretter son choix initial qui le pousse à dilapider sa fortune et à avaler du viagra à haute dose. Roy laissera tomber sa femme pour séduire la voisine, mais une fois installé cez elle, regardera avec regret sa femme à la fenêtre d'en face. De plus, une sale combine et un quiproquo téléphonique mettront probablement fin à sa carrière. Enfin, Sally (divine Naomi Watts) va se rendre ridicule en se jetant au cou de son patron (Antonio Banderas). La scène où elle lui avoue ses regrets et ses sentiments et où il répond qu'il lui souhaite le meilleur pour la suite de sa vie professionnelle est à l'instar du film: le spectateur rit mais s'instille en lui un sentiment de malaise, et c'est finalement la mélancolie qui l'emporte.
Seuls deux personnages, les plus fous et pourtant les plus âgés, vont s'en sortir en prenant le pari le plus risqué dans la vie : celui de l'amour.
Inversion des rôles: les parents déraillent, les enfants raisonnent et peu s'en sortent.
Férocement noir ...

3/5

samedi 9 octobre 2010

kaboom


je rentre tout juste du ciné et vous livre à chaud ma critique.
D'habitude, il me faut un certain temps pour digérer le film, l'interpréter plus finement (par exemple, la critique de Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu est en gestation).
Pour Kaboom, de Gregg Araki, c'est complètement différent car le film procure un tel plaisir, une telle euphorie qu'il serait criminel de laisser tout ça en suspens.
Araki parvient dans ce film à ranimer la fonction première, originelle du cinéma, celui de Méliès: faire du spectacle, voire du spectaculaire.
C'est à un défilé de Freaks digne des plus grandes attractions que nous convie le cinéaste avec ce film, brisant ou plutôt explosant (Kaboom signifie Badaboum) les codes de différents films (le collège movie, le film fantastique ou même tarantinien). Comme un enfant gâté qui casse ses jouets, Araki déconstruit chaque type de films.
Le pitch ? Y en a-t-il vraiment un ? Smith est un jeune mec s'interrogeant sur sa sexualité. Il couche avec London, mais fantasme sur son colloc (et franchement, vu la bombe, on le comprend). Sa meilleure amie sort avec une fille qui va s'avérer être ... une sorcière. Rajoutez à ça un Messie shooté, des hommes portant des masques d'animaux et une disparition mystérieuse. Bref, une salade niçoise qui n'a rien d'indigeste.
premièrement parce qu'à aucun moment le cinéaste ne se prend au sérieux, et décide de prendre de haut son spectateur avec des références écrasantes.
et Deuxièmement parce que les répliques sont à hurler de rire. La scène ou London couche avec un bellâtre trop rapide à son goût et peu doué pour le cunilingus va vite devenir culte.
Le film monte en crescendo en drôlerie, en faux suspense et le dénouement, qui finalement, n'en est pas vraiment un (et donne son sens au titre) est traité de façon nonchalante et distancée. Le spectateur se sent il lésé ? A aucun moment, car il a vite compris que le film ne rimait plus à rien.
Araki dénonce doncde façon finalement assez subtile l'illusion théâtrale du cinéma. L'apologie de l'explication selon Darrenbach est refusée et moquée, et l'on touche à la distanciation brechtienne. Comme quoi, on peut brasser de grands concepts avec du rire en barre.
Plus efficace que 3 Xanax.
5/5

vendredi 8 octobre 2010

y a des jours comme ça ...


Attention lecteur, tu vas rentrer en pleine zone de "je me plains pendant trois heures". t es prévenu, t'es prêt ? go !!!!!!
Donc, je commence ma journée comme d'hab' en allant chercher la collègue avec qui je covoiture. Sauf que travaux donc déviation donc pas le temps de faire mes photocops, bref, une première heure assez merdique. Mais passons
je me dis que la seconde, ça ira mieux. Sauf que dans la seconde, j'ai passe muraille qui fait des siennes depuis un moment. On est en Octobre, et ça fait déjà une semaine qu'elle est sous fiche de suivi. On a déjà fait une commission éducative pour elle, et ça a été, comment dire , inattendu ...
figurez-vous que la mère a refusé de venir, elle est restée dans la voiture car "c'était trop éprouvant" pour elle d'entendre tout ce qu'on allait dire sur sa petite protégée (qui au passage s'était entre temps tirée, The Bogoss ayant été obligé d'aller la chercher, et qui résisterait à The Bogoss ? ).
Passe Muraille a brillé à son contrôle de cours hier puisqu'elle a obtenu un 0/10. Elle devait faire signer son contrôle ainsi qu'un mot pour aujourd'hui. Levez la main ceux qui sont surpris d'apprendre que l'innocente pucelle n'avait rien fait de tout ça. Vous rajoutez une attitude qui commence à me plaire et vous obtenez un prof excédé qui décide d'appeler la mère dans l'heure qui suit.
idée du siècle numéro un.
elle décroche et j'entends :
"oh non, pas eux, pas encore !"
me suis demandé si je lui faisais le coup de "Bonjour Lucienne, radiocouillon à l'appareil ! Lucienne, vous venez de gagner un Voyage au Maroc grâce à radiocouillon !!!"
Bref, je me présente (soupir) et je lui expose les faits ou plutôt j'essaie de lui exposer les faits. Parce que c'est ue avalanche d'insultes, de menaces et de plaintes qui me tombe dessus.
Je vous livre donc la coulée verbale et entre parenthèses, mes réactions :

"Oh non, mais là c'est bon. Vous comprenez pas que je suis traumatisée ! vous m'avez traumatisée ! (merde alors, j'ai ce pouvoir moi maintenant ? va falloir que je teste !)Je sais que Passe Muraille vous pose problème mais moi je jette l'éponge ! J'en peux plus que vous me harceliez comme ça ! (sexuellement ?) Parce que vous des êtes des incapables, je dois subir votre incompétence ! Moi je travaille au téléphone ! (rose ? )Et vous monopolisez mon outil de travail, là ! Je vais porter plainte contre vous pour Harcèlement moral (bien sur, et la marmotte ...). Quand c'est pas vous, c'est la+ le nom de la principale, et quand c'est pas la ...., c'est le prof de maths ou la CPE. Vous avez quoi contre ma fille dans ce collège ? (Ben comment te dire, ta fille est conne ! ) C'est la première fois que je vois ça ! (Ben oui, je m'en doute, elle est scolarisée depuis Septembre après deux ans "d'études" à domicile, sois logique, ma grande, c'est normal que ça soit la première fois !). De toute façon, ça va plus durer comme ça longtemps parce que moi je vais en finir, vous entendez je vais en finir ! (attends, elle se croit où là ? Chez SOS détresse amitié ? "appuyez sur le bouton / rappelez moi d'une cabine qui fonctionne"). Et puis, puisque c'est comme ça, moi je vais chercher ma fille à midi. (m'en fous, je la vois plus de la journée , ta conne de fille) et puis vous la reverrez plus (ah là ça devient intéressant ! ) parce que je vais déménager ce week end (nan, allez sérieux, arrête la déconne et passe moi une adulte, là). Parce que vraiment vous respectez pas mon travail, parce que je travaille moi ! (pour copier Baffie, j'ai envie de te dire "et moi, je me branle la bite ? ").

