mardi 29 décembre 2009

douleur

depuis 4 jours, crise d'angoisse tous les matins qui se termine en vomissements. Dans quelques jours, je reprends le boulot, et je ne m'en sens pas du tout capable.
Et je n'arrive pas à joindre le psy pour prendre rendez vous.
Je ne sais pas si Paris me fera du bien...

lundi 28 décembre 2009

le monstre

le monstre.

C'est ainsi que j'ai surnommé la dépression quand elle m'a cueilli en 2003, la première fois. Cueilli n'est d'ailleurs pas le terme exact, il faudrait davantage dire "s'installer". Car une dépression ne vous tombe pas dessus comme ça du jour au lendemain, elle ne vous happe pas soudainement. c'est avant tout un sentiment diffus, léger. Un petit serrement au coeur, une frêle crampe d'estomac qui vient puis disparait. On attribue la sensation au malheur qui vous a frappé (et chez moi, les malheurs étaient pluriels). Puis peu à peu, vous perdez un peu le goût de faire des choses. J'ai toujours adoré lire, et voilà qu'il me faut un mois et demi pour finir un livre. Ca fait une éternité que je n'ai pas cuisiné. J'ai toujours été brillant dans mes études, et j'y ai toujours pris du plaisir, et voilà que la simple idée d'ouvrir un bouquin me débecte et me soulève l'estomac. Alors bien sûr au début, vous trouvez des idées raisonnables pour chaque problème (parce qu'à ce moment là, vous avez encore la force nécessaire pour déceler ce qui ne va pas) : "Ce livre est chiant à mourir, d'ailleurs honnêtement tous les livres de ma bibliothèque sont chiants à mourir. / je cuisine pas, mais franchement, avec la vie que je mène et la fatigue qui s'accumule, c'est normal, non ? / Attends, je viens de décrocher le CAPES et je décide de me relancer dans l'agreg externe, ça t'étonne d'être écoeuré par la travail ?" Oui, tout ça serait effectivement normal si peu à peu, chacune de vos passions ne vous quittait doucement mais sûrement. Puis vous vous prenez à sangloter devant n'importe quel téléfilm un peu mièvre qui, deux mois plus tôt, vous aurait arraché un sourire de compassion ou vous aurait agacé au plus haut point tant les ficelles sont visibles. (vous pensez aux téléfilms de chez M6, moi aussi !). vous vous surprenez à relire 15 fois la même page sans trop la comprendre car il vous est devenu très difficile de vous concentrer. Idem pour les films ou les séries les plus simples. et puis, vous en arrivez à la phase où vous vous repassez en boucle le film ou la chanson qui invariablement et sans grande surprise vous fera bien mal et vous arrachera des larmes ("il n'y a pas d'amour heureux" version Danielle Darrieux pour moi, et le film qui va avec 8 Femmes). Quand vous en êtes au stade où il vous est devenu difficile de suivre (ou même tout simplement de vous intéresser) à une conversation, et où vous fondez en larme à la moindre parole gentille, pas de doute, le monstre s'est installé. Il a tranquillement fait son nid, il a visité toutes les pièces, a choisi la plus grande, fait abattre quelques murs, a pris soin de changer les serrures pour mieux régner en maître. Bref, il vous a mis dehors, il vous a dépossédé, et vous n'êtes plus que locataire ou visiteur de votre propre corps.

le monstre.
Le monstre qui a pénétré votre esprit s'attaque maintenant à votre corps. Quelle joie de se réveiller le matin, le souffle court, les jambes à moitié paralysées, la cage thoracique serrée parce que vous êtes en proie à une gentille petite crise d'angoisse, qui a décidé de vous faire un coucou matinal comme un chien qui réveille son maître parcequ'il faut le sortir. D'ailleurs, brave fille, cette crise d'angoisse vous sera fidèle et vous réveillera tous les matins de sa façon si délicate. Un corps que vous ne maîtrisez plus (dans mon cas, une perte de poids assez spectaculaire). Une nausée qui ne vous quitte pas (envie de vomir sa propre existence ?). Des soupirs que vous poussez sans cesse en espérant que chacun d'eux vous libérera de l'étreinte qui vous oppresse le coeur, de la souffrance que vous sentez en vous. Un corps qui devient, dans mon cas, mon ennemi.

Le monstre
Le monstre, qui une fois vaincu, n'en est pas délogé pour autant. et oui, chaque année, vous le sentez tapi quelque part, prêt à se réveiller. Car une dépression, à mon sens, ne s'évacue pas, ne se guérit pas totalement, elle s'endort. Peut-être ne se réveillera-t-elle jamais ? en tous cas, elle sera toujours là. Les sensations physiques se rappellent à votre bon souvenir au moment de la date "anniversaire" du monstre: pour moi, un goût extrêmement particulier dans la bouche, une oppression dans la poitrine ... Mais vous ne le laissez pas se réveiller si vous avez une vie heureuse, vous en avez suffisamment bavé la première fois !!!

Le monstre qui cette année s'est réveillé, a conquis tout le terrain possible et a gagné ...

présentation de ce blog.

attention, zone sinistrée, vous venez d'entrer sur un blog bien sombre. Son sous titre pourrait être "journal d'un dépressif". Vous voilà prévenus !
Cependant, ce blog me servira avant tout à m'analyser, et non pas à me complaire dans ma douleur. Je ne vous promets pas des blagues carembar tous les jours, mais mon écriture ne versera pas non plus dans le pathos, car ce n'est pas ça qui permet d'avancer. si j'ouvre ce blog, c'est pour davantage m'analyser, et espérer y voir des progrès apparaître.
concernant les présentations, je suis Will, prof (il m'arrivera peut être d'en parler, mais ce ne sera pas le principal des posts), célibataire (et là, en revanche, je l'aborderai souvent, malheureusement), 30 ans, toutes ses dents et la majorité de ses cheveux.

je voudrais juste citer quelqu'un qui avait tout compris:

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes, ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde.

C'est l'Ennui!- L'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!

"Au lecteur", Baudelaire, Les Fleurs du mal.