vendredi 26 février 2010

Les fabuleuses aventures d'un indien Malchanceux qui devint milliardaire.


Je suis toujours un peu réticent à l'idée de lire un livre qui a été adapté au ciné. Sans doute parce que je me sens volé: un autre que moi est passé avant et a proposé, voire imposé, son imaginaire, me privant de ce qui fait le sel de la lecture, autrement dit le pouvoir qu'a l'esprit pour créer les personnages et les lieux à partir des indices du texte.
Je n'ai pas encore vu Slumdog Millionnaire mais difficile d'échapper à l'avalanche d'extraits et de photos qui a accompagné la sortie du film.
Bref, je n'étais pas le lecteur le plus conquis d'avance en commençant ce livre.
Les premières pages m'ont d'ailleurs un peu déçu. Le style m'a semblé assez sec, parfois maladroit, et l'arrivée de l'avocate sauvant Ram Mohammad Thomas m'a laissé perplexe.
Mais peu à peu, le charme de cet étrange roman opère.
Résumons en quelques mots l'histoire: un jeune indien de 18 ans, serveur de son état, et ayant vécu dans la pauvreté des rues, vient de gagner au célèbre jeu "Qui veut gagner un milliard de roupies?". Il est alors arrêté par la police qui le soupçonne de tricherie. Une avocate décide de le défendre mais pour cela, il doit lui raconter toute son histoire.
Et chaque épisode de sa vie apportera une réponse juste au fameux jeu.
Du point de vue des procédés, le livre est à mi chemin entre les Mille et une nuits et Don Quichotte. En effet, on retrouve dans le roman le procédé de la mise en abime, propre au conte, mais également le lien et le retour entre les différents personnages secondaires, qu'affectionnait Cervantes. Des procédés qui ajoutent alors une certaine maestria dans l'art de la narration.
Se dégagent d'ailleurs des fabuleuses aventures la même drôlerie et la même cocasserie, mais cette fois-ci teintée de mélancolie et de satire. Le roman dénonce une Inde souvent corrompue (dans sa police, ses représentants religieux, sa télévision ...).
Le roman égrène différentes histoires , la plupart réussies jusqu'au happy end attendu et programmé. Les personnages secondaires, apparaissant d'une histoire à l'autre,et souvent de façon inattendue, permettent de lier les différents chapitres et de donner une cohérence à l'ensemble.
Un livre dépaysant et divertissant, habilement mené et finement construit.

3/5

mardi 23 février 2010

Wilt , tome 1


Je ne connaissais pas Tom Sharpe, et j'ai découvert un immense humoriste doublé d'un satiriste hors pair. Wilt est le premier tome d'une saga qui en compte 4 et qui nous narre la vie fort ordinaire d'un anglais tout aussi ordinaire, empêtré dans des problèmes extraordinaires, qui évidemment le dépassent.

Dans le premier tome, Wilt est un enseignant de "culture générale", essayant désespérément d'intéresser ses gaziers et plâtriers des qualités de Goldwin et de Sa majesté des Mouches. Mal marié, il doit en rentrant supporter Eva, sa femme, une sorte de Bree Van der Kamp, naîve, accro à l'Harpic et jamais en reste d'une toquade. La dernière en date, c'est sa rencontre avec Sally Pringsheim, une américaine libérée, qui va faire basculer la vie du couple Wilt dans la démence. le seul réconfort de Wilt est d'imaginer le meurtre de sa femme, tous les soirs quand il promène son chien. un peu de vodka, une poupée gonflable, une perruque et une femme coincée sur un bateau vont très vite amener Wilt dans une situation périlleuse...


Difficile de résumer un tel roman tant les rebondissements, bien souvent absurdes, sont nombreux. Car Sharpe ne se soucie nullement d'une quelconque vraisemblance dans les événements narrés. Ce qui compte, c'est le rire dévastateur et corrosif, qui s'attaquent à différentes cibles: l'enseignement et ses hypocrisies, la libération sexuelle et ses mensonges, les prêtres alcooliques ou encore la vacuité de l'existence de certaines femmes.
Les situations sont toujours drôles, et l'humour se double parfois d'un comique de caractère. Eva est une femme insatisfaite, mais d'une grande naïveté, qui se laisse impressionner par n'importe qui. En l'occurrence, Sally qui sous couvert de revendiquer la liberté sexuelle cherche à la fois à séduire Eva et à en faire sa femme de ménage.
Allez, un extrait vaut mieux que de longues paroles. Eva, Sally et Gaskel son mari, sont toujours coincés sur le bateau et jouent au scrabble pour passer le temps:

"Gaskel avait ouvert une bouteille de vodka et se soûlait copieusement. Pour passer le temps, ils jouaient au scrabble.
- Ma définition de l'enfer : être enfermé dans un sous marin avec un couple de gousses, dit Gaskel.
-Un couple de gousses ? Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Eva.
Gaskell la fusilla du regard.
-Tu ne sais pas ce que c'est qu'une gousse ?
-Les gousses d'ail, si. mais elles ne vont pas par deux .
- Oh mon ourse blanche en peluche, dit Gaskell, tu mérites le grand prix de la naïveté avec félicitations du jury et discours de monsieur le maire !
-laisse tomber, dit Sally. A qui le tour ?
- A moi, dit Eva. et je mets P U I S S A N T, et ça fait "puissant ".
-Ajoute I M et ça fait Gaskell, dit Sally.
- A quoi on joue, ici ? Au scrabble ou au jeu de la vérité ? demanda Gaskell en se resservant un verre de gin.
-A toi, dit Sally.
Gaskell ajouta un E à GOD. Mais Eva n'était pas d'accord.
- Il manque une lettre. ça s'écrit GODET.
- Mais tu en es à quel degré de connerie exactement ?
- Va te regarder dans une glace et tu sauras, répondit Sally."


un livre jubilatoire.

lundi 22 février 2010

Mort d'une diva

Depuis quelques temps, elle se portait mal, et avait de plus en plus de difficultés à le cacher. D'ailleurs, pourquoi mentir ? elle était agonisante. Mais elle refusait de se rendre sans livrer sa dernière bataille.

Elle avait été si rayonnante, si chaleureuse, si solaire. Combien de fois s'était-on réchauffé aux rayons de son énergie. Et certes, elle avait parfois abusé de son pouvoir, mais c'était aussi pour ses excès qu'on l'aimait et attendait son arrivée sur scène avec tant d'impatience. Elle ne décevait jamais son public, et au fil de ses come-back et éclipses qui avaient jalonné sa carrière, elle s'était taillée une réputation internationale.

Mais depuis quelques mois, elle avait commencé à perdre ses forces. Une langueur monotone s'était installée. Elle avait connu pourtant ce sentiment depuis toujours, lui semblait-il. Mais elle avait décidé de livrer combat.

Modifiant en profondeur sa garde-robe, elle avait opté pour les rouges les plus ardents, les jaunes les plus dorés et les ocres les plus prononcés, délaissant les tons verts qui avaient pourtant fait sa gloire. Elle pensait ainsi, en offrant les couleurs les plus vives, tromper la mort qui s'apprêtait à la cueillir. Elle espérait cacher ce mal inéluctable qui la dévorait peu à peu.

D'ailleurs, elle avait dérouté son public en abandonnant ses stridulations et pépiements pour adopter un style vocal plus sobre, basculant presque dans le silence.

Malgré tous ses changements, sa fatigue ne trompait personne. Ses heures dévolues au sommeil, naguère si courtes, s'étaient rallongées de jour en jour: elle se couchait de plus en plus tôt et se levait de plus en plus tard.

Sur sa table de chevet, les violons de Verlaine avaient succédé au songe de Shakespeare.
Le parfum de la mort l'accompagnait comme une amie fidèle, un parfum capiteux, persistant, une fragrance mêlant l'odeur de terre humide et de feuilles en décomposition.

Un matin, on la trouva morte, sous un linceul blanc et cotonneux.

Oui, l'été venait de livrer sa dernière bataille, et comme chaque année l'avait perdue.

samedi 20 février 2010

le grand pardon ? (2)

Je continue la série commencée parce qu'il s'agit d'un problème qui me hante depuis 5 mois.
Hier, je regarde Pardonnez-moi de Maïwenn. Je n'ai pas prêté attention au titre, j'avais simplement beaucoup aimé Le Bal des actrices, et j'étais curieux de connaître le premier long métrage de la réalisatrice. Je le savais plus personnel et moins léger mais je ne connaissais pas le thème. Et là, une grande claque cinématographique.
Violette a été battue par son père pendant 10 ans et pense s'en être sortie par la thérapie. Le jour où elle tombe enceinte, tout resurgit et elle éprouve le besoin de faire un film pour exorciser sa souffrance. Elle chemine et met en scène, à travers une poupée, les violences qu'elle a subies (attention scène choc du film):



