lundi 29 novembre 2010

deuil

ce blog n'a jamais aussi bien porté son nom que ce soir.
après une parenthèse heureuse et enchantée, celle ci s'est terminée depuis quelques heures.
certes, elle avait commencé à se ternir depuis deux semaines. les angoisses m'assaillaient de plus en plus, nourries par des messages froids, l'absence continue du mec que je fréquentais.
j'ai du passer mon anniversaire seul.
j'avais enfin rencontré quelqu'un qui avait des valeurs en commun avec moi. Je pensais construire quelque chose, j'avais tort.
ce soir, il m'a dit qu'au bout de 3 mois il sentait bien qu'il ne m'aimerait jamais.
avec lui j'ai eu une relation tout à fait particulière car j'ai pris le temps. je pensais être sur la bonne voie. aujourd'hui je suis encore plus chamboulé.
si je me précipite, ça rate. si je prends mon temps, ça rate. le facteur commun dans les deux situations: moi.
il faut que je me rende à l'évidence, il y a quelque chose de pas aimable en moi.

ce soir, juste l'impression que ma vie consiste à faire un deuil continuel : ralph, mes liaisons passées, et aujourd'hui A...

il parait que l'espoir est ce qui meurt en dernier. je viens de l'enterrer ce soir.

jeudi 18 novembre 2010

la jeunesse d'aujourd'hui


j'ai hésité à intituler cet article "instant poétique" ou "de mon temps ...".

ce n'est pas un événement qui m'est arrivé personnellement mais une collègue en a parlé à midi et je ne résiste pas au plaisir de vous en faire profiter.

la collègue évoque donc deux élèves, aujourd'hui en 4°, mais que j'ai eu l'an passé en 5° et que je situe donc très bien.
Portrait des deux donzelles : niveau scolaire faible, voire très faible, et participation inexistante. Regard bovin, type plante verte. Vraiment inoffensives, limite inexistantes, mais autant le dire franchement limitées. Si tu abordes un concept un peu subtil, tu peux être sûr que tu les as perdues au troisième mot. est-ce mon imagination, mais il m'a semblé un jour voir perler un peu de bave aux commissures des lèvres de l'une d'elles.
L'an passé, elles étaient dans des classes séparées, aujourd'hui, elles sont réunies, mais ça n'augmente pas vraiment le niveau de danger ou le niveau intellectuel. Deux tanches l'une à coté de l'autre, ça fait un joli plateau de poissons, mais définitivement pas un prix nobel.

Et apparemment, aucun miracle n'a eu lieu pendant les vacances: elles restent désespérément éteintes en 4°.

hier les deux donzelles quittent mollement la salle de ma collègue et laissent derrière elles une boulette de papier. là y a deux réactions possibles: soit tu prends la boulette et tu fous à la poubelle (ce que je fais) soit tu ouvres la boulette, tu en lis le contenu puis tu la fous à la poubelle (ce qu'apparemment 80 % des profs font). Bien en a pris à ma collègue car sans ça, pas d'article.

Sur la missive était donc écrit le délicat message suivant : "j'aime trop comment tu t'es sapé aujourd'hui, t'es trop sex. grave tu m'excites ! je te jure, je mouille toute seule là. j'ai trop envie de te sentir t'enfoncer bien dur en moi".

on ne sait pas exactement qui des deux donzelles a écrit ça (une enquête graphologique est en cours) mais je crois qu'hormones + cure de juvamine sont dorénavant à proscrire. Si ça se trouve, c'est un nouveau scandale médical type Mediator qui nous attend !!!!

Et dire que j'hésite à leur faire étudier Les Liaisons dangereuses et qu'une copine a eu des emmerdes quand elle a fait La Terre, avec des premières.