et la coulée a duré 5 bonnes minutes. Y a même un moment où j'ai demandé à la secrétaire à coté de mettre le haut parleur pour être sûr que je n'hallucinais pas. Je profite quand même d'un moment pour lui glisser qu'en l'occurrence, je souhaitais juste savoir si elle savait qu'il y avait une réunion parents prof, et si elle nous ferait l'honneur de sa divine présence. Elle me ressort l'argument du traumatisme et du harcèlement. et en remet une couche en disant que c'est scandaleux qu'on ose l'appeler sur son outil de travail. Ben connasse réponds pas si tu vois que c'est le collège, puisqu'apparemment tu t'en tamponnes de ta gamine.
je parviens tout juste à lui glisser "oui, c'est vrai, les profs sont d'une incorrection de s'occuper de la scolarité de votre enfant et d'essayer de trouver avec vous des solutions"
elle m'a raccroché au nez.
mauvaise joueuse !

sauf qu'elle a rappelé trois secondes plus tard, pour parler au bigboss. On l'a cherchée partout, et comme je me sentais responsable de la seconde avalanche sous laquelle elle allait bientôt se retrouver ensevelie, je suis resté dans les parages.

Idée du siècle numéro deux.
J'ignore s c'était pour calmer la tornade ou si vraiment elle le pensait, mais à la fin de l'entretien téléphonique (ou du monologue du vagin, devrais-je dire), la Bigboss sort "Oui, c'est vrai, c'est une erreur de vous appeler, on le refera plus."

de tout ça je sais pas ce qui me heurte le plus : le clash avec la mère, le fait de ne pas être appuyé par la direction ou ces parents qui se plaignent comme des vaches malades de leur progéniture et surtout des responsabilités qui en découlent. A chaque fois, j'ai envie de hurler: "Bordel, vous aviez le choix d'en avoir des gamins, et surtout vous en avez eu la chance. Alors fermez-la et assumez !"

C'est évidemment ce jour là qu'a choisi Kévina pour se montrer insolente et aller au clash avec moi. Elle a été chiante pendant la première heure de cours, donc je la garde un moment pour lui parler.

Idée du siècle numéro trois.

Attends, je l'ai retenue pendant la récré ! Pendant la récrée !!!!! elle a pas pu se recoiffer, tu comprends pas ! Bref, j'ai eu une caricature d'adolescente effrontée, vulgaire et butée.On était à une phalange du Fuck et du "je vous emmerde". A un moment, je lui ai dit :"ben écoute, puisque t'es pas capable de t'excuser correctement ou d'avoir une attitude respectueuse parce que tu veux aller en récré, je vais coucher tout ça sur écrit dans ton carnet de correspondance. Je suis sûr que lui, il sera à l'écoute". Devant sa mine déconfite, j'ai terminé par un sadique "bonne récré, Kévina !".
L'heure suivante, Kévina était métamorphosée. Capillairement et dans son attitude. Naméo !

bref, des jours où je me dis, comme les anglais "I gave at the office !"

des jours comme ça où on est vendredi mais où le week end vous parait loin, loin !!!!

lundi 4 octobre 2010

pourquoi faire simple quand ....


Ce matin, petite prise de nerfs en appelant le rectorat.
Je vous situe un peu le problème : une collègue (en fait une amie, bref) m'a proposé en mai de participer à Collège au Cinéma pour cette année. Le fonctionnement est simple (si t'arrives à trouver les crédits) : le prof emmène sa classe trois fois au ciné voir des films assez exigeants, que les merdeux n'ont pas l'habitude de voir. Autrement dit, c'est de la VOSTF et du noir et blanc, avec des thèmes comme la mort, l'exclusion, la critique sociale, la guerre et dieu dans tout ça ?
Je lui avais dit à l'époque que j'étais chaud pour le projet, mais que pour l'instant je ne pouvais pas donner de réponse définitive, puisque j'étais en attente d'une mutation (et qu'un fol espoir m'habitait alors).
Je me suis donc inscrit au projet fin juin.
Depuis, on se bat avec ma collègue pour trouver le budget, faire les devis des bus, savoir quel pathelin est le moins cher etc....
Y a une semaine, elle reçoit sa convocation, et moi que pouic. C'est assez étrange, car ça arrive par lot, ces machins-là.
j'attends deux jours, puis je monte au créneau. et aujourd'hui, j'appelle donc le rectorat.
le rectorat est une pieuvre, elle a 40 000 services différents, et bien souvent tu passes par 3 ou 4 postes différents avant d'avoir le bon. Dont acte ce matin.
Je tombe enfin sur la connasse personne responsable des missions (non, je n'affabule pas, on reçoit des ordres de mission, et parfois même les papiers s'autodétruisent !) pour lui demander la raison pour laquelle je n'ai rien reçu.
elle regarde puis me dit
" vous n'apparaissez pas sur ma liste.
et moi, d'une naïveté sans borne de lui demander :
ah bon ? génial ! alors je vous laisse mon nom et mes coordonnées et vous me rajoutez. J'avais peur que ce soit plus long, pour être honnête !
- Non, vous ne comprenez pas, vous n'apparaissez pas sur ma liste
-certes oui, mais vous allez m'y faire apparaître n'est-ce pas ? je vous laisse toutes les informations nécessaires et ...
-Non, vous n'apparaissez pas sur ma liste.
-Ok, je vois que ça va pas être si simple que ce que je pensais y a pas deux secondes, mais vous allez voir que si chacun d'entre nous y met un peu du sien, on va finir par s'entendre. Donc, JE N A PPA RAIS PAS SUR VO TRE LI STE, ça je l'ai très bien compris, mais en fait, j'ai besoin de cette formation sur les 3 films au programme sinon mon projet tombe à l'eau. Les formations ont lieu le mercredi et je ne travaille pas ce jour là. Et si c'est une question de défraiement concernant l'essence, c'est pas grave, je laisse tomber. Donc vous voyez que je ne suis on ne peut plus conciliant et surtout motivé puisque je vais me former à mes frais sur mon temps libre...
-Vous n'apparaissez pas sur ma liste.
-Ok, vous êtes une vraie personne ? ou ai-je affaire à un répondeur là ?
- Vous ne comprenez pas, vous n'existez pas.
-alors là, non , hein! je pense,( je vous téléphone) donc je suis ! j'ai lu mon Descartes, on me l'a fait pas à moi ! naméo.
-Vous n'apparaissez pas sur ma liste.
-et mon cul sur la commode ?
-Vous n'apparaissez pas sur ma liste.
-D'accord, Mme Kafka, est-ce que vous pourriez m'indiquer les raisons pour lesquelles vous ne voulez pas me rajouter à cette foutue liste ? C'est quoi ? c'est les basketts ? non, parce que là je vous jure que j'ai l'impression d'être dans une file d'attente pour le Queens ou une greffe de rein ...
- Ben, d'abord, c'est une question de budget !
-ok, je vous rappelle juste que je renonce aux défraiements d'essence, donc je ne pense pas occasionner la ruine de l'Education Nationale par ma présence à ce stage. C'est quoi votre deuxième argument ?
-Mon deuxième argument ?
-Oui le premier est nul. Vous en avez forcément un deuxième !
-Ben, ce serait pas éthique. Après je vais attiser les jalousies !
-Ouah, je vais attiser des jalousies en me rendant à 3 stages sur des films obscurs croato-bulgares ? je vous rappelle que ces stages ont lieu le mercredi toute la journée, et que 50 % des profs ne bossent pas ce jour-là. Ils auraient la jalousie un peu facile, vous trouvez pas.
-et puis surtout, y a des règles. Il fallait vous inscrire en Mai en passant par le serveur MT302 et retirer le formulaire 489 à retourner au bureau DIPER3, qui vous envoie ensuite un formulaire 589 de confirmation à renvoyer au bureau DIPER6.
-Ok, je comprends qu'après tout ça, me rajouter manuellement, ce serait trop simple. Pour vous dire au revoir, je remplis le formulaire 496 et j'envoie le tout à DIPER5 qui fait suivre ? "