et à la fin, elle retourne voir son père pour exiger qu'il lui demande pardon. Il se braque, explique qu'il n'a rien à pardonner, finit par dire d'un air détaché "pardon" juste pour avoir la paix. Elle voit sa psy qui lui dit qu'il ne demandera jamais pardon, mais qu'il faudra qu'elle transforme cette détresse, cette souffrance en force créatrice.
la fameuse question du pardon, remise sur le tapis. Cette question qui me colle à la peau depuis début Novembre. Cette question dont je n'arrive pas à me débarrasser, et qui me sert peut être de paravent pour aller mieux.
Mon désir le plus profond serait que Ralph me demande pardon pour ce qu'il m'a fait.
C'est puéril, c'est enfantin, c'est stupide mais c'est je crois humain, trop humain. J'ai attendu et je crois que j'attends encore qu'il me téléphone ou m'envoie un mail me demandant pardon pour tout ce qu'il m'a fait subir depuis Septembre. J'ai fait trop de sacrifices dans cette relation pour être remercié par des mensonges et des tromperies.

Alors voilà,comme on lance une bouteille à la mer: je sais que ça ne lui reviendra jamais aux oreilles (et en l'occurrence au yeux) mais, Ralph, je voudrais que tu me demandes pardon :
- parce que pendant 5 ans et demie, j'ai tu toutes mes angoisses et mes doutes pour te soutenir
- parce que j'ai mis du temps à laisser tomber mes barrières et que tu as piétiné la confiance que je te portais
-parce que tu n'as pas essayé de te battre pour nous deux
-parce que tu as rencontré Julien en sachant le mal que ça me ferait
-parce que tu m'as menti en me regardant dans les yeux
-parce que tu m'as dit un mois plus tard ce que je n'aurais jamais du savoir
-parce que tu m'as pris comme confident de ta peine quand Julien t'a largué
-parce que tu n'as pas arrêté de souffler le chaud et le froid pendant 5 mois
-parce que tu n'as pas versé une larme sur notre relation, sous prétexte que tu ne veux pas cultiver la souffrance
-parce que tu as fait des promesses que tu n'as pas tenues
-parce que tu m'as forcé à mentir indirectement à ton fils
-parce que tu n'as finalement jamais envisagé de me laisser une vraie place dans ta vie
-parce que dernièrement tu m'as jeté à la tronche que tu partais en vacances une semaine avec un mec que tu connais à peine (me demandant au passage de garder le chat, sic !) alors que nous n'avons pu partir que 20 jours ensemble en 5 ans et demie.
-parce que tu continues de mentir sur les sites de rencontres, en trichant sur ton âge pour mieux appâter le jeunot de moins de 26 ans (oui, il fonctionne comme la SNCF)
-parce que tu m'as ôté toute confiance
parce que tu ne me demanderas jamais pardon.

Allez, il me faudra apprendre à vivre avec tout ça. Il me faudra apprendre à transformer la boue en or, à transformer cette souffrance en force.
C'est pas gagné : depuis 3 semaines, je souhaite écrire de la fiction, et rien ne sort ....

vendredi 19 février 2010

le grand pardon ? (1)

