dimanche 26 septembre 2010

sourire dans la grisaille.

Depuis deux jours, je ne vais pas très bien. Je ne souhaite pas en parler ici, je suis juste très triste à l'idée de perdre quelqu'un qui m'est devenu très cher. Bref, pas le meilleur week end de ma vie, mais je reste en silence pour ne pas rajouter de la tension à celle déjà existante.
C'est dur, mais aimer, c'est aussi accepter les silences et les moments de réflexion douloureux de l'autre.
bref, un sourire en cette journée, alors je pensais pas un jour dire ça mais merci Rachida (sans autre commentaire, je vous laisse découvrir):


Lapsus: Dati confond "inflation" et... "fellation"
envoyé par LePostfr. - L'info video en direct.

bon allez je vais terminer ma journée devant un film merdique des années 80 avec Balasko. Oui, j'en suis réduit à ça ... lol

jeudi 23 septembre 2010

instant léger et poétique

Tout ce que je peux dire, c'est que mes élèves étaient pas en grève de conneries aujourd'hui.

Je commence mon cours et je me rends compte que j'ai oublié de leur filer un travail préparatoire. C'est pas une catastrophe, on va le faire en cours : il s'agit de chercher quelques définitions dans un dico. La salle en est équipée donc tout roule.
Sauf que je trouve ça hautement barbant comme activité, et qu'un élève qui se barbe, c'est aussi un prof qui se barbe.
Donc je décide de dynamiser tout ça en faisant un concours de rapidité : le premier qui trouve la définition gagne ma reconnaissance éternelle.
Ils marchent, ils courent et se prennent allègrement au jeu. l'enthousiasme monte :
"non, c'est moi, c'est moi qui l'ai trouvé en premier ! " "m'sieur il triche ..." etc. On en oublierait presque qu'on est en train de manipuler le bouquin le plus utile mais également le plus chiant du monde après le botin. (ok, j'entends déjà les puristes qui vont me dire : "quoi, un prof de français qui aime pas les dico ? " J'ai rien contre Robert, mais avouez que de là à en faire son livre de chevet, vous avez une petite margeounette de manoeuvre ...)
dans les derniers mots à chercher se trouve "quadrant".
Un gamin le trouve, je crie stop, et à nouveau les réactions ne se font pas attendre, sauf que celles-ci je les avais pas vu venir:

" Oh m'sieur, c'est pas juste, je rentrais dans le q !"
"moi j'avais le doigt dessus !"
"et moi j'étais en plein dans le q"

je relève, je relève pas ? allez, laissons leur leur innocence.

samedi 18 septembre 2010

money money money


cette année, je suis coordo de la discipline. Autrement dit, je vais me cogner d'avantage de réunions, et c'est moi qui suis en charge de mater le budget pour passer les commandes de bouquins ou de DVD. et y a pas de contre partie.... C'est bizarre, j'ai entendu comme un bouchon de champagne péter quand j'ai dit oui ...

Bref, je suis en charge du budget.
moi.
je pointe jamais mes comptes. la dernière fois que je l'ai fait, on était encore aux francs.
j'ai envie de dire : mwahahahahahaha.
(au passage, je précise que je suis fils de banquier. si vous y voyez une explication lacanienne ou freudienne, vous gênez pas dans les comm).

mais quand on me file "une mission", je m'en acquitte toujours le plus sérieusement possible, parce que, c'est viscéral je ne supporte pas d'être pris en défaut ou de décevoir quelqu'un.
Donc, d'après les rudiments que mon père m'a appris, la première chose à faire est de savoir combien nous avons de sousous en français.
Je précise que nous fonctionnons en année civile et non en année scolaire, donc que le crédit a déjà été entamé en septembre.

Coïncidence, ironie du sort, je ne sais pas, mais il me revient aux oreilles que La Banquière, notre gestionnaire, a une façon très particulière de gérer les comptes. Y a plus de sous en italien, ben on va puiser dans les crédits des autres disciplines, c'est pas grave.