résultats des courses: on va demander à un inspecteur académique d'appuyer ma demande de formation pour que je puisse participer aux 3 stages.
et quand je pense que je râlais quand on m'envoyait de force sur des stages à la mords-moi-le-zif (style grammaire et pate à sel ou orthographe et macramé ) y a quelques années ...



dimanche 3 octobre 2010

des hommes et des dieux


bon, alors, contrairement à toute attente (et en l'occurrence, les miennes) j'ai réussi être accompagné pour aller voir Des Hommes et des dieux. Bon, j'avoue que j'ai un peu épuisé mon réseau social, et que c'est Fab, mon frère de net, que j'ai réussi à avoir à l'usure.
Mais voilà, j'ai vu le fameux film dont tout le monde parle.
Pour dire la vérité, j'y suis allé un peu comme on fait ses devoirs, un peu comme quand je lisais Robbe Grillet à la fac: parce qu'il le fallait, parce que c'est bon pour ta culture générale.
Je vous passe le pitch, vous le connaissez tous et avouez qu'il y a quand même plus réjouissant.
mais devoir oblige.
et chef d'oeuvre au rendez vous.

le film commence par de longs plans séquences sur les paysages algériens (en vérité, le film a été tourné au Maroc) ou sur les moines en train de prier, vendre leur miel ou aider les habitants de Tibhirine ... Aucun effet de manche, pas de grammaire cinématographique hautement compliquée pour accentuer deux idées : la paix et l'harmonie qui habitent les personnages, et le fait qu'ils soient ouverts sur le monde bien que physiquement enfermés dans un monastère.
Et puis la violence commence à sourdre, d'abord par la parole, puis par une séquence insoutenable où des extrémistes tuent avec une rare sauvagerie des travailleurs étrangers.
Se pose alors pour moi la vraie question du film : celle du choix. Chacun des huit hommes de ce monastère se savent condamnés, ils savent que tôt ou tard, ils seront les prochains, alors quels choix faire ?
Partir et abandonner la population qu'ils aident (parmi les moines, il y un ancien médecin - Michael Lonsdale, incroyablement juste, malicieux et humain- qui soigne les habitants) ? Rester et mourir en martyr ? Accepter la protection de la police algérienne, corrompue ?
Pour incarner ces choix, Lambert Wilson, touchant et habité. Il est filmé en plan très larges dans la nature algérienne, si accueillante. Pour souligner sa solitude dans la prise de décision (il a été élu par les autres pour diriger le monastère).
Mais très vite, ses condisciples se rappellent à son bon souvenir et lui indiquent qu'il doit régenter le lieu comme un démocratie, chacun doit pouvoir faire entendre sa voix.
et chaque choix est écoutable, respectable. "J'ai choisi de devenir moine, pas de mourir en martyr", "je suis vieux, je suis malade, je veux rentrer en France". "Personne ne m'attend, j'ai déjà connu l'horreur, je reste". Xavier Beauvois rend attachant tous ses personnages, et nous fait accepter la lâcheté ou tout simplement les failles qui sommeillent en chacun de nous, sans juger.
Au fur et à mesure, les choix évoluent. L'un des moines subit une crise dans sa foi, et implore Dieu de l'aider. Il finira par se confier à Wilson en lui expliquant qu'il reste : sa vie ne lui appartient pas, il l'a déjà donnée à Dieu, alors qui peut encore venir la lui reprendre ?
Et chacun de cheminer et de choisir, dans l'apaisement et unanimement, de rester et de mourir. Le spectateur est alors déchiré entre deux sentiments car il partage l'apaisement des personnages, mais il assiste aussi à la montée de la menace, qui culmine lors d'une scène magistrale où un hélicoptère armé survole longuement le monastère. Les moines se réfugient dans le chant et communient entre eux en se serrant, la caméra les enferme dans un seul plan puis balaie chacun de leur visage où se lit d'abord la peur puis la détermination. iLs sont mis à l'épreuve, et valident leur choix.
Quelques jours précédant la tuerie finale, un nouveau moine arrive au monastère, porteur de nouvelles et d'objets de l'extérieur. il se fera arrêter par les extrémistes, lui aussi. Mais lui n'a pas eu le même cheminement dans ses yeux, et le parallèle est encore plus fort. Là où chaque moine se résigne (le terme ne correspond d'ailleurs pas vraiment à la réalité, puisque c'est au delà de la résignation), lui pleure et hurle à l'injustice.
Injustice face à une destinée qui ne nous appartient pas (pourquoi les tuer eux ? Pourquoi parmi ces moines, certains s'en sont sortis ? ...), mais à mon sens réflexion plus philosophique que religieuse.
Car quand je parlais de chef d'oeuvre, je faisais référence à la pluralité d'interprétations que ce filme engendre. Pour ma part, la clef du film est la question du choix et du fait de l'assumer jusqu'au bout. Pour Télérama (contre) il s'agit de la foi et de la religion (interprétation que je réfute: si le titre invite à cette lecture, il place l'humain en premier et relativise la question du christianisme avec le pluriel). Une collègue, qui a perdu son père d'une tumeur au cerveau (il se savait condamné) y a vu le courage que l'on peut déployer face à la mort annoncée ...

je vous invite donc à vous forger vous même votre interprétation, en épuisant votre réseau social pour trouver une âme charitable qui vous accompagnera.

5/5

dimanche 26 septembre 2010

sourire dans la grisaille.