le destin s'amuse parfois, ou alors on déchiffre des signes là où l'on veut en lire...
Hier, un ex particulier se connecte sur msn.
Il a été le premier à compter vraiment pour moi, et notre histoire avait très mal commencé (une agression homophobe que je raconterai un de ces 4), mais j'étais très attaché à lui. Avec le recul, je ne pense pas que c'était de l'amour. Il était certes très mignon, et une partie narcissique de moi était fière d'avoir su séduire ce mec. Mais nous n'avions pas grand chose en commun. Je crois que j'étais surtout amoureux à l'idée d'être amoureux. Et là aussi, l'histoire ne s'est pas bien terminée, et ce mec ne s'était pas très bien comporté avec moi. J'avais 23 ans, j'étais idéaliste, épris de justice, je croyais en un monde meilleur (avez vous relevé l'usage de l'imparfait ?), et j'avais du mal concernant la façon dont il se comportait. Pas avec moi, (nous ne sommes pas restés suffisamment longtemps ensemble pour ça), mais avec son nouveau mec. ou plutôt avec ses nouveaux mecs. Etant devenu son confident, j'étais aux premières loges pour constater qu'il menait une double vie. je l'ai dit, j'avais 23 ans, et cela me révulsait. J'en parlais à des amies en leur disant que peut être était-ce lui qui avait raison, il prenait du bon temps, ne se gênait pas et ne souffrait pas. Nombre de fois, j'ai espéré qu'il se retrouve un jour face à ses responsabilités, qu'il paie pour les "vilaines actions" qu'il commettait (ah, l'emprunte de la culture judéo-chrétienne, basée sur la faute et la rédemption ...). et chacune de me rassurer en me disant que ça arriverait. La vie (et surtout le Dieu Rectorat m'ayant réduit à l'exil) nous sépara.
Depuis quelques mois, j'avais cherché à reprendre contact avec lui, via Copains d'avant puis MSN. Sans aucune arrière pensée, simplement savoir ce qu'il devenait.
Hier, il se connecte donc, la première fois en 6 mois. et nous discutons. J'apprends ainsi qu'il est à nouveau avec un mec, mais qu'il en a bavé au début de cette relation. en effet, celui-ci avait eu vent de son passé et n'avait pas confiance. Il lui a donc fallu batailler et rendre des comptes. J'entends finalement ce que je voulais entendre, mais avec 8 ans de décalage. Et ces 8 ans comptent énormément. Il y a 8 ans, j'aurais été soulagé de voir qu'il y avait une justice, aujourd'hui, j'ai tout simplement ressenti de la compassion.
un "pardon" qui arrive trop tardivement n'apporte aucun réconfort, voilà la leçon que j'en tire. C'est pourtant une question qui me taraude ces temps-ci ....

mercredi 17 février 2010

la vérité, y a comme un décalage ....

Aujourd'hui, je vais tranquillement à ma séance de muscu, je commence mes séries et deux musculeux commencent à parler à coté de moi. De foot (et en l'occurrence du match d'hier soir). autrement dit, pour moi, de la mathématique quantique appliquée à la géométrie spatiale de la philosophie freudienne (si cette matière n'existe pas, je dépose le brevet !).
Et l'un des deux de se lancer dans une diatribe exaltée, qui aurait fait pâlir d'envie Jaurès ou Badinter:
" La vérité, Domenech, c'est trop un PD ! Sur la vie de moi, j'en vois que deux qui se sont baladés hier, c'était ..... & ..... (soyons clair, je ne cherche pas à préserver l'anonymat des joueurs cités, c'est simplement que je n'ai pas retenu / fait l'effort de retenir leurs noms : je vous l'ai dit, pour moi, le foot, c'est de la physique quantique). Je te jure, la vérité, s'ils mettent pas 0 à 1 au prochain match, je me fais PD (OK,j'avoue, c'est à ce moment là que j'ai tendu l'oreille ). Et Pelé, mais c'est trop un dieu, sur la vie de moi. Pas comme ....., quel PD celui-là , la vérité..."
Bref, je vous passe la suite, pour la simple et bonne raison que non seulement je ne me souviens ni du contenu, ni des noms des protagonistes, mais qu'en plus je crains la redite stylistique, la vérité !
Ce que j'ai surtout noté, c'est le volume sonore envahissant. Je m'entendais plus compter, c'est dire. Un autre musculeux rejoint Jean Michel Larqué et Thierry Roland, ce qui contribue à augmenter encore la cacophonie. Au point où on en était, je m'attendais à voir débarquer Lara Fabian.
Et que je te cite des joueurs, et que je te refais le match d'hier, et que je me plains que bobonne avait pas acheté de bières, le tout ponctué de "PD" et "vérité".
Je continue mes séries, fais semblant de pas les entendre, quand d'un coup, l'un d'entre eux se penche vers moi et me demande:
"et toi, qu'est-ce que t'en penses ?
- euh, moi ? j'ai regardé Sur la route de Madison."

mardi 16 février 2010

c'est quoi l'amour ?

oui, j'emprunte ce titre à un magasine de TF1, de haute culture et intelligence (TF1/ culture / intelligence dans la même phrase ? oui, nous venons de revoir l'antiphrase avec les 3°). Bref, si la question peut prêter à sourire, elle est pour moi presque existentielle.