Puisqu'on est dans le même thème, ça me rappelle deux autres anecdotes qui à nouveau ne me sont pas arrivées directement (c'est pas croyable, je les castre ou quoi ? A croire qu'on rentre dans un couvent quand on rentre dans mon cours).
Il y a quelques années, une collègue en passant dans les rangs et en distribuant le travail à faire a surpris une photo disons insolite dans l'agenda d'un gamin. elle se saisit donc du cahier de texte et découvre qu'il a toute une série de photos de lui, à poil, dans des poses suggestives. Son excuse : il voulait imiter le calendrier des Dieux du Stade. je précise que le merdeux était en sixième ....
Il y a quelques mois, une collègue demande à ses élèves de produire un fabliau. Une gamine , vraiment pas fut fut, lui a recopié une page d'internet. Il s'est avéré que c'était un extrait bien salace de la philosophie dans le boudoir de Sade. elle a pas compris un traître mot de ce qu'elle recopiait (Dieu merci). Mais on s'est quand même demandé comment elle avait fait pour atterir sur cette page alors qu'elle était censée chercher un fabliau ...

dans une semaine jour pour jour, c'est mon anniversaire, et je vais passer à 31 ans. Ben quand je vois la jeunesse actuelle, je me sens vieux.

Y a plus de saison, ma bonne dame.




dimanche 14 novembre 2010

Potiche


Ozon, c'est un peu notre Almodovar français. Je sais c'est très schématique de dire ça, mais je m'explique. Comme chez le cinéaste espagnol, il y a deux Ozon : un provocateur et divertissant (Sitcom, 8 Femmes) et un sérieux et émouvant (Le temps qui reste, Sous le sable ...).
Potiche appartient à la première catégorie.
Mais les comédies chez Ozon sont bien souvent plus complexes qu'il n'y paraît. Plusieurs niveaux de lecture se superposent à chaque fois.
Derrière l'intrigue policière, 8 Femmes invitait à une délicieuse relecture du cinéma français : une réplique de Truffaut dans la bouche de Deneuve, qui déclenche les larmes d'Ardant, sa dernière compagne à la ville; une photo de Romy Schneider qui tombe du tablier de Béart, celle qui a remplacé l'actrice décédée dans la filmographie de Claude Sautet, et qui est ramassée par Deneuve, qu'on se plaisait à opposer à Romy dans les années 70...
Potiche fonctionne de la même façon. Ozon s'amuse à nouveau avec l'icône Deneuve, et son imposante filmographie: son mari tient une usine de parapluies (de Cherbourg ? ), elle s'amuse à composer de petits poèmes sur une nature idéalisée, comme au temps de Demy et de sa Peau d'Ane. Quand elle retrouve un ancien amant, c'est évidemment Depardieu avec qui elle a partagé 8 films etc...
Mais au delà du plaisir des clins d'oeil cinéphiles, le film tend un sous texte politique assez réjouissant. Luchini, (excellente surprise de la distribution car ne faisant jamais du Luchini) renvoie par certaines répliques à notre actuel grand manitou du remaniement. Deneuve, elle, toute de blanc vêtue, est un double de Ségolène Royal. Pas de franc message politique au demeurant, chaque "camp" étant in fine renvoyé à ses propres ridicules.
si l'on regrettera une dernière partie de film plus poussive, Potiche offre de francs moments de rigolade, avec une distribution excellente de bout en bout.
Certes moins jubilatoire que 8 Femmes, mais ne gâchez pas votre plaisir et foncez voir l'une des comédies les plus réussies de l'année.
4.5/ 5

samedi 13 novembre 2010

une forme de vie, Nothomb


Bon , alors il est comment le dernier Nothomb ?