Depuis deux jours, je ne vais pas très bien. Je ne souhaite pas en parler ici, je suis juste très triste à l'idée de perdre quelqu'un qui m'est devenu très cher. Bref, pas le meilleur week end de ma vie, mais je reste en silence pour ne pas rajouter de la tension à celle déjà existante.
C'est dur, mais aimer, c'est aussi accepter les silences et les moments de réflexion douloureux de l'autre.
bref, un sourire en cette journée, alors je pensais pas un jour dire ça mais merci Rachida (sans autre commentaire, je vous laisse découvrir):


Lapsus: Dati confond "inflation" et... "fellation"
envoyé par LePostfr. - L'info video en direct.

bon allez je vais terminer ma journée devant un film merdique des années 80 avec Balasko. Oui, j'en suis réduit à ça ... lol

jeudi 23 septembre 2010

instant léger et poétique

Tout ce que je peux dire, c'est que mes élèves étaient pas en grève de conneries aujourd'hui.

Je commence mon cours et je me rends compte que j'ai oublié de leur filer un travail préparatoire. C'est pas une catastrophe, on va le faire en cours : il s'agit de chercher quelques définitions dans un dico. La salle en est équipée donc tout roule.
Sauf que je trouve ça hautement barbant comme activité, et qu'un élève qui se barbe, c'est aussi un prof qui se barbe.
Donc je décide de dynamiser tout ça en faisant un concours de rapidité : le premier qui trouve la définition gagne ma reconnaissance éternelle.
Ils marchent, ils courent et se prennent allègrement au jeu. l'enthousiasme monte :
"non, c'est moi, c'est moi qui l'ai trouvé en premier ! " "m'sieur il triche ..." etc. On en oublierait presque qu'on est en train de manipuler le bouquin le plus utile mais également le plus chiant du monde après le botin. (ok, j'entends déjà les puristes qui vont me dire : "quoi, un prof de français qui aime pas les dico ? " J'ai rien contre Robert, mais avouez que de là à en faire son livre de chevet, vous avez une petite margeounette de manoeuvre ...)
dans les derniers mots à chercher se trouve "quadrant".
Un gamin le trouve, je crie stop, et à nouveau les réactions ne se font pas attendre, sauf que celles-ci je les avais pas vu venir:

" Oh m'sieur, c'est pas juste, je rentrais dans le q !"
"moi j'avais le doigt dessus !"
"et moi j'étais en plein dans le q"

je relève, je relève pas ? allez, laissons leur leur innocence.

samedi 18 septembre 2010

money money money


cette année, je suis coordo de la discipline. Autrement dit, je vais me cogner d'avantage de réunions, et c'est moi qui suis en charge de mater le budget pour passer les commandes de bouquins ou de DVD. et y a pas de contre partie.... C'est bizarre, j'ai entendu comme un bouchon de champagne péter quand j'ai dit oui ...

Bref, je suis en charge du budget.
moi.
je pointe jamais mes comptes. la dernière fois que je l'ai fait, on était encore aux francs.
j'ai envie de dire : mwahahahahahaha.
(au passage, je précise que je suis fils de banquier. si vous y voyez une explication lacanienne ou freudienne, vous gênez pas dans les comm).

mais quand on me file "une mission", je m'en acquitte toujours le plus sérieusement possible, parce que, c'est viscéral je ne supporte pas d'être pris en défaut ou de décevoir quelqu'un.
Donc, d'après les rudiments que mon père m'a appris, la première chose à faire est de savoir combien nous avons de sousous en français.
Je précise que nous fonctionnons en année civile et non en année scolaire, donc que le crédit a déjà été entamé en septembre.

Coïncidence, ironie du sort, je ne sais pas, mais il me revient aux oreilles que La Banquière, notre gestionnaire, a une façon très particulière de gérer les comptes. Y a plus de sous en italien, ben on va puiser dans les crédits des autres disciplines, c'est pas grave.

Je vous rappelle qu'il y a du sang de banquier qui coule dans mes veines et quand j'entends ça, le mien ne fait qu'un tour : elle va pas nous piquer des sous, cette conne !

Donc je vais la voir et je lui demande ce qu'il nous reste des 800 euros que nous avions en janvier. elle sait pas trop, elle cherche dans ses post it (véridique) à un moment donné, je la vois s'accroupir et regarder sous un meuble, et intérieurement, je me loue de l'ordre qui règne dans mon bureau en vérité bordélique mais ô combien plus ordonné que le sien.
Je m'impatiente, et je lui dit qu'elle me laisse l'info dans mon casier.
résultat : 180 euros.
sachant que nous n'avons fait AUCUNE commande depuis Janvier. Les seules dépenses ont été pour les photocops.
après m'être dûment renseigné auprès de mes collègues pour savoir si l'une d'entre elles n'aurait pas préparé une petite expo personnelle au Grand palais des plus belles photocopies de son cul, il en ressort le constat suivant : y a une couille dans le beurre, une verge dans le potage, un braquemard dans le Royco Minut Soup.
Je retourne donc voir La Banquière, et je lui demande de m'indiquer exactement nos dépenses. je vous épargne et je m'épargne la séance post it gymnastique, et toujours dans mon casier arrive une feuille récapitulative de nos dépenses, avec écrit en rouge : budget : 570 euros et non 180.
Comme dirait Muriel Robin, je crois qu'on a affaire à une boulette. à presque 400 euros la boulette, on a déjà affaire à une bonne grosse boulette, là.
Bref, plutôt content de moi.

mais pas totalement.
parce que sur la feuille, y a que des codes styles GIRT /ECOHDR avec les sommes en face. Et moi, ben j'aime bien comprendre.
Donc je retourne voir La Banquière pour avoir un crédit Cetelem une explication et là, je me transforme en marchand de tapis. et que je te rogne le budget photocopies, et que je t'obtiens 2 recharges de cartes gratos, et la montre, c'est cadeau, et puis tu me rajouteras aussi la valise en skaï et la chemise en flanelle.
Bref, il se trouve qu'on a presque plus de budget en septembre qu'en janvier ...
elle était épuisée, à la fin. je pense que je l'ai eue à l'usure.

Y a deux jours, j'y suis retourné pour lui demander où se trouvait la caméra du bahut (pour mon projet). j'ai clairement vu une lueur de désespoir dans ses yeux quand j'ai franchi la porte de son bureau.

note pour plus tard : faire une recherche généalogique pour voir si j'aurais pas des membres de la famille habitant le sentier.


lundi 13 septembre 2010

Bogoss, Kubiac, Kévina et autres surprises, the rentrée, saison 2 (2 )



je vous avais laissé sur une note hautement intrigante avec the bogoss. Ben autant être honnête avec vous tout de suite, je l'ai vu qu'une fois depuis ma rentrée, nos emplois du temps doivent apparemment pas correspondre. C'est donc pas sur lui qu'il faudra compter pour faire monter la température ici ...
le jour de la rentrée, c'est donc étonnamment zen que je me suis rendu au bahut. J'étais beaucoup plus stressé la veille de ma prérentrée alors que les enjeux sont moindres. Allez comprendre.
Bref, j'arrive à mon cher bahut et je vois que déjà il y a eu des changements de salle. décidément, ça commence bien ...
je vais chercher les loulous (je suis professeur principal d'une cinquième) et déjà j'assois ma réputation de prof bien chieur psychorigide que Norman Bates à coté, c'est un Bisounours, puisque je refuse de les faire monter tant que j'ai pas un rang correct.
Puis quand ils rentrent en cours, je place mon pied devant la porte quand l'élève ne me dit pas bonjour. "Fais la bise à Papa !!!!"
Enfin, j'y vais de ma petite pique à ceux qui se sont assis sans attendre que je les y autorise : " t'es épuisé ? à 13 ans, c'est consternant !"