Je vous rappelle qu'il y a du sang de banquier qui coule dans mes veines et quand j'entends ça, le mien ne fait qu'un tour : elle va pas nous piquer des sous, cette conne !

Donc je vais la voir et je lui demande ce qu'il nous reste des 800 euros que nous avions en janvier. elle sait pas trop, elle cherche dans ses post it (véridique) à un moment donné, je la vois s'accroupir et regarder sous un meuble, et intérieurement, je me loue de l'ordre qui règne dans mon bureau en vérité bordélique mais ô combien plus ordonné que le sien.
Je m'impatiente, et je lui dit qu'elle me laisse l'info dans mon casier.
résultat : 180 euros.
sachant que nous n'avons fait AUCUNE commande depuis Janvier. Les seules dépenses ont été pour les photocops.
après m'être dûment renseigné auprès de mes collègues pour savoir si l'une d'entre elles n'aurait pas préparé une petite expo personnelle au Grand palais des plus belles photocopies de son cul, il en ressort le constat suivant : y a une couille dans le beurre, une verge dans le potage, un braquemard dans le Royco Minut Soup.
Je retourne donc voir La Banquière, et je lui demande de m'indiquer exactement nos dépenses. je vous épargne et je m'épargne la séance post it gymnastique, et toujours dans mon casier arrive une feuille récapitulative de nos dépenses, avec écrit en rouge : budget : 570 euros et non 180.
Comme dirait Muriel Robin, je crois qu'on a affaire à une boulette. à presque 400 euros la boulette, on a déjà affaire à une bonne grosse boulette, là.
Bref, plutôt content de moi.

mais pas totalement.
parce que sur la feuille, y a que des codes styles GIRT /ECOHDR avec les sommes en face. Et moi, ben j'aime bien comprendre.
Donc je retourne voir La Banquière pour avoir un crédit Cetelem une explication et là, je me transforme en marchand de tapis. et que je te rogne le budget photocopies, et que je t'obtiens 2 recharges de cartes gratos, et la montre, c'est cadeau, et puis tu me rajouteras aussi la valise en skaï et la chemise en flanelle.
Bref, il se trouve qu'on a presque plus de budget en septembre qu'en janvier ...
elle était épuisée, à la fin. je pense que je l'ai eue à l'usure.

Y a deux jours, j'y suis retourné pour lui demander où se trouvait la caméra du bahut (pour mon projet). j'ai clairement vu une lueur de désespoir dans ses yeux quand j'ai franchi la porte de son bureau.

note pour plus tard : faire une recherche généalogique pour voir si j'aurais pas des membres de la famille habitant le sentier.


lundi 13 septembre 2010

Bogoss, Kubiac, Kévina et autres surprises, the rentrée, saison 2 (2 )



je vous avais laissé sur une note hautement intrigante avec the bogoss. Ben autant être honnête avec vous tout de suite, je l'ai vu qu'une fois depuis ma rentrée, nos emplois du temps doivent apparemment pas correspondre. C'est donc pas sur lui qu'il faudra compter pour faire monter la température ici ...
le jour de la rentrée, c'est donc étonnamment zen que je me suis rendu au bahut. J'étais beaucoup plus stressé la veille de ma prérentrée alors que les enjeux sont moindres. Allez comprendre.
Bref, j'arrive à mon cher bahut et je vois que déjà il y a eu des changements de salle. décidément, ça commence bien ...
je vais chercher les loulous (je suis professeur principal d'une cinquième) et déjà j'assois ma réputation de prof bien chieur psychorigide que Norman Bates à coté, c'est un Bisounours, puisque je refuse de les faire monter tant que j'ai pas un rang correct.
Puis quand ils rentrent en cours, je place mon pied devant la porte quand l'élève ne me dit pas bonjour. "Fais la bise à Papa !!!!"
Enfin, j'y vais de ma petite pique à ceux qui se sont assis sans attendre que je les y autorise : " t'es épuisé ? à 13 ans, c'est consternant !"