C'est un peu la question annuelle qu'on se pose, et à date fixe en plus. L'auteur partage ça avec le beaujolais nouveau, Woody Allen et jusqu'à récemment Chabrol.
Ca a quelque chose de rassurant en somme. Comme une vieille amie qu'on est sûr de retrouver chaque année. Un Noël en Septembre en quelque sorte.
J'ai découvert Nothomb il y a 7 ou 8 ans par le biais du boulot. Je faisais un stage d'observation dans un lycée (en gros, je posais mon cul sur une chaise au fond de la classe et je regardais un prof faire cours à des lycéens, peu motivés). le prof que je suivais voulait leur faire étudier Stupeur et Tremblements. je me suis donc procuré le bouquin et j'avais quelques heures pour le lire. j'avoue être entré dans l'oeuvre avec quelque réticence : le coté barré de la demoiselle sentait la pose commerciale. J'ai d'ailleurs souvent des a priori sur les auteurs récents et je pense que certains sont fondés (Guillaume Musso, Marc Levy ...).
C'est donc une excellente surprise qui m'attendait en lisant Stupeur: un livre qui m'a provoqué de nombreux fous rires (la fameuse scène où Amélie pète un boulard et revisite la messe à sa façon ...). J'ai donc enchaîné les Nothomb en lisant l'autofiction et certains romans (mention spéciale à Hygiène de l'assassin et Mercure).
"la vraie rêverie est une rêverie pauvre, ressassante" disait Gracq. la formule s'applique, sans jugement négatif, à Nothomb (comme je crois à tous les romanciers). chacun travaille avec ses matériaux propres, reprenant les mêmes thèmes, la différence se faisant dans le dosage..
chez Nothomb, on retrouve donc d'oeuvre en oeuvre la réflexion sur le mensonge, l'apparence, l'écriture et la faim (souvent associée à la mort).
Comme pour contenter son lecteur habitué, Une forme de vie fusionne tous les thèmes précédemment cités. Amélie (oui au bout de 12 romans, je me permets de l'appeler Amélie) reçoit une lettre d'un soldat américain, embourbé dans la guerre en Irak. Ce dernier souffre d'un mal propre à cette guerre: l'obésité. L'échange épistolaire permet ainsi à l'héroïne de réflechir au pouvoir de la littérature, à ses relations avec son lectorat (elle se targue de répondre elle même à son courrier) et donne aux passages quelques astuces pour s'assurer de sa réponse : faire court quand on lui écrit. Outre ces conseils, le lecteur glanera au passage quelques idées intéressantes sur le genre épistolaire ou une étymologie originale et marquante du mot diplomatie.(le recours à l'étymologie et à la figure du style comme clef de compréhension de soi et des autres est une marque de fabrique, une signature chez l'auteur belge.)
l'obésité de Melvin Mapple permet de placer le thème de l'apparence, thème nothombien par excellence. Comme dans Attentat, la difformité devient oeuvre d'art. Comme dans Biographie de la faim, l'anorexie est présente. Comme dans Mercure, on assiste à un twist final ...
Le lecteur se retrouvera donc en terrain familier, ce qui peut le conforter agréablement dans ses habitudes ou le lasser considérablement, tant la prise de risque est infime.

Et si le véritable renouveau chez Nothomb venait du silence l'an prochain ?

2.5/5

mercredi 10 novembre 2010

à quoi ça sert que Ducros ...