Chaude ambiance ...
Ils s'attendaient à quoi ? aux petits croissants et aux chocapic ???
Bref, on commence, on se présente, je leur file leur emploi du temps (ouais, je suis pas vachard, j'attends pas la dernière minute, comme d'autres ...) puis je leur demande de me faire la fameuse fiche de présentation. Plus les années passent, plus elle est succincte. Au début, je leur demandais 40 000 trucs, des classiques noms prénoms aux plus inattendus : groupe sanguin, ce qu'ils avaient bouffé au déjeuner et couleur des chaussettes. et j'exagère à peine.
Aujourd'hui, je me contente de savoir ce qu'ils ont étudié l'an passé, juste pour constater à quel point l'ado est frappé d'amnésie pendant l'été. Faut dire que Secret Story est passé par là (cette année, je vais tenter : "ici la voix, apprends tes leçons"). Je leur demande aussi ce qu'ils ont lu pendant l'été (oui, je sais , j'aime me faire mal). Réponse d'un gamin : les panneaux routiers. Je sens un vrai potentiel de comique là. Enfin, j'espère ....

Bref, on passe sur la fameuse fiche et les papelards assommants à distribuer, sur les laïus concernant le règlement intérieur, pour en arriver à ma star de la classe.
Kubiac. Oui, monsieur, oui madame Kubiac en personne. Situons car je vous parle d'un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaitre.
Kubiac, c'était un colosse dans une série, disons décalée, des années 90 Parker Lewis ne perd jamais. Kubiac, c'était Abraham Benrubi, le mec de l'accueil d'Urgences. Kubiac, c'était un élève qui passait son temps à frapper les autres et qu'on ne pouvait calmer qu'avec de la bouffe.
Bon, ben j'ai le même.
Même gabarit, même passe temps, sauf que le mien, ben il a des faux airs de Pugsley Adams. oui, c'est une option. Ah, il va en faire tourner des têtes, c'est moi qui vous le dis.
Bref, kubiac a su se maîtriser 20 minutes, puis profitant que je lui tournais le dos pour passer dans les rangs (erreur fatale) il s'est mis à donner frénétiquement des coups de règle à son voisin le plus proche, c'est à dire séparé par une table (oui, j'avais été prévenu, donc, j'ai fait le vide autour de lui). Comme j'ai aussi des yeux dans le dos, je lui ai passé un bronchon à ma façon, me disant que ça allait le calmer. Douce illusion ....
A 9 h 30, j'annonce à la classe que nous allons descendre pour prendre la photo de classe. Oui, cette année on a évacué le rituel le jour de la rentrée. Sauf que les gamins ne le savaient pas. Quand je les ai prévenus, mouvement de panique, et geste quasi unanime : la main sur le couvre chef.
Il faut savoir que chez l'ado, l'essence, que dis-je la quintessence de la beauté passe par les cheveux. Dont acte avec les technoboys et les méchus.
Bref, on descend pour se faire tirer le portrait (comme les gamins te connaissent pas encore, ils insistent pas pour que tu sois sur la photo, j'adore cette formule !) puis ils sont pris chacun à leur tour.
Ben, j'ai rechopé mon Kubiac en train de taper des élèves. Et deux fois de suite en 5 minutes quand même ! Je sens que les heures de vie de classe vont être mouvementées ....

Au bout de 3 heures de bons et loyaux sévices (vous avez bel et bien lu) je relâche les fauves. Mon kubiac fonce dans la queue pour la cantine, et quelque chose me dit qu'il a su jouer de sa poigne et de son influence pour passer plus vite .....


L'aprem, premier contact avec mes 4°. je les emmène dans une grande salle pour qu'on leur commente et surtout rappelle le règlement intérieur. Je vois une miss en train de bavarder avec l'affreux de la classe (que j'ai depuis 3 ans ...) et je lui fais donc une remarque. Et kévina de prendre un air blessé, de se caresser la mèche et de s'exclamer "Ohhh, c'est bon, oh là là !!!"
Je sens que je viens de me faire une nouvelle amie, tiens.
Je les ramène en cours, et ce que je soupçonnais se confirme : Kévina est une dinde. De concours. elle va passer son heure de cours à bien lisser sa mèche de devant, et à donner du relief à l'arrière de ses cheveux, en me regardant d'un oeil vitreux. A un moment, j'ai même un doute : je suis pas en train d'enseigner en CAP coiffure, là ?
A la récré, je me renseigne sur la dinde en question auprès des collègues qui m'en font l'historique : Kévina a fait sa 6° et sa 5° dans le collège, mais sa mère a pensé que nous étions de gros branleurs incapables de comprendre sa chère enfant. Donc, elle l'a foutu dans le privé. Sauf que la chère enfant a été virée du privé. Donc retour chez les gros branleurs précédemment cités pour effectuer son redoublement de 4°. Je pense que je vais particulièrement apprécier la réunion parents profs ...

Enfin, je prends contact avec mon autre classe de cinquième le lendemain. Il se trouve que je les vois le matin et l'aprem. La classe me semble correcte mais le professeur principal me dit qu'après mon cours, ça a clashé avec une élève qui a même voulu quitter son cours. Il a donc rencontré la mère, paumée, et me demande, comme je les revois l'après midi, d'informer la donzelle qu'elle sera collée le surlendemain.
Sauf que la donzelle manquait à l'appel l'après midi ... Elle a fait péter les cours pour ... s'allonger dans le champ, juste à coté du bahut. Quand je dis juste à coté, c'est que la salle des profs est au dessus de ce champ.
Que penser ? Je reste coi. Mais elle me permet de lancer un jeu concours : à vous de trouver un joli surnom à la donzelle en question. J'avais penché pour Laura Ingalls, mais peut être serez vous plus inspirés.
Pour info, ça a clashé le lendemain avec la prof d'histoire. Je pense que je suis sur sa liste, mais je connais pas encore mon ordre de passage.

Bref, en synthèse, j'ai un chieur dans chaque classe :

jeudi 9 septembre 2010

Bogoss, Kubiac, Kévina et autres surprises : The Rentrée, saison 2 (1)


Vous êtes ici sur le blog d’un prof, et celui-ci ne sacrifiera pas au marronnier de Septembre : le récit de la rentrée et de la prérentrée.

Acte Un : la prérentrée.