Chaude ambiance ...
Ils s'attendaient à quoi ? aux petits croissants et aux chocapic ???
Bref, on commence, on se présente, je leur file leur emploi du temps (ouais, je suis pas vachard, j'attends pas la dernière minute, comme d'autres ...) puis je leur demande de me faire la fameuse fiche de présentation. Plus les années passent, plus elle est succincte. Au début, je leur demandais 40 000 trucs, des classiques noms prénoms aux plus inattendus : groupe sanguin, ce qu'ils avaient bouffé au déjeuner et couleur des chaussettes. et j'exagère à peine.
Aujourd'hui, je me contente de savoir ce qu'ils ont étudié l'an passé, juste pour constater à quel point l'ado est frappé d'amnésie pendant l'été. Faut dire que Secret Story est passé par là (cette année, je vais tenter : "ici la voix, apprends tes leçons"). Je leur demande aussi ce qu'ils ont lu pendant l'été (oui, je sais , j'aime me faire mal). Réponse d'un gamin : les panneaux routiers. Je sens un vrai potentiel de comique là. Enfin, j'espère ....

Bref, on passe sur la fameuse fiche et les papelards assommants à distribuer, sur les laïus concernant le règlement intérieur, pour en arriver à ma star de la classe.
Kubiac. Oui, monsieur, oui madame Kubiac en personne. Situons car je vous parle d'un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaitre.
Kubiac, c'était un colosse dans une série, disons décalée, des années 90 Parker Lewis ne perd jamais. Kubiac, c'était Abraham Benrubi, le mec de l'accueil d'Urgences. Kubiac, c'était un élève qui passait son temps à frapper les autres et qu'on ne pouvait calmer qu'avec de la bouffe.
Bon, ben j'ai le même.
Même gabarit, même passe temps, sauf que le mien, ben il a des faux airs de Pugsley Adams. oui, c'est une option. Ah, il va en faire tourner des têtes, c'est moi qui vous le dis.
Bref, kubiac a su se maîtriser 20 minutes, puis profitant que je lui tournais le dos pour passer dans les rangs (erreur fatale) il s'est mis à donner frénétiquement des coups de règle à son voisin le plus proche, c'est à dire séparé par une table (oui, j'avais été prévenu, donc, j'ai fait le vide autour de lui). Comme j'ai aussi des yeux dans le dos, je lui ai passé un bronchon à ma façon, me disant que ça allait le calmer. Douce illusion ....
A 9 h 30, j'annonce à la classe que nous allons descendre pour prendre la photo de classe. Oui, cette année on a évacué le rituel le jour de la rentrée. Sauf que les gamins ne le savaient pas. Quand je les ai prévenus, mouvement de panique, et geste quasi unanime : la main sur le couvre chef.
Il faut savoir que chez l'ado, l'essence, que dis-je la quintessence de la beauté passe par les cheveux. Dont acte avec les technoboys et les méchus.
Bref, on descend pour se faire tirer le portrait (comme les gamins te connaissent pas encore, ils insistent pas pour que tu sois sur la photo, j'adore cette formule !) puis ils sont pris chacun à leur tour.
Ben, j'ai rechopé mon Kubiac en train de taper des élèves. Et deux fois de suite en 5 minutes quand même ! Je sens que les heures de vie de classe vont être mouvementées ....

Au bout de 3 heures de bons et loyaux sévices (vous avez bel et bien lu) je relâche les fauves. Mon kubiac fonce dans la queue pour la cantine, et quelque chose me dit qu'il a su jouer de sa poigne et de son influence pour passer plus vite .....