Hier, je me pointe au bahut, prêt à affronter une longue journée. Une réunion interminable et particulièrement pénible m'attend le soir, jusqu'à 19 h00/ 19h 30. Quand on est debout depuis 05 h 30, ça commence à être un peu longuet. Bref, je m'attends pas à la journée du siècle.
Doux euphémisme
le pire n'est jamais décevant...
quand j'arrive, je remarque une certaine ébullition. Ca parle fort, je surprends quelques gestes d'énervement, et comme je sens un filon et que j'ai un blog sur le feu, je m'enquis de la situation.
Mal m'en a pris. Une collègue de français qui a assisté au conseil d'administration la veille m'apprend que la banquière a fait des siennes. Elle a annoncé que toutes les disciplines étaient déficitaires. En bref, que l'ensemble des profs avait explosé leur budget. et qu'elle avait du puiser dans les fonds de réserve. Je vous laisse imaginer la réaction des parents présents au conseil administratif, voyant que nous, feignasses de prof en grève tous les jours pairs du mois, dilapidions sans vergogne l'argent du contribuable ....
De mon coté, je reste sonné, je suis allé la voir 4 fois par mois pour lui demander à chaque fois combien il nous restait. Y a pratiquement mon empreinte de cul sur la chaise de son bureau.
mais j'ai dans l'immédiat pas le temps de m'en occuper. je dois filer en cours où m'attend au passage une Passe Muraille malade qui me dégueule sur les chaussures.
j'attends ma pause et je demande un récit plus détaillé. Quand la collègue a dit à la Banquière qu'on ne pouvait pas être déficitaire, celle ci a ri en disant "Oh que si, vous l'êtes." Je farfouille à nouveau dans mes papiers et je retrouve les derniers chiffres: il nous restait 130 euros et nous en avons dépensé 110 pour l'achat de livres. Je suis pas prof de maths, mais enfin pour moi le calcul est simple.
je compte faire une expédition punitive dans son bureau mais je me fais coiffer au poteau par la prof de maths, qui, absente au conseil la veille, s'en est pris plein la gueule pour pas un rond. en gros, on lui a reproché un gros achat de 400 euros alors qu'elle avait eu l'aval signé de la Banquière auparavant. Pas de pot, la prof de maths est extrêmement organisée et garde tout. C'est donc avec le papier en main qu'elle va en découdre. elle reste au moins 20 minutes et finit par obtenir que la Banquière fasse des excuses au prochain CA.
Premier round. A mon tour. Je chausse mes gants, et je m'apprête à monter sur le ring. l'équipe de français veut m'accompagner pour montrer qu'on est solidaires. un petit coté 7 mercenaires.
on toque (à la porte je précise, vu le contexte, c'est pas inutile) et on lui demande de combien on est débiteur.
170 euros
...
Evidemment, on demande aussi des explications. La Banquière, les larmes aux yeux, se saisit d'un papier et tente vaguement d'appuyer ses propos vaseux par un schéma qui ne rime à rien. Au final, on comprend qu'elle a eu de grosses factures de papier et qu'elle a ponctionné à droite à gauche pour retomber sur ses pattes. Donc le chiffre de budget initial était dès le départ caduc. Moi qui adore les chiffres et qui me suis cassé la tête à faire des comparatifs de prix pour obtenir les éditions les moins chères ....

C'est décidé, l'an prochain, on te ruine l'état en commandant tous les volumes de la Comédie Humaine en Pléïade en série de 30. Et puis peut être même Proust, tiens. quitte à faire des choses mal, autant le faire bien ...

dimanche 7 novembre 2010

should i stay or should i go ?



les lecteurs familiers de mon blog le savent déjà. je vois ou j'ai vu un psy selon les périodes. en ce moment, le verbe est à conjuguer au présent. Le deuxième effet vacances en quelque sorte. Oui je sais je disais dernièrement que j'étais plutôt content d'être en repos sauf que j'ai un rapport particulièrement conflictuel aux vacances. Celles ci me sont imposées (ben oui je ne "pose" pas mes vacances, et psychologiquement ça change pas mal de choses) et le fait qu'elles tombent à date fixe, entraînant donc l'idée d'un cercle, d'une répétition, suppose pas mal de bilans : "l'an passé, à la même date, je ....". Ce que la plupart d'entre vous fait (ou pas) au premier janvier, pas mal de profs le font spontanément en Juillet ou en Septembre et pour certains, les plus angoissés dont je fais partie, le bilan s'impose (le terme est le plus approprié car il vous saute au visage) à chaque vacance.
Et surtout, celles ci me renvoient à ma solitude. Entre des après midi shopping, quelques séances à la muscu, des essais de cuisine et un repas pour Halloween, je me suis décidé à reconsulter un psy car l'angoisse me quittait difficilement et a bien failli me pousser à faire fuir quelqu'un qui m'est cher.
le 3° depuis janvier dernier. et m'est avis que ce sera pas le dernier.
Petit récapitulatif des différents médecins de l'âme que j'ai consultés, guide du routard express des psys à éviter ou ... à éviter !