Je me fais rare sur le blog et d‘une façon générale dans le monde virtuel, puisqu’avec le déménagement, je n’ai pas eu internet pour un petit moment (jusqu’à aujourd’hui, pour être précis. Le billet attendait sagement sur Word). Or, cette année, le flot des informations intéressantes pour ma rentrée (organisation de la journée de prérentrée, ordre des différentes réunions ….) et surtout le plus important : mon emploi du temps sont arrivées par mail.
Oui lecteur non prof, il faut que tu saches que tout ce qui intéresse un prof, le jour de sa prérentrée, c’est son emploi du temps et sa liste d’élèves. Le monde peut s’écrouler autour de lui, il s’en tamponne le coquillard, il attend son emploi du temps et sa liste, fiévreusement, avec la foi du chevalier en quête, bravant les réunions et les croissants indigestes, espérant obtenir rapidement son graal, c’est à dire l’emploi du temps sur un jour et demi, et la classe de rêve où en gros t’as tous les latinistes et les classes européennes.
Certains établissements, sadiques, attendent la fin de la journée, pour te filer ce que tu attends. D’autres, compatissants, te l’envoient pendant l’été.
On est dans la seconde catégorie. Sauf que comme c’est envoyé par mail, ben moi, j’ai été marron chocolat. Dieu merci, une collègue, adorable et compatissante, m’a appelé pour me le fourguer, le fameux graal. Bon, ben, question graal, ça s’est avéré un truc en toc, un trophée que tu trouves à la foire fouille, déjà déteint avant même que tu l’achètes : pas d’emploi du temps sur 3 jours, damned !
Mais ce qui m’a quand même fait marrer, c’est que l’établissement a envoyé communément TOUS les emplois du temps à TOUS les profs, sans faire du cas par cas. Pour ceux qui sont profs, vous avez tout de suite capté les conséquences. Pour les autres, je resitue.
Quand tu reçois ton emploi du temps, tu te démerdes pour le mater à l’abri des regards indiscrets. Toutes les techniques sont bonnes : tu l’embarques et tu prétextes un coup de fil – une gastro soudaine- la mort prématurée de ton chien ou ta belle mère (rayez la mention inutile) pour pouvoir t’isoler et contempler l’objet de tes vœux. Ou alors, tu le plies et tu lui jettes des regards furtifs, mais fréquents, de peur de te brûler les yeux devant la feuille de la connaissance. Pourquoi toute cette mise en scène ? Mais pour pas attirer la jalousie des collègues, ma bonne dame !
Manquerait plus que tu bosses pas le jeudi matin, et que ton collègue, qui avait expressément demandé cette demie journée soit destinée à la mine à ce moment là pour t’attirer les foudres du plus pacifiste des profs. « Mouais, c’est pas étonnant, de toute façon, il a tout fait l‘an dernier pour se mettre la boss dans la poche. Il a assisté à tous les CA et j’ai bien vu les roses qu’il a posées dans son bureau pour le jour de son anniversaire. Puis il lui a changé une roue, une fois, sur le parking. Je le sais de source sûre, c’est un élève qui me l’a dit. C’est clair, il couche avec elle depuis 3 mois, c’est obligé ! Lèche cul, lèche cul, lèche cul !!! »
En fait, c’est très simple quand le prof reçoit son emploi du temps, il déploie exactement les mêmes ruses de sioux que l’élève qui reçoit une mauvaise note : il planque l’objet du délit, prend une mine impénétrable et ne répond que par monosyllabes.
Donc imaginez un peu quand vous recevez votre emploi du temps, mais surtout celui de tous vos collègues, 2 jours à l’avance ….
Vous avez largement le temps de comparer, voir qui a été favorisé ou lésé et nourrir vos petites inimitiés pour l‘année (« avec l’emploi du temps qu’elle a, cette salope, je vais cracher tous les jours dans son casier »).
Bref, le jour de la prérentrée, chacun s’est pointé avec son emploi du temps imprimé, mais surtout annoté en rouge (déformation professionnelle) pour voir ce que tu vas pouvoir réclamer.
Oui, parce que la seconde règle du jeu, le jour de la prérentrée, c’est de changer au maximum ton emploi du temps. Toutes les excuses sont bonnes : « j’ai ma nounou à cette heure-ci / je me suis inscrit aux Pilates / je dois récupérer mon panier bio (sic) ». et le bureau de la principale de se transformer en mur des lamentations….

Puis vient l’heure de découvrir la liste de tes élèves ….
et là nouveau jeu, nouvelle règle : chacun doit énumérer devant 3 ou 4 profs anciens de l'établissement sa liste d'élèves pour obtenir le maximum de commentaires. Comme ça tu sais à quoi t'attendre, t'es prêt à en découdre.
Notez que le jeu est impossible avec les classes de sixième, et se révèle particulièrement riche pour une classe de troisième.
Bref, les élèves sont classés avant même que tu les aies vus.
les étiquettes sont souvent un peu les mêmes :

la fratrie :"j'ai eu les deux frères et la soeur, ben, franchement, ça doit pas être un cadeau"
le neuneu : "naaan, il est gentil, c'est un gentil, mais ...."
le cas soc' : "alors, lui sa mère a tué son beau frère en foutant le feu à sa caravane et son père couche avec la belle mère. il a quelques problèmes, on va dire ..." (oui, en ce jour de rentrée, faut manier l'euphémisme pour être sûr de revenir le lendemain)
le fils de : " la mère m'a hurlé dessus en réunion parents profs et elle écrit 3 fois par semaine au principal." / "et le gamin? " "Hein ? chais pas, me rappelle même plus sa tête"
la perle : " Vif, poli, travailleur, attentionné, il te change une roue et t'offre des roses, tu vas te régaler avec lui !" (la phrase étant prononcée avec un regard mélangeant l'amour le plus indéfectible et le regret le plus profond de ne plus l'avoir cette année)
le fantôme : "Chais pas, je l'ai pas eu " / "euh, selon les listes, tu l'as eu pendant 3 ans ..." / "t es sûr ???"

Bref, tout ça c'est du classique.
Mais qui dit rentrée, dit aussi nouveaux personnages ...