Ceux qui me côtoient en vrai ou par le net savent que je multiplie les rendez-vous médicaux (psy essentiellement) et j'essaie toutes les méthodes possibles pour me sortir la tête de l'eau. Dernier essai en date: l'homéopathe / acupuncteur. Différentes méthodes, mais apparemment un message commun: ma conception de l'amour n'est pas la bonne.

c'est le psy, le premier, qui me l'a dit de façon très frontale, lors de ma première séance. Une première séance assez étrange d'ailleurs. Il me prend avec une heure de retard, puis me demande ce qui m'amène." j'ai toujours eu envie d'apprendre le tricot, c'te bonne blague !". ça, c'est que je mourais d'envie de lui dire. Au lieu de ça, je l'informe que je fais une dépression (franchement, qu'est-ce qu'il pourrait m'amener d'autre ?). et ben vous me croirez si vous voudrez, mais il m'a fait faire un test pour savoir si j'étais vraiment dépressif," un test agréé par le ministère de la Santé" (y en a qui ont des jobs en or, je vous le dis). On se serait cru chez Marie Claire, du style "que révèlent vos expressions sur le visage de vos sentiments" ou " amour d'un jour ou amour toujours?". Bref, à la fin, il me dit que j'ai un score de 22 sur 64, ( je ne sais pas à combien de ronds ou de triangles ça correspond) et m'annonce que je suis dépressif. Youhou, on a bien progressé: en une heure, on est arrivé à une conclusion que j'avais énoncée dès le début. Puis, je commence à expliquer la cause de la dépression, la trahison de Ralph, et tout ça. et d'un coup, il me coupe et me dit, avec un ton partagé entre l'affirmation la plus péremptoire et la condescendance marquée: "Mais votre problème, monsieur, c'est que vous pensez que les relations longue durée peuvent exister !". Chamboulé pendant trois jours ....

Obligé de faire le tour de toutes mes connaissances, de toute ma famille pour entendre que oui, l'amour peut durer. ça allait tellement contre ma conception de l'amour. Et puis quel intérêt de vouloir construire quelque chose si on sait que ça capotera dans 3, 5 ou 10 ans ??? Quel intérêt de se livrer à une personne, de s'abandonner complètement en toute confiance quand on sait qu'on a signé un CDD, que la relation a une date de péremption qu'on ne connait pas. Je sais que "rien n'est jamais acquis à l'homme" pour citer Aragon, mais de là à se dire qu'une épée de Damoclès tranchera à coup sûr les fils de votre relation, la question étant de savoir quand, ça m'est intolérable. Autant tout de suite demander où est le gaz.

Bref, je digère un peu tout ça, je me rebelle, je me dis que si mon psy a des problèmes conjugaux, c'est regrettable qu'il m'en fasse profiter indirectement. Bref, je fais ce que je fais toujours, je me mens et je fuis.

Hier, je vais voir l'homéopathe, lui explique à nouveau mon problème, et à nouveau j'entends "mais l'amour ne s'évalue pas sur la durée. Vous pouvez aimer 5 minutes, 5 heures, 5 ans ou toute une vie, mais la question de la durée et celle de l'amour sont deux questions complètement indépendantes l'une de l'autre. "


Elle n'est pas la première à me faire entendre ça, et cette fois, mes repères vacillent. D'autant qu'elle a vu assez rapidement ma plus grande peur. Celle de l'abandon. elle me l'énonce de façon très claire. J'enregistre, ou plutôt j'encaisse tout ça et en rentrant chez moi, j'y repense. C'est douloureux, et je remplace la douleur psychique par la douleur physique en filant à la muscu. Ne plus penser, se contenter de compter le nombre de séries et de répétitions et attendre que sainte Endorphine-Dieu-te-bénisse fasse son effet.
je fais l'erreur de me coucher un peu tard, et les questions ressurgissent. Je ne peux plus les fuir et je repense.
Je repense à mes relations avec les autres.

D'un point de vue amical, j'ai toujours compté mes amis sur les doigts d'une main. Amies serait d'ailleurs un terme plus approprié. Peut être y a-t-il quelque chose à creuser dans le fait que je ne recherche que des femmes en amies, mais chaque problème en son temps. Si les amies ont changé, le temps, l'éloignement, le choix de vie différent ou parfois les brouilles ayant fait leur travail, une constante demeure: ça n'a jamais papillonné autour de moi. Peur de se livrer complètement ? Je pense plutôt que le fait de ne pas multiplier les amitiés est la protection que j'ai trouvée pour ne pas être confronté à l'abandon dans ce domaine.

