samedi 13 novembre 2010

une forme de vie, Nothomb


Bon , alors il est comment le dernier Nothomb ?

C'est un peu la question annuelle qu'on se pose, et à date fixe en plus. L'auteur partage ça avec le beaujolais nouveau, Woody Allen et jusqu'à récemment Chabrol.
Ca a quelque chose de rassurant en somme. Comme une vieille amie qu'on est sûr de retrouver chaque année. Un Noël en Septembre en quelque sorte.
J'ai découvert Nothomb il y a 7 ou 8 ans par le biais du boulot. Je faisais un stage d'observation dans un lycée (en gros, je posais mon cul sur une chaise au fond de la classe et je regardais un prof faire cours à des lycéens, peu motivés). le prof que je suivais voulait leur faire étudier Stupeur et Tremblements. je me suis donc procuré le bouquin et j'avais quelques heures pour le lire. j'avoue être entré dans l'oeuvre avec quelque réticence : le coté barré de la demoiselle sentait la pose commerciale. J'ai d'ailleurs souvent des a priori sur les auteurs récents et je pense que certains sont fondés (Guillaume Musso, Marc Levy ...).
C'est donc une excellente surprise qui m'attendait en lisant Stupeur: un livre qui m'a provoqué de nombreux fous rires (la fameuse scène où Amélie pète un boulard et revisite la messe à sa façon ...). J'ai donc enchaîné les Nothomb en lisant l'autofiction et certains romans (mention spéciale à Hygiène de l'assassin et Mercure).
"la vraie rêverie est une rêverie pauvre, ressassante" disait Gracq. la formule s'applique, sans jugement négatif, à Nothomb (comme je crois à tous les romanciers). chacun travaille avec ses matériaux propres, reprenant les mêmes thèmes, la différence se faisant dans le dosage..
chez Nothomb, on retrouve donc d'oeuvre en oeuvre la réflexion sur le mensonge, l'apparence, l'écriture et la faim (souvent associée à la mort).
Comme pour contenter son lecteur habitué, Une forme de vie fusionne tous les thèmes précédemment cités. Amélie (oui au bout de 12 romans, je me permets de l'appeler Amélie) reçoit une lettre d'un soldat américain, embourbé dans la guerre en Irak. Ce dernier souffre d'un mal propre à cette guerre: l'obésité. L'échange épistolaire permet ainsi à l'héroïne de réflechir au pouvoir de la littérature, à ses relations avec son lectorat (elle se targue de répondre elle même à son courrier) et donne aux passages quelques astuces pour s'assurer de sa réponse : faire court quand on lui écrit. Outre ces conseils, le lecteur glanera au passage quelques idées intéressantes sur le genre épistolaire ou une étymologie originale et marquante du mot diplomatie.(le recours à l'étymologie et à la figure du style comme clef de compréhension de soi et des autres est une marque de fabrique, une signature chez l'auteur belge.)
l'obésité de Melvin Mapple permet de placer le thème de l'apparence, thème nothombien par excellence. Comme dans Attentat, la difformité devient oeuvre d'art. Comme dans Biographie de la faim, l'anorexie est présente. Comme dans Mercure, on assiste à un twist final ...
Le lecteur se retrouvera donc en terrain familier, ce qui peut le conforter agréablement dans ses habitudes ou le lasser considérablement, tant la prise de risque est infime.

Et si le véritable renouveau chez Nothomb venait du silence l'an prochain ?

2.5/5

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