numéro un : Mister Medoc.
Je l'appelle en Décembre, alors que j'étais au fond du fait-tout (la période à laquelle j'ai commencé ce blog d'aileurs). Première séance en janvier. Quand il me demande pourquoi je viens le consulter, je lui explique que je suis en dépression mais que je veux m'en sortir. Il me fait faire un test pendant une heure, puis, m'affirme, rayonnant : "vous avez un total de 36 sur 49. vous êtes dépressif !!!!". Tu parles d'un scoop, mon con, je te l'ai dit y a une heure. t'aurais pu économiser notre temps, mon argent, du papier et de l'encre. En revanche, j'ai vu dans le Marie-Claire de la salle d'attente un test pour savoir si j'étais plus Madonna ou Mylène Farmer et ça me dirait bien de faire ce test, au point où on en est !
Fort de l'incroyable travail d'investigation qu'il venait d'accomplir, le psy s'empare de son arme, c'est à dire sa feuille d'ordonnance et me prescrit une liste longue comme un film de Resnais d'antidépresseurs. Et chacun d'être accompagné par un commentaire dithyrambique. Bref, les médocs sont mes nouveaux amis. Or pour des raisons personnelles essentiellement familiales, je refuse de prendre des antidépresseurs. je l'en informe mais il s'en tamponne comme de son premier shorty, et me file le merveilleux sésame vers des mondes meilleurs, sésame qui attérira trois jours plus tard dans la poubelle.
je veux une vraie analyse, pas une ordonnance de médoc. Ce que je lui explique à la deuxième séance. Je vais pas être déçu sur ce point ! Les jugements à l'emporte pièce abondent : "votre problème, c'est que vous pensez que les relations longues peuvent exister"; "la tromperie est en chacun de nous, la fidélité n'existe plus"; "l'amour est mort il y a une quinzaine d'années, aujourd'hui, ce sont les intérêts commerciaux qui nous gouvernent..." J'en passe et des meilleurs.
et à chaque fois, il me ressort une nouvelle liste de médocs, tellement plus mieux bien que les précédents. J'ai beau lui dire que chaque ordonnance finit à la poubelle, il persiste.
Du coup, je n'ai pas confiance en lui, et je me construis toujours contre ses jugements et avis, contradictoires d'une séance sur l'autre d'ailleurs : "vous devriez couper tous les ponts avec R ", "vous devriez redonner une chance à R" "Vous devriez fermer une porte, mais ouvrir une fenêtre" (sic)
Z'avez pas dit "jacques a dit" !
J'ai décidé d'arrêter de voir Mister Médoc le jour où m'étant gouré d'horaire, j'ai eu le loisir de discuter avec une patiente dans la salle d'attente. La discussion a duré une heure, et m'a davantage aidé que les différentes séances avec lui ....

Numéro 2 : Miss Speedy Gonzales.
Quelques mois se passent, j'ai laissé en suspens la thérapie. Mais, je ne sais plus trop pour quelle raison, je ressens le besoin de consulter à nouveau. freiné par le psychiatre fournisseur officiel d'antidépresseurs, je préfère me diriger vers une psychologue, qui ne peut pas faire d'ordonnance. Ma meilleure amie m'en conseille une, et rendez vous est pris.
elle me reçoit et me fait m'installer dans un fauteuil en rotin. ("Mélodie d'amour qui chante au coeur d'Emmanuelle", oui, vous aussi vous y avez pensé). Elle s'installe devant moi, aucun bureau ne nous sépare. elle me sourit, d'une voix douce, m'invite à la confidence. et je me livre. Parfois, elle soumet une hypothèse, et pas conne en plus. quand elle me demande par exemple qui se cache derrière le pronom on que je viens d'utiliser, elle me suggère que ce mal être n'est pas que le mien, et que je supporte également la souffrance de mon père qui a lui aussi fait une dépression.
On avance, on tâtonne, mais on avance.
ET puis un jour, c'est le drame. Je la vois un jeudi matin. J'ai dormi la veille chez ma tante qui vit dans ma ville adorée, celle que je hante aujourd'hui. je me suis fait un ciné, suis allé boire un pot avec un pote, me suis fait un resto. bref, je suis en pleine forme. et en début de séance je lui dis donc que je vais bien. Que j'aurais des sujets de me plaindre puisque je n'ai pas obtenu ma mutation et que R a encore fait des siennes (aujourd'hui, me rappelle même plus quoi). Mais que j'ai décidé de ne pas me laisser abattre etc...
et là, elle me dit: "bien on va en rester là pour aujourd'hui.
-Nom de zeus, Marty, il y a eu un problème dans le continuum espace temps car ma séance a duré 3 minutes. Je vous dois combien ?
-60 euros, comme d'habitude."