D'un point de vue amoureux, je me rends compte que je n'ai pas 45 manières de fonctionner: je suis toujours sur mes gardes. Je ne cesse d'envisager à chaque instant le pire. Ainsi, avec le premier mec avec qui je suis sorti, pour qui j'ai eu des sentiments, je n'ai cessé de me dire dès le début "il va me larguer, ça ne fonctionnera pas".(Tel Ally MacBeal, j'entendais la voix d'Hélène Séguara chantant "tu vas me quitter, je le sais". Et c'est véridique !!!). je n'ai jamais été serein dans un début de relation, tout simplement parce que je n'ai jamais su l'apprécier pour ce que c'était, c'est-à-dire un début de relation. Il a toujours fallu que je me projette dans le futur pour voir à combien s'élevait le taux de probabilité pour que je sois abandonné.
Partant de ce constat, j'ai eu deux façons de réagir complètement antithétiques: Soit je pense instinctivement que je serai largué assez rapidement et dans ce cas, je garde une distance marquée avec le mec, soit je décide (peut être pas le bon terme, car là aussi, c'est une question d'instinct) de me lancer, d'y croire ce qui a des répercussions dramatiques pour nous deux. J'ai tellement peur d'être abandonné que je me bats pr ne pas l'être et devient possessif et étouffant. Le premier mec pour qui j'ai eu des sentiments pourrait en témoigner. Bref, je ne fais qu'accélérer ce que je redoute: lassé, le mec fait ses bagages.
Le plus douloureux dans les différentes ruptures que j'ai eues a été ce sentiment d'abandon. Je me rappelle encore la douleur que j'ai ressenti quand un mec pour qui je n'éprouvais absolument rien m'a largué par sms, alors que je me souviens à peine de son visage ou du temps qu'on a passé ensemble.
Cette peur handicape tous mes rapports à l'autre, elle précipite des événements qui peut être n'arriveront pas et m'empêche de vivre pleinement la sensation grisante d'un début de relation.

Cette peur explique aussi ma façon de fonctionner. Depuis toujours, je me suis mis la barre très très haut: il faut que je sois cultivé, intelligent, brillant, beau, musclé, désirable, sensuel et la liste ne fait que commencer. Je dois être le fils parfait, le petit fils parfait, le cousin parfait, le petit ami parfait l'ami parfait. Et s'il m'arrive de ne pas jouer convenablement le rôle que je me suis imposé, alors c'est un immense sentiment de culpabilité qui m'étreint.

Bref, je ne peux plus vivre avec cette peur omniprésente qui handicape mes rapports sociaux et me fait souffrir. Je pense avoir progressé en ayant trouvé la source de mon mal être , mais il ne suffit pas de dire "j'ai un rhume" pour être guéri. Il faut savoir s'entourer, et je pense changer de psy. L'homéopathe a pris davantage de notes en 10 minutes que lui en 3 séances .....

vendredi 12 février 2010

alors, et ce voyage à Paris ? ...

.... me demanderez-vous (ou pas). Bon je vous la fais façon Bridget Jones.


Nombre d'élèves perdus: 0 (bien !). Nombre de marches montées: entre 500 et 700. Nombre de fois où j'ai recompté les gamins : euh, ça compte aussi dans les rêves ? Nombre de coups de pied au cul distribués: 1 (mais c'est pas moi qui l'ai donné alors ça compte pas vraiment). Nombre de douches froides: 1 (à 6 heures 10 du matin, sympa, non ?). Nombre de "M'sieur?": 1500 (par heure, bien sûr).

Bon, alors premier bilan: je suis soulagé et heureux de l'avoir fait. Depuis le temps que je stressais à l'idée de faire cette sortie avec les 95 élèves, avec le nombre de prises de bec que j'ai eues avec certains parents, voire parfois avec l'administration, c'est un immense soulagement d'être allé jusqu'au bout sans que mon corps ne craque, comme il le faisait assez quotidiennement depuis quelques temps (crises d'angoisse ou de larmes, tétanie, et j'en passe).
Donc reprenons les choses depuis le début.

JOUR UN: De Charybde en Scylla ...
Mardi, 4 h 20, le réveil sonne, et je commence ma journée par le maudire sur 7 générations. rien de plus classique, quoi. J'ouvre les volets, et j'ai la très agréable surprise de constater qu'il neige à gros flocons. Youpi, nous sommes apparemment bénis des dieux pour ce voyage, c'est parfait.