Let me introduce you .... the bogoss.
en effet, cette année, l'éducation nationale a lancé une expérience inédite et a recruté un surveillant chez l'agence Elite pour voir les réactions des élèves et de certain(e)s profs.
ils ont pas fait les choses à moitié, l'éduc nat, et je vous tiendrai au courant des prochains résultats ...

en attendant la lecture de l'acte deux, je vous laisse ici le récit d'une collègue toujours hautement fréquentable sur sa prérentrée.

le bruit des glaçons


Déménagement terminé, will bien installé et ciné programmé donc.
Tenté par le dernier Blier, même si dans ce domaine, mes connaissances n’ont rien d’encyclopédiques. Je n’ai vu à ce jour que les Valseuses et Tenue de soirée (culture gay oblige, j’imagine, même si ce n’est définitivement pas la meilleure image de l’homosexualité que donne Blier dans ce film). 2 films qui ont forgé dans mon inconscient et dans celui de nombreux autres spectateurs l’image d’un provocateur.
Blier s’attaquant au cancer et à la mort, ça promettait de donner un film grinçant et original. Promesse tenue.
Le film s’ouvre donc sur un Dupontel (le cancer) marchant d’un pas décidé vers sa victime. Plan large sur Dupontel de dos, puis plan large sur Dujardin, l’écrivain alcoolique qui ne se départ jamais de son seau de glaçons et sa bouteille de vin blanc. Symétrie donc, et pacte de lecture passé : c’est sur le double et l’unique que va travailler Blier.
Les duos et les couples vont se faire et se défaire sous la pulsion de vie que réveille le cancer. Chaque personnage va alors fonctionner par deux, et malheur à celui qui n’aura pas trouvé son cavalier dans cette maison apparemment au lourd passé : il en sera exclu. Car la question principale de Blier est de savoir qui va vous fermer les yeux lorsque votre heure arrivera.
La gémellité entre Dujardin et Dupontel est ainsi accentuée dans une scène cocasse où les deux hommes partagent le même lit. Car la cocasserie touchant souvent à l’absurde le plus noir, l’humour le plus désespéré est omniprésente dans le Bruit des glaçons. Ainsi quelques répliques plus que grinçantes comme « Soyez polis ou je vous colle un pancréas » abondent.
Chacun se cherche et cherche l’autre dans ce film, et les monologues sont plutôt rares. Dujardin pactisera d’abord avec son cancer puis tentera de se rapprocher de sa bonne, Louisa, la seule à l’aimer vraiment.
Mais Louisa est elle même atteinte d’un cancer, interprétée par Miriam Boyer. Chacun des personnages devra ainsi se débarrasser de son double maléfique pour mieux se retrouver.
Si la fin peut paraître artificielle, le bruit des glaçons n’en reste pas moins un film émouvant et tendre, sans doute grâce au personnage de Louisa, formidablement interprétée par Anne Alvaro, énigmatique et délicate, résignée mais présente.
Le couple des cancers (Dupontel / Boyer) est savoureux et dérangeant (vraie bonne idée d’avoir pris Miriam Boyer pour le rôle, goilleuse et inquiétante à souhait). Quant à Dujardin, on ne cesse de le redécouvrir et on s’étonne que Blier plus tôt n’ait pas collaboré avec l’acteur tant le duo tombe sous le sens.
Original, dérangeant, cocasse, tendre, Le Bruit des Glaçons ne s’interdit rien, et conquit le spectateur.

Pour le coup, il m’a donné la furieuse envie de me faire une rétrospective Blier (possible avec mon abonnement à la vidéothèque) et de foncer voir Désolé pour la moquette, la pièce de théâtre de Blier qui commencera le 9 septembre, avec la géniale Anny Duperey et toujours Miriam Boyer.

dimanche 1 août 2010

minet taré versus coinços du cul(os)


les lecteurs réguliers de ce blog ont fini par le comprendre : la vie d'un célibataire fréquentant les sites de rencontre ressemble à un enfer pavé de mauvaises intentions, à un parcours du combattant spécial commando, bref une croix( où pas mal d'échardes ne demandent qu'à se ficher dans votre dos ) à porter.
Vous y rencontrez tout et n'importe quoi.
Et dans mon cas, souvent n'importe quoi.
Comme il y a quelques semaines de cela.
je vous situe un peu l'action: je viens d'arriver pour 3 semaines dans la ville que je convoite tant, il est 23 heures, je me regarde un dernier modern family pour la route, quand, tout à coup, me sortant de ma torpeur, un signal sonore retentit.
J 'étais connecté à un site de rencontre, et ce soir là, j'étais franchement peu actif puisque absorbé par mon nouveau passe temps. Bref, un peu le pêcheur qui laisse aller sa ligne dans l'eau et commence à s'assoupir. je vais donc regarder ce que j'ai ferré.
au bout de la ligne frétille un mec de 22 ans, qui me demande si je vais bien (entrée en matière on ne peut plus classique). 22 ans, jeune donc à classer dans la catégorie "minets".
Oui, je m'adresse à toi, lecteur hétérosexuel qui ignore tout du monde des garçons sensibles, sache qu’en plus d’avoir une facilité naturelle à fréquenter les clubs de muscu et à tomber en pâmoison devant Mylène Farmer (pour ma part, je ne partage qu’une seule de ces caractéristiques), nous avons un vocabulaire particulier.

Ainsi un jeune n’est pas un jeune mais un minet. Si tu as dépassé la quarantaine, alors, tu es un « daddy ». Un gros poilu se dit « bear ». Et un mec qui s’envoie en l’air sans se protéger n’est pas inconscient, non, que nenni, il est « bareback ». Bref, tout un monde de mots à découvrir, c’est la promesse qu’on te fait quand tu signes ton entrée dans gaycity.

Pour ma part, ayant eu 30 ans, je ne sais pas trop où me classer.

Matou ? minet décati ? daddy précoce ?

Bref, revenons en à notre félin du soir. Moi, les minets, franchement, c’est pas mon trip, ça m’excite pas des masses et je ne ressens aucune fierté de me dire comme certains que je peux plaire à des plus jeunes.

Mais je réponds quand même par différents échanges d’amabilités. Au bout de trois échanges, le minet me propose de me voir dans les 20 minutes qui suivent.

Alerte rouge, ça pue le plan cul à plein nez tout ça. Je recadre donc le chaton et l’informe que pour ma part, les coups d’un soir, c’est joker.

Et l’animal de s’étonner : « j’ai une tête à faire des plans culs ? ».

Comment répondre ?

….

Mwahahaha

L’animal est naïf. Il pense qu’il existe un portrait homo (ok, celle-ci, je l’ai piquée à palmade) du partouzeur.

Bref, 5 échanges plus tard, il me propose qu’on se rencontre à minuit et demi après son taf. (il bosse en hôtellerie).

je réfléchis et me dis qu'après tout, j'ai refusé un très grand nombre de fois d'aller boire un verre avec des mecs sous prétexte que j'habitais à 45 minutes. là je suis à 5 minutes, et en vacances.

soyons fou, acceptons.

échanges de numéros portables et rendez vous pris pour le lendemain.



le lendemain, je m'enquille deux films à la suite, puis j'appelle le félidé à minuit 20 :

"miaou ?

- wé, c'est Will. c'est tout bon, si t'as fini le taff, on peut se retrouver devant l'hôtel où tu bosses

- ah wé, mais je finis en fait à une heure du mat' ...

- ....

- ça pose un problème ?

-(vais le chattrer moi !) ben, écoute, je vais patienter une demie heure et après on ira boire ce verre

-ok, cool !"


une demie heure plus tard, devant un hôtel, un mec court vêtu déambule en regardant l'heure et en prenant un air détaché. un gigolo, une Zahia post voyage au Brésil ? non, juste un Will qui se demande franchement ce qu'il fout là.

et qui s'impatiente.