L'aprem, premier contact avec mes 4°. je les emmène dans une grande salle pour qu'on leur commente et surtout rappelle le règlement intérieur. Je vois une miss en train de bavarder avec l'affreux de la classe (que j'ai depuis 3 ans ...) et je lui fais donc une remarque. Et kévina de prendre un air blessé, de se caresser la mèche et de s'exclamer "Ohhh, c'est bon, oh là là !!!"
Je sens que je viens de me faire une nouvelle amie, tiens.
Je les ramène en cours, et ce que je soupçonnais se confirme : Kévina est une dinde. De concours. elle va passer son heure de cours à bien lisser sa mèche de devant, et à donner du relief à l'arrière de ses cheveux, en me regardant d'un oeil vitreux. A un moment, j'ai même un doute : je suis pas en train d'enseigner en CAP coiffure, là ?
A la récré, je me renseigne sur la dinde en question auprès des collègues qui m'en font l'historique : Kévina a fait sa 6° et sa 5° dans le collège, mais sa mère a pensé que nous étions de gros branleurs incapables de comprendre sa chère enfant. Donc, elle l'a foutu dans le privé. Sauf que la chère enfant a été virée du privé. Donc retour chez les gros branleurs précédemment cités pour effectuer son redoublement de 4°. Je pense que je vais particulièrement apprécier la réunion parents profs ...

Enfin, je prends contact avec mon autre classe de cinquième le lendemain. Il se trouve que je les vois le matin et l'aprem. La classe me semble correcte mais le professeur principal me dit qu'après mon cours, ça a clashé avec une élève qui a même voulu quitter son cours. Il a donc rencontré la mère, paumée, et me demande, comme je les revois l'après midi, d'informer la donzelle qu'elle sera collée le surlendemain.
Sauf que la donzelle manquait à l'appel l'après midi ... Elle a fait péter les cours pour ... s'allonger dans le champ, juste à coté du bahut. Quand je dis juste à coté, c'est que la salle des profs est au dessus de ce champ.
Que penser ? Je reste coi. Mais elle me permet de lancer un jeu concours : à vous de trouver un joli surnom à la donzelle en question. J'avais penché pour Laura Ingalls, mais peut être serez vous plus inspirés.
Pour info, ça a clashé le lendemain avec la prof d'histoire. Je pense que je suis sur sa liste, mais je connais pas encore mon ordre de passage.

Bref, en synthèse, j'ai un chieur dans chaque classe :

jeudi 9 septembre 2010

Bogoss, Kubiac, Kévina et autres surprises : The Rentrée, saison 2 (1)


Vous êtes ici sur le blog d’un prof, et celui-ci ne sacrifiera pas au marronnier de Septembre : le récit de la rentrée et de la prérentrée.

Acte Un : la prérentrée.