5H 10, mon Gurosan avalé, mon sac à dos placé là où il doit lexicalement être, je prends la route du bahut, la crise d'angoisse bien chevillée au corps. On m'a indiqué un parking où garer en toute sécurité ma titine qui m'attendra fidèlement pendant deux jours, mais le parking n'est pas ouvert, et c'est donc en frisant l'apoplexie que je la laisse sur le parking du collège où une collègue s'est fait fracturer sa voiture il y a 15 jours et où une autre l'a retouvée, au retour d'un voyage scolaire, avec un cadeau bonux à l'intérieur: une brique (qui, la coquine, pour se frayer un passage, a bien du exploser la vitre de devant). J'arrive devant les parents, je prends un air sûr de moi (" nan, nan messieurs dames, les dents qui claquent, c'est du au froid, pas au stress. laissez-nous vos gosses, aie confiance ").



Et commence alors le rituel que je ferai une demie centaine de fois pendant deux jours: "les turquoise, venez ici". Oui, le groupe que je chapeaute est réuni sous la couleur turquoise. Pour répartir une centaine de gamins, il a fallu se faire tout l'arc en ciel et les couleurs de la création.
Pourquoi ai-je choisi le turquoise, me demanderez-vous ? Pourquoi pas, vous répondrai-je ! Et, quelques heures plus tard, je me féliciterai surtout de n'avoir pas choisi les noirs quand il a fallu rassembler son groupe à Barbès .... Le collègue a intelligemment esquivé le potentiel conflit par un "mon groupe, venez ici".
Appel fait, numéro distribué, sacs posés dans la soute du car, pique nique distribué, nous sommes prêts à partir. Diantre, qu'attendons-nous ? l'aventure glaciale et parisienne nous attend, que diable ! Ce que nous attendons ? les pains, qui doivent astucieusement et logiquement servir de support pour étaler le paté, (seule nourriture à peu près mangeable du pique nique) et que le cuistot n'a pas commandés .... C'est balot, non ? Mais il nous reste cette délicieuse salade de riz mêlant insolemment l'huile de vidange, le polystyrène au goût de thon et un truc verdatre que d'aucuns d'entre nous ont supposé être des morceaux de courgettes... Cyril Lignac peut se rhabiller mes enfants. Quel festin en perspective ! Et surtout quel défi ! Trouver une boulangerie qui pourra nous vendre à midi (parce que notre timing est trop serré et qu'on ne peut pas se libérer avant) une bonne trentaine de baguettes, le tout dans le quartier pas le plus commercial de Paris, en tout cas en ce qui concerne la baguette, une gageure ! Et ben, rassurez-vous, nous avons réussi ! Nos loulous ne sont pas morts d'inanition en milieu de journée( d'intoxication alimentaire à cause de la dite salade oui, mais pas d'inanition !)
Et puisqu'on en est à la page des défis, le cuistot (quel farceur) ne nous a pas indiqué quel sac était réservé à notre allergique au soja et à l'arachide. le jeu de la fève, mais en plus drôle parce que potentiellement mortel... Remarquez, concernant notre allergique, soit il avait fait le pari de se transformer en poisson lune avant la fin du séjour, soit il était candidat au suicide, mais il a quand même commencé à s'enfiler la fameuse salade (et apparemment avec plaisir) et on l'a surtout retrouvé le lendemain dans le resto du Carroussel du Louvre (qui offre différents types de cuisine, allant de l'Italie jusqu'au Maroc) au resto ... chinois.
Je vous passe le voyage sans trop grande incidence, et nous arrivons -en retard- au Palais de la découverte. Il nous faut encore 15 minutes pour poser tous les sacs à dos dans les consignes et direction un exposé, très intéressant comme tous ceux du Palais de la découverte (et il n'y a pas l'once d'une ironie dans mes propos pour une fois). Nous déjeunons, que dis-je, nous nous régalons, sur les marches d'un escalier ou à même le sol, l'oeil morne et la bouche pâteuse de riz au polystyrène sous l'oeil condescendant des autres visiteurs, et nous continuons notre visite. Mon groupe veut essayer un exposé sur la force centrifuge / centripète (miracle: pas un n'a souri à ce mot, des anges, vous dis-je !). Mal leur en a pris. Disons qu'avec l'amabilité et la patience de l'animateur, ils ont eu un avant goût de l'armée.
Direction la Tour Eiffel et ses marches à grimper sous un froid glacial ( c'est bien simple, le sol était une patinoire), puis les champs Elysées (j'ai précisé qu'il faisait une caillante à les voir tomber toutes seules ?) et enfin, en face du Fouquett's nous attendait notre resto du soir: le Quick (oui, le vie est cruelle et ironique). Commence alors une reconversion pour les profs: serveurs de mouflets tyranniques. La pitance distribuée ("vous pouvez pas aller plus vite, mes frites sont déjà froides / mets-les dans ta bouche, je vais te les réchauffer à grands coups de claques"), nous nous asseyons (écroulons serait un terme plus approprié) dans une chaise pour déguster ce plantureux repas. L'allergique se régale avec les frites baignant dans l'arachide qu'on lui a retirées et qu'il a réussi à choper on ne sait comment, tout va bien. Je regarde les loulous bouffer, et je me rappelle étrangement que nous étudierons Gargantua en rentrant.
Direction l'auberge de jeunesse.
10h 10 : nous distribuons les clefs des chambres aux loulous en leur rappelant 3 fois de suite qu'ils doivent toujours l'avoir sur eux, sous peine d'être enfermés dehors. Nous ne comptons pas jouer les serruriers toute la nuit.
10h 17: 3 élèves se sont enfermés dehors. Et là, c'est le drame. Je sens une veine de mon cou gonfler, ma voix mue étrangement, mes cheveux se dressent, les poils se hérissent, ma chemise se déchire en un râle, bref, je passe de ça à ça:






Je fais sortir tous les élèves de l'étage, je leur passe un petit bronchon comme je sais faire (et oui, j'ai une réputation à défendre) et leur promets que l'Enfer de Dante ne sera qu'une douce caresse face à ce que je leur réserve si je ne passe pas une nuit récupératrice, (ce qui suppose le silence et un minimum d'intelligence pour gérer une clef, bordel !!!!).
Je passe en mode maton de prison pendant une heure, puis dodo, je m'écroule jusqu'au lendemain.

Jour deux: Heureux qui comme Ulysse ....
Réveil à 6 heures du matin, et je commence par une douche glacée. Oui, dans l'auberge, c'était au choix: soit pas de chauffage pendant toute la nuit, soit réveil tonique. L'auberge nous donne les pique nique pour le soir, je fais l'erreur fatale de jeter un coup d'oeil à ce qui nous attend et je découvre la même salade de riz que la veille. J'ai une pensée pour notre allergique qui va encore se régaler.
On filoche au Louvre avec du retard comme d'hab' et le temps de poser nos sacs et d'être si chaleureusement accueillis par le musée (je sais pas vous, mais moi, j'ai jamais eu l'ombre d'un sourire aux renseignements) il nous reste 25 minutes pour visiter le Louvre ! "Alors là vous voyez la Vénus de Milo. Nan, elle a pas de bras ! Pourquoi ? parce que l'artiste a du poser son sac au Louvre, et il lui restait que 25 minutes pour terminer sa statue. Et là c'est le Radeau de la Méduse. Vous voyez un radeau, et vous voyez une méduse, et ben tu l'imagines la méduse, on n'a pas le temps..."
après midi où l'on ne fait que passer devant Notre Dame de Paris, bateau mouche shopping et direction le train où l'équipe éducative, avouons-le, s'écroule lamentablement.
remise des loulous aux parents, sur 95 parents présents, 4 merci prononcés et comptabilisés.

Oui, mais le regard émerveillé de N.... qui n'était jamais allé à Paris et qui n'a eu de cesse de s'intéresser à tout ce qu'on lui proposait, lui pourtant si effacé en cours. Rien que pour lui, ça valait le coup.
et je ne pensais pas le dire, mais l'an prochain, je resigne !!!!! Paris: "A nous deux, maintenant !"

mardi 2 février 2010

instant détente

allez quelques petites perles glanées ça et là dans les copies.
" Dans quelle partie de la France vivaient les trouvères ?"
==> en Inde.
"Qui a restauré Notre Dame de Paris au XIX° siècle ?"
==> des hommes. (et moi qui pensais que c'était des singes savants qu'on avait dressés que pour ça)
" Quelles sont les armes offensives du chevalier dans ce texte ?"
==> son épée et ses aisselles (ben, oui, à cette époque, c'était pas la fraîcheur Narta).

Le pire dans tout ça, c'est qu'ils sont hyper sincères dans leurs réponses, y a pas l'ombre d'une provocation.

Dans quelques jours, je pars en voyage scolaire. Mon premier. J'angoisse à mort. Mais la bonne nouvelle, c'est que j'aurai des trucs à raconter. Enfin, pour ma santé, pas trop non plus, j'espère ....