01 h 05 : premier message pour lui demander s'il a fini : messagerie

01 h 10 : second message

01 h 15 : "dans 5 minutes, je me la rentre"

01 h 20: "je suis dans la voiture, là"

01h 25 : "je viens d'allumer le moteur"

01 h 30 : "ça fait 5 minutes que je pollue la planète, là. t'as la mort de 2 marsouins et 4 séquoïas sur la conscience !"

01 h 35 : "bon, ben '' je pars comme un prince'' comme disait un candidat de la star ac devant un Nikos stupide (pardon, pléonasme). si tu veux qu'on se revoie, ce sera en journée, pas à minuit et quelques ...."


C'est donc en essayant de digérer ce lapin de garenne que je me suis couché ce soir là.

je me suis dit, on va en rester là.

sauf que le minet revient à l'attaque le lendemain.sur le site de rencontrer.


Félix d'attaquer, comme si de rien n'était :

"ça vaaaaaaa ?

- ben moyennement, je suis allergique aux poils de lapin

- quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii (ou plutôt kewaaaaaaaahhh) ???

- tu m'expliques ce qui s'est passé hier ? j'ai poireauté jusqu'à une heure et demie en te laissant des messages et en tuant des marsouins !

- ben, j' ai eu un souci, genre un mec qui s'est pointé en retard. genre, j'ai fini à 2 heures et demie.

- Ok (pour les non afficionados du tchat, le Ok c'est un peu l'équivalent du "grave" ou du "certes " à l'oral, c'est ce que tu mets quand tu sais pas quoi répondre)

- Bon, ce soir, je finis genre à minuit et demie, on se voit après ?


ok, là j'avoue, il a fallu que je relise deux fois le message:

-tu as un humour très particulier, tu le sais ?

- pourquoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ????

- tiens, c'est vrai, ça pourquoi ? je sais pas, peut être que minet décati et échaudé craint l'eau froide. je t ai dit dans mon dernier message que si tu voulais qu'on se revoit, ce serait en journée.

- mais je peux pas, genre je bosse et j'habite à 25 minutes.

- attends, c'est bon, tu pars une heure plus tôt, on va se boire un café, et tu vas taffer.

- c'est bon, essaie de comprendre !


dis donc, c'est bizarre, ça fait deux fois que je dois relire un message pour être sûr de l'avoir compris. Putain, c'est l'âge !

- t as raison, je suis un vrai crevard ! tu me poses un lapin, tu t excuses pas, tu me demandes de revenir ce soir à point d'heure, et je comprends pas. un crevard de première, c'est clair !"


fin de la discussion, le minet est parti bouder dans sa litière.

je me suis dit on va en rester là.


sauf que le lendemain, vers 22 h 30, je reçois un SMS dudit félin:

"je suis coincé chez moi, j'ai plus de voiture et genre tous mes potes sont en vacances. viens me chercher, comme ça on fera connaissance sur la route"

Putain, même les SMS, je dois les relire 2 fois pour être sûr de les avoir compris ! je suis plus attaqué, je suis ravagé cette fois-ci. je songe même à appeler les Obsèques prévoyance à ce stade !

bref, inutile de dire que je ne prends même pas la peine de répondre à l'injonction.

et le perspicace chaton de me relancer un quart d'heure après:

"genre tu réponds pas ?"


ben, genre je suis pas taxi.

un troisième SMS dans le même style me dit que je ferais bien de couper le portable pour la nuit. Dont acte.


Je me suis dit, on va en rester là.

sauf que le lendemain, je reçois un SMS qu'il avait griff ' onné (youhou, elle est très bonne, elle va faire un tabac dans la maison de retraite des Flots Bleus où je viens de m'inscrire): "genre, t'es dispo, là ?"

fin de non recevoir, nous sommes bien d'accord. et bizarrement, le nom de Norman Bates qui s'inscrit dans ma tête. Etrange, les associations d'idées, parfois ....


Je me suis dit, on va en rester là.

Sauf que ben, mon minet, il était un peu têtu. (Qui a dit obsessionnel ????)

sur le site de rencontres:

"Salut, je finis genre à une heure ce soir, on essaie de se voir ?

-Euh, ok, c'est quoi le mot que t'as pas compris dans "non, je viens pas au milieu de la nuit"?

-Allez, t es pas cool. genre déjà l'autre fois, t'as pas voulu me chercher chez moi, et j'ai failli perdre mon poste à cause de toi, mais tu vois, je te pardonne.

- Monsieur est trop bon ! Mais monsieur a tendance à oublier que je ne lui dois rien, qu'on ne s'est jamais rencontré, et que je ne suis pas tenu de faire des allers retours.

- Allez, sérieux, t es pas cool.

- Bon, écoute, t as raison, je suis pas cool. C'est vrai, j'ai envie de te rencontrer vers 18 heures autour d'un verre. Mais sérieusement, qui fonctionne comme ça ? quel taré je fais !

-Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ?

-Tu sais ce qu'on va faire ? on va arrêter ce dial, et tu vas oublier mon numéro de téléphone, parce qu'avec toi, je te jure que j'apprends pleinement la définition de l'expression : "se prendre la tête". Juste un petit conseil, comme ça pour gagner en maturité: essaie de te remettre en question deux secondes, ça aide à grandir"


et là, accrochez-vous mes enfants, une réponse pleine de délicatesse, empreinte de la poésie licencieuse de Théophile de Viau (1) :

" g pa besoin de t conseil pr grandir. toi tu feré mieux de te fèr débouché le cul, sa te feré du biens" (à quoi on voit que j'ai fait un copié-collé ?)


Wé, c'est clair, je suis tombé sur un mec hyper mature ! que répondre à ça à part " c'est celui qui dit qui y est" ?

le silence est d'or

genre !


Bon, je vous laisse, on fait le jeu des dentiers musicaux à la pension ce soir !!!!


(1) Théophile de Viau est un poète du XVII° siècle qui a connu un procès retentissant à cause de différentes pièces parues dans Le Parnasse satirique, évoquant la sodomie. le poème auquel je pense étant dans un carton (déménagement oblige), je me contenterai de celui-ci trouvé sur le net : (foutre signifie ici baiser)

Phylis tout est foutu, je meurs de la vérole,
Elle exerce sur moi sa dernière rigueur :
Mon Vit. baisse la tête & n’a point de vigueur
Un ulcère puant a gâté ma parole.

j’ai sué trente jours, j’ai vomi de la colle
jamais de si grands maux n’eurent tant de longueur
L’esprit le plus constant fut mort à ma langueur,
Et mon affliction n’a rien qui la console.

Mes amis plus secrets ne m’osent approcher,
Moi-même en cet état je ne m’ose toucher :
Philis, le mal me vient de vous avoir foutue.

Mon Dieu Je me répands d’avoir si mal vécu :
Et si votre courroux à ce coup ne me tue,
Je fais vœu désormais de ne foutre qu’en cul.

Le Parnasse satyrique, 1622, p. 1-2 et 2002, p. 15.

vous voyez qu'on étudie des choses rigolotes pendant l'agreg ...