...
petit problème de maths : Sachant que la séance de Will a duré 3 minutes et qu'il a payé 60 euros
a) calculez le prix de la minute d'analyse
b) calculez la probabilité exacte pour que Will se soit fait e... sans gel par sa psy
c) calculez la probabilité exacte pour que Will ne remette jamais les pieds chez cette conne.


numéro 3: Bernard Pivot
celui que je vois en ce moment. Bon alors être honnête avec vous, je sors tout juste d'une séance au moment où j'écris ces lignes. je pensais terminer mon billet avant d'y aller mais non. et comme la seconde séance a été beaucoup plus réussie que la première, j'ai sans doute perdu de ma morgue et le titre du billet perd lui en pertinence.
donc je me pointe mercredi dernier. et là premier choc, je vois un divan. je m'attendais à un portrait de Freud dans un coin pour parfaire le cliché.
je lui explique que je pense être un dépendant affectif et que ça paralyse ma vie et mes relations avec les autres et un en particulier, que ma peur peut me pousser à tout foutre en l'air. et là il me coupe :
"Lui ? vous avez dit lui ?
-euh, ben oui
-il s'agit donc d'un garçon ?
-c'est souvent le pronom qu'on utilise quand il s'agit d'un homme, en effet.
- vous êtes donc homosexuel ?
-Whaa, c'est Inspecteur Clouzot ici ou quoi ?
-je dois vous dire que je ne m'y connais pas du tout en amours homosexuelles !"

Ok, moi qui adore être mis dans des cases... Quelques minutes plus tard, le voilà qui s'écoute parler et me sort des citations d'un illustre inconnu. Puis il se raccroche à Sollers. Me dit que je bovaryse. Et aborde la cristallisation selon Stendhal. Je pensais être chez un psy, je suis au beau milieu du salon de Mme de Staël. Sauf que je suis venu pour me soigner, pas pour baigner en pleine conférence littéraire. Au bout d'un moment je coupe Guillaume Durand pour essayer de recadrer davantage sur le sujet qui me préoccupe : moi et mes angoisses. je cherche une piste et lui dis que ma dépendance affective vient sans doute du fait que j'ai été trompé et qu'il m'en reste une cicatrice. Et lui de me dire : " Vous savez, l'infidélité, dans le milieu homosexuel, vous l'avez un peu choisie finalement".
bref, une première séance désastreuse.
j'ai hésité à aller à la seconde, mais je m'y suis finalement rendu. et j'ai commencé par tout lui déballer : que je n'étais pas là pour parler littérature, que j'avais eu l'impression de perdre mon temps et que je ne savais pas si j'allais continuer avec lui.
un électrochoc pour lui puisqu'il a changé du tout au tout. je ne dis pas que je ressors avec la clef, mais je ressors en ayant l'impression d'avoir travaillé. en tous cas je ressors soulagé.

La suite au prochain épisode .. ou pas !


mercredi 27 octobre 2010

Cellulaire, Stephen King

Avec Stephen King, c'est une longue histoire d'amour.
Qui a commencé à l'adolescence.