Je me fais rare sur le blog et d‘une façon générale dans le monde virtuel, puisqu’avec le déménagement, je n’ai pas eu internet pour un petit moment (jusqu’à aujourd’hui, pour être précis. Le billet attendait sagement sur Word). Or, cette année, le flot des informations intéressantes pour ma rentrée (organisation de la journée de prérentrée, ordre des différentes réunions ….) et surtout le plus important : mon emploi du temps sont arrivées par mail.
Oui lecteur non prof, il faut que tu saches que tout ce qui intéresse un prof, le jour de sa prérentrée, c’est son emploi du temps et sa liste d’élèves. Le monde peut s’écrouler autour de lui, il s’en tamponne le coquillard, il attend son emploi du temps et sa liste, fiévreusement, avec la foi du chevalier en quête, bravant les réunions et les croissants indigestes, espérant obtenir rapidement son graal, c’est à dire l’emploi du temps sur un jour et demi, et la classe de rêve où en gros t’as tous les latinistes et les classes européennes.
Certains établissements, sadiques, attendent la fin de la journée, pour te filer ce que tu attends. D’autres, compatissants, te l’envoient pendant l’été.
On est dans la seconde catégorie. Sauf que comme c’est envoyé par mail, ben moi, j’ai été marron chocolat. Dieu merci, une collègue, adorable et compatissante, m’a appelé pour me le fourguer, le fameux graal. Bon, ben, question graal, ça s’est avéré un truc en toc, un trophée que tu trouves à la foire fouille, déjà déteint avant même que tu l’achètes : pas d’emploi du temps sur 3 jours, damned !
Mais ce qui m’a quand même fait marrer, c’est que l’établissement a envoyé communément TOUS les emplois du temps à TOUS les profs, sans faire du cas par cas. Pour ceux qui sont profs, vous avez tout de suite capté les conséquences. Pour les autres, je resitue.
Quand tu reçois ton emploi du temps, tu te démerdes pour le mater à l’abri des regards indiscrets. Toutes les techniques sont bonnes : tu l’embarques et tu prétextes un coup de fil – une gastro soudaine- la mort prématurée de ton chien ou ta belle mère (rayez la mention inutile) pour pouvoir t’isoler et contempler l’objet de tes vœux. Ou alors, tu le plies et tu lui jettes des regards furtifs, mais fréquents, de peur de te brûler les yeux devant la feuille de la connaissance. Pourquoi toute cette mise en scène ? Mais pour pas attirer la jalousie des collègues, ma bonne dame !
Manquerait plus que tu bosses pas le jeudi matin, et que ton collègue, qui avait expressément demandé cette demie journée soit destinée à la mine à ce moment là pour t’attirer les foudres du plus pacifiste des profs. « Mouais, c’est pas étonnant, de toute façon, il a tout fait l‘an dernier pour se mettre la boss dans la poche. Il a assisté à tous les CA et j’ai bien vu les roses qu’il a posées dans son bureau pour le jour de son anniversaire. Puis il lui a changé une roue, une fois, sur le parking. Je le sais de source sûre, c’est un élève qui me l’a dit. C’est clair, il couche avec elle depuis 3 mois, c’est obligé ! Lèche cul, lèche cul, lèche cul !!! »
En fait, c’est très simple quand le prof reçoit son emploi du temps, il déploie exactement les mêmes ruses de sioux que l’élève qui reçoit une mauvaise note : il planque l’objet du délit, prend une mine impénétrable et ne répond que par monosyllabes.
Donc imaginez un peu quand vous recevez votre emploi du temps, mais surtout celui de tous vos collègues, 2 jours à l’avance ….
Vous avez largement le temps de comparer, voir qui a été favorisé ou lésé et nourrir vos petites inimitiés pour l‘année (« avec l’emploi du temps qu’elle a, cette salope, je vais cracher tous les jours dans son casier »).
Bref, le jour de la prérentrée, chacun s’est pointé avec son emploi du temps imprimé, mais surtout annoté en rouge (déformation professionnelle) pour voir ce que tu vas pouvoir réclamer.
Oui, parce que la seconde règle du jeu, le jour de la prérentrée, c’est de changer au maximum ton emploi du temps. Toutes les excuses sont bonnes : « j’ai ma nounou à cette heure-ci / je me suis inscrit aux Pilates / je dois récupérer mon panier bio (sic) ». et le bureau de la principale de se transformer en mur des lamentations….

Puis vient l’heure de découvrir la liste de tes élèves ….
et là nouveau jeu, nouvelle règle : chacun doit énumérer devant 3 ou 4 profs anciens de l'établissement sa liste d'élèves pour obtenir le maximum de commentaires. Comme ça tu sais à quoi t'attendre, t'es prêt à en découdre.
Notez que le jeu est impossible avec les classes de sixième, et se révèle particulièrement riche pour une classe de troisième.
Bref, les élèves sont classés avant même que tu les aies vus.
les étiquettes sont souvent un peu les mêmes :

la fratrie :"j'ai eu les deux frères et la soeur, ben, franchement, ça doit pas être un cadeau"
le neuneu : "naaan, il est gentil, c'est un gentil, mais ...."
le cas soc' : "alors, lui sa mère a tué son beau frère en foutant le feu à sa caravane et son père couche avec la belle mère. il a quelques problèmes, on va dire ..." (oui, en ce jour de rentrée, faut manier l'euphémisme pour être sûr de revenir le lendemain)
le fils de : " la mère m'a hurlé dessus en réunion parents profs et elle écrit 3 fois par semaine au principal." / "et le gamin? " "Hein ? chais pas, me rappelle même plus sa tête"
la perle : " Vif, poli, travailleur, attentionné, il te change une roue et t'offre des roses, tu vas te régaler avec lui !" (la phrase étant prononcée avec un regard mélangeant l'amour le plus indéfectible et le regret le plus profond de ne plus l'avoir cette année)
le fantôme : "Chais pas, je l'ai pas eu " / "euh, selon les listes, tu l'as eu pendant 3 ans ..." / "t es sûr ???"

