jeudi 9 septembre 2010

le bruit des glaçons


Déménagement terminé, will bien installé et ciné programmé donc.
Tenté par le dernier Blier, même si dans ce domaine, mes connaissances n’ont rien d’encyclopédiques. Je n’ai vu à ce jour que les Valseuses et Tenue de soirée (culture gay oblige, j’imagine, même si ce n’est définitivement pas la meilleure image de l’homosexualité que donne Blier dans ce film). 2 films qui ont forgé dans mon inconscient et dans celui de nombreux autres spectateurs l’image d’un provocateur.
Blier s’attaquant au cancer et à la mort, ça promettait de donner un film grinçant et original. Promesse tenue.
Le film s’ouvre donc sur un Dupontel (le cancer) marchant d’un pas décidé vers sa victime. Plan large sur Dupontel de dos, puis plan large sur Dujardin, l’écrivain alcoolique qui ne se départ jamais de son seau de glaçons et sa bouteille de vin blanc. Symétrie donc, et pacte de lecture passé : c’est sur le double et l’unique que va travailler Blier.
Les duos et les couples vont se faire et se défaire sous la pulsion de vie que réveille le cancer. Chaque personnage va alors fonctionner par deux, et malheur à celui qui n’aura pas trouvé son cavalier dans cette maison apparemment au lourd passé : il en sera exclu. Car la question principale de Blier est de savoir qui va vous fermer les yeux lorsque votre heure arrivera.
La gémellité entre Dujardin et Dupontel est ainsi accentuée dans une scène cocasse où les deux hommes partagent le même lit. Car la cocasserie touchant souvent à l’absurde le plus noir, l’humour le plus désespéré est omniprésente dans le Bruit des glaçons. Ainsi quelques répliques plus que grinçantes comme « Soyez polis ou je vous colle un pancréas » abondent.
Chacun se cherche et cherche l’autre dans ce film, et les monologues sont plutôt rares. Dujardin pactisera d’abord avec son cancer puis tentera de se rapprocher de sa bonne, Louisa, la seule à l’aimer vraiment.
Mais Louisa est elle même atteinte d’un cancer, interprétée par Miriam Boyer. Chacun des personnages devra ainsi se débarrasser de son double maléfique pour mieux se retrouver.
Si la fin peut paraître artificielle, le bruit des glaçons n’en reste pas moins un film émouvant et tendre, sans doute grâce au personnage de Louisa, formidablement interprétée par Anne Alvaro, énigmatique et délicate, résignée mais présente.
Le couple des cancers (Dupontel / Boyer) est savoureux et dérangeant (vraie bonne idée d’avoir pris Miriam Boyer pour le rôle, goilleuse et inquiétante à souhait). Quant à Dujardin, on ne cesse de le redécouvrir et on s’étonne que Blier plus tôt n’ait pas collaboré avec l’acteur tant le duo tombe sous le sens.
Original, dérangeant, cocasse, tendre, Le Bruit des Glaçons ne s’interdit rien, et conquit le spectateur.

Pour le coup, il m’a donné la furieuse envie de me faire une rétrospective Blier (possible avec mon abonnement à la vidéothèque) et de foncer voir Désolé pour la moquette, la pièce de théâtre de Blier qui commencera le 9 septembre, avec la géniale Anny Duperey et toujours Miriam Boyer.

4 commentaires:

  1. Merci pour cette belle critique. J'ai entendu parler du film par hasard la semaine passée à la radio et cela m'avait plutôt donné envie de le voir. Ton billet confirme mon intention.

    PS : Ca fait plaisir de te relire !

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  2. merci !
    Et oui, je n'avais plus internet avec le déménagement, mais cette ère archaïque est révolue, lol.

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  3. Moi aussi j’irais voir le film qui a l’air « bien ».

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  4. voilà une critique qui donne envie.

    je te le redis, tu devrais proposer des papiers dans certains magazines (cahiers du cinéma, studio, première...) je suis certaine que tu trouverais ta place.

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