dimanche 14 novembre 2010

Potiche


Ozon, c'est un peu notre Almodovar français. Je sais c'est très schématique de dire ça, mais je m'explique. Comme chez le cinéaste espagnol, il y a deux Ozon : un provocateur et divertissant (Sitcom, 8 Femmes) et un sérieux et émouvant (Le temps qui reste, Sous le sable ...).
Potiche appartient à la première catégorie.
Mais les comédies chez Ozon sont bien souvent plus complexes qu'il n'y paraît. Plusieurs niveaux de lecture se superposent à chaque fois.
Derrière l'intrigue policière, 8 Femmes invitait à une délicieuse relecture du cinéma français : une réplique de Truffaut dans la bouche de Deneuve, qui déclenche les larmes d'Ardant, sa dernière compagne à la ville; une photo de Romy Schneider qui tombe du tablier de Béart, celle qui a remplacé l'actrice décédée dans la filmographie de Claude Sautet, et qui est ramassée par Deneuve, qu'on se plaisait à opposer à Romy dans les années 70...
Potiche fonctionne de la même façon. Ozon s'amuse à nouveau avec l'icône Deneuve, et son imposante filmographie: son mari tient une usine de parapluies (de Cherbourg ? ), elle s'amuse à composer de petits poèmes sur une nature idéalisée, comme au temps de Demy et de sa Peau d'Ane. Quand elle retrouve un ancien amant, c'est évidemment Depardieu avec qui elle a partagé 8 films etc...
Mais au delà du plaisir des clins d'oeil cinéphiles, le film tend un sous texte politique assez réjouissant. Luchini, (excellente surprise de la distribution car ne faisant jamais du Luchini) renvoie par certaines répliques à notre actuel grand manitou du remaniement. Deneuve, elle, toute de blanc vêtue, est un double de Ségolène Royal. Pas de franc message politique au demeurant, chaque "camp" étant in fine renvoyé à ses propres ridicules.
si l'on regrettera une dernière partie de film plus poussive, Potiche offre de francs moments de rigolade, avec une distribution excellente de bout en bout.
Certes moins jubilatoire que 8 Femmes, mais ne gâchez pas votre plaisir et foncez voir l'une des comédies les plus réussies de l'année.
4.5/ 5

3 commentaires:

  1. Si je le peux (ce n’est pas gagné), j’irais voir, j’ai adoré 8 femmes et même si c’est un cran dessous c’est du Ozon …

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  2. C'est encore à l'affiche ?

    Je voulais le voir et j'avais l'impression de l'avoir loupé :(.

    J'adore "le temps qui reste". Je crois que c'est parmi les plus beaux films que j'ai vu...

    Eusèbe

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  3. J'en reviens. J'ai adoré. Et le décor des années 1970 est trop drole.

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