Bref, tout ça c'est du classique.
Mais qui dit rentrée, dit aussi nouveaux personnages ...

Let me introduce you .... the bogoss.
en effet, cette année, l'éducation nationale a lancé une expérience inédite et a recruté un surveillant chez l'agence Elite pour voir les réactions des élèves et de certain(e)s profs.
ils ont pas fait les choses à moitié, l'éduc nat, et je vous tiendrai au courant des prochains résultats ...

en attendant la lecture de l'acte deux, je vous laisse ici le récit d'une collègue toujours hautement fréquentable sur sa prérentrée.

le bruit des glaçons


Déménagement terminé, will bien installé et ciné programmé donc.
Tenté par le dernier Blier, même si dans ce domaine, mes connaissances n’ont rien d’encyclopédiques. Je n’ai vu à ce jour que les Valseuses et Tenue de soirée (culture gay oblige, j’imagine, même si ce n’est définitivement pas la meilleure image de l’homosexualité que donne Blier dans ce film). 2 films qui ont forgé dans mon inconscient et dans celui de nombreux autres spectateurs l’image d’un provocateur.
Blier s’attaquant au cancer et à la mort, ça promettait de donner un film grinçant et original. Promesse tenue.
Le film s’ouvre donc sur un Dupontel (le cancer) marchant d’un pas décidé vers sa victime. Plan large sur Dupontel de dos, puis plan large sur Dujardin, l’écrivain alcoolique qui ne se départ jamais de son seau de glaçons et sa bouteille de vin blanc. Symétrie donc, et pacte de lecture passé : c’est sur le double et l’unique que va travailler Blier.
Les duos et les couples vont se faire et se défaire sous la pulsion de vie que réveille le cancer. Chaque personnage va alors fonctionner par deux, et malheur à celui qui n’aura pas trouvé son cavalier dans cette maison apparemment au lourd passé : il en sera exclu. Car la question principale de Blier est de savoir qui va vous fermer les yeux lorsque votre heure arrivera.
La gémellité entre Dujardin et Dupontel est ainsi accentuée dans une scène cocasse où les deux hommes partagent le même lit. Car la cocasserie touchant souvent à l’absurde le plus noir, l’humour le plus désespéré est omniprésente dans le Bruit des glaçons. Ainsi quelques répliques plus que grinçantes comme « Soyez polis ou je vous colle un pancréas » abondent.
Chacun se cherche et cherche l’autre dans ce film, et les monologues sont plutôt rares. Dujardin pactisera d’abord avec son cancer puis tentera de se rapprocher de sa bonne, Louisa, la seule à l’aimer vraiment.
Mais Louisa est elle même atteinte d’un cancer, interprétée par Miriam Boyer. Chacun des personnages devra ainsi se débarrasser de son double maléfique pour mieux se retrouver.
Si la fin peut paraître artificielle, le bruit des glaçons n’en reste pas moins un film émouvant et tendre, sans doute grâce au personnage de Louisa, formidablement interprétée par Anne Alvaro, énigmatique et délicate, résignée mais présente.
Le couple des cancers (Dupontel / Boyer) est savoureux et dérangeant (vraie bonne idée d’avoir pris Miriam Boyer pour le rôle, goilleuse et inquiétante à souhait). Quant à Dujardin, on ne cesse de le redécouvrir et on s’étonne que Blier plus tôt n’ait pas collaboré avec l’acteur tant le duo tombe sous le sens.
Original, dérangeant, cocasse, tendre, Le Bruit des Glaçons ne s’interdit rien, et conquit le spectateur.

Pour le coup, il m’a donné la furieuse envie de me faire une rétrospective Blier (possible avec mon abonnement à la vidéothèque) et de foncer voir Désolé pour la moquette, la pièce de théâtre de Blier qui commencera le 9 septembre, avec la géniale Anny Duperey et toujours Miriam Boyer.