Vous entrez dans une zone de flash back

Souvenir ému de mon premier roman du roi de l'épouvante, Ca. En sixième, j'accompagnais ma mère et ma grand mère au supermarché du coin, après le dernier cours de la journée. Pendant que le gynécée vaquait aux occupations commerciales, je squattais le rayon bouquin du Super U. et squatter me semble le terme exact : affalé à même le sol, avec un bouquin dans les mains et daignant à peine rentrer mes tiges quand un charriot passait. Quand j'y pense, j'étais sacrément culotté. Mais on m'a jamais fait une seule réflexion.
Au début, je lisais la série des Petits Nicolas. Puis les Pagnol (et là, j'arrivais à repartir avec un nouveau roman chaque semaine. devant la culture, ma mère ou ma grand mère s'inclinait et m'offrait le roman désiré). Mais bien vite, mes regards furent attirés par les couvertures sanguinolentes des romans de Stephen King.
Il m'a fallu du temps pour oser aller plus loin que la contemplation de cette couverture :
J'ai d'abord feuilleté les 3 tomes, prudemment, d'un index tremblant. Je savais que je transgressais certaines règles: ces livres ne m'étaient normalement pas destinés (la preuve en est : ils se trouvaient sur la dernière étagère.). Puis je suis tombé sur une scène qui m'a scotché dans tous les sens du terme : celle du lavabo avec Beverly (pour ceux qui ont lu le roman). Cet extrait a été une révélation pour moi : un livre pouvait autant foutre la frousse qu'un film ou une série B. Des mots, des séries de mots pouvaient procurer une véritable angoisse, avec toutes les sensations physiques qui accompagnaient ce sentiment. Le pouvoir des mots sans le choc des images.
On était à la fin de l'année scolaire, et je me suis donc offert les 3 tomes de Ca. que j'ai dévorés. C'est bien simple, j'ai joué les autistes pendant tout mon temps de lecture. et l'identification a joué à plein. Une sensation vraiment délicieuse. J'ai ensuite enchainé avec les classiques Cujo, Christine, Carrie ....
Puis la fièvre est retombée. Mais ne s'est pas éteinte. et inconsciemment, j'ai instauré le rendez vous annuel Stephen King.

fin de la zone de flashback.

Cette année donc, Cellulaire que j'avais acheté depuis un moment, et que j'ai retrouvé par hasard dans les cartons.
Le pitch ? Un virus est envoyé aux hommes par leur portable. Quand ils reçoivent le signal, leur mémoire est effacée, ainsi que leur humanité, les réduisant à l'état d'animal sauvage, de mort vivant, s'attaquant à n'importe qui. Seule une poignée d'hommes arrive à s'en sortir. Ils se regroupent, s'organisent. Parmi eux se trouve Clay, un dessinateur qui espère que son fils n'a pas utilisé son portable et qui va tout mettre en place pour le retrouver et le rejoindre...
King puise chez romero (le retour des morts vivants) ou Chez Wells (la guerre des Mondes) son inspiration puisque son roman est construit sur l'opposition entre deux clans : les phonistes qui ont été contaminés et les normaux. Peinture d'apocalypse où les seconds essaient de survivre, avec le cortège de personnages voire les idées reçues inhérentes au genre : une mamie témoin de Jehovah, un réceptionniste suicidaire etc...
Première remarque : le road movie passe difficilement à l'écrit. L'ennui gagne très vite le lecteur, car les épreuves que doivent affronter les normaux sont finalement peu intéressantes (trouver des armes à feu, un endroit où dormir etc...).
Second point négatif : les personnages ne sont pas suffisamment fouillés. Oui, c'est une première chez Stephen King, mais à l'exception de Clay, la peinture des protagonistes reste trop superficielle pour que l'on puisse s'attacher vraiment à eux. Résultat : l'identification ne fonctionne pas, et l'on se tamponne dans les grandes lignes de ce qui peut leur arriver. Le calvaire de l'un des personnages principaux devrait nous tirer des larmes. Or on compte les pages ...
Enfin, l'intrigue elle même patine. Pas de grand méchant, un dénouement beaucoup trop ouvert et rédhibitoire dans un livre long, et un ensemble assez répétitif. L'univers décrit manque de cohérence, contrairement à Désolation, par exemple.
Malgré quelques moments de bravoure où le rythme cardiaque du lecteur s'accélère un peu, Cellulaire est un roman décevant et plat.

1/5