dimanche 1 août 2010

minet taré versus coinços du cul(os)


les lecteurs réguliers de ce blog ont fini par le comprendre : la vie d'un célibataire fréquentant les sites de rencontre ressemble à un enfer pavé de mauvaises intentions, à un parcours du combattant spécial commando, bref une croix( où pas mal d'échardes ne demandent qu'à se ficher dans votre dos ) à porter.
Vous y rencontrez tout et n'importe quoi.
Et dans mon cas, souvent n'importe quoi.
Comme il y a quelques semaines de cela.
je vous situe un peu l'action: je viens d'arriver pour 3 semaines dans la ville que je convoite tant, il est 23 heures, je me regarde un dernier modern family pour la route, quand, tout à coup, me sortant de ma torpeur, un signal sonore retentit.
J 'étais connecté à un site de rencontre, et ce soir là, j'étais franchement peu actif puisque absorbé par mon nouveau passe temps. Bref, un peu le pêcheur qui laisse aller sa ligne dans l'eau et commence à s'assoupir. je vais donc regarder ce que j'ai ferré.
au bout de la ligne frétille un mec de 22 ans, qui me demande si je vais bien (entrée en matière on ne peut plus classique). 22 ans, jeune donc à classer dans la catégorie "minets".
Oui, je m'adresse à toi, lecteur hétérosexuel qui ignore tout du monde des garçons sensibles, sache qu’en plus d’avoir une facilité naturelle à fréquenter les clubs de muscu et à tomber en pâmoison devant Mylène Farmer (pour ma part, je ne partage qu’une seule de ces caractéristiques), nous avons un vocabulaire particulier.

Ainsi un jeune n’est pas un jeune mais un minet. Si tu as dépassé la quarantaine, alors, tu es un « daddy ». Un gros poilu se dit « bear ». Et un mec qui s’envoie en l’air sans se protéger n’est pas inconscient, non, que nenni, il est « bareback ». Bref, tout un monde de mots à découvrir, c’est la promesse qu’on te fait quand tu signes ton entrée dans gaycity.

Pour ma part, ayant eu 30 ans, je ne sais pas trop où me classer.

Matou ? minet décati ? daddy précoce ?

Bref, revenons en à notre félin du soir. Moi, les minets, franchement, c’est pas mon trip, ça m’excite pas des masses et je ne ressens aucune fierté de me dire comme certains que je peux plaire à des plus jeunes.

Mais je réponds quand même par différents échanges d’amabilités. Au bout de trois échanges, le minet me propose de me voir dans les 20 minutes qui suivent.

Alerte rouge, ça pue le plan cul à plein nez tout ça. Je recadre donc le chaton et l’informe que pour ma part, les coups d’un soir, c’est joker.

Et l’animal de s’étonner : « j’ai une tête à faire des plans culs ? ».

Comment répondre ?

….

Mwahahaha

L’animal est naïf. Il pense qu’il existe un portrait homo (ok, celle-ci, je l’ai piquée à palmade) du partouzeur.

Bref, 5 échanges plus tard, il me propose qu’on se rencontre à minuit et demi après son taf. (il bosse en hôtellerie).

je réfléchis et me dis qu'après tout, j'ai refusé un très grand nombre de fois d'aller boire un verre avec des mecs sous prétexte que j'habitais à 45 minutes. là je suis à 5 minutes, et en vacances.

soyons fou, acceptons.

échanges de numéros portables et rendez vous pris pour le lendemain.



le lendemain, je m'enquille deux films à la suite, puis j'appelle le félidé à minuit 20 :

"miaou ?

- wé, c'est Will. c'est tout bon, si t'as fini le taff, on peut se retrouver devant l'hôtel où tu bosses

- ah wé, mais je finis en fait à une heure du mat' ...

- ....

- ça pose un problème ?

-(vais le chattrer moi !) ben, écoute, je vais patienter une demie heure et après on ira boire ce verre

-ok, cool !"


une demie heure plus tard, devant un hôtel, un mec court vêtu déambule en regardant l'heure et en prenant un air détaché. un gigolo, une Zahia post voyage au Brésil ? non, juste un Will qui se demande franchement ce qu'il fout là.

et qui s'impatiente.

01 h 05 : premier message pour lui demander s'il a fini : messagerie

01 h 10 : second message

01 h 15 : "dans 5 minutes, je me la rentre"

01 h 20: "je suis dans la voiture, là"

01h 25 : "je viens d'allumer le moteur"

01 h 30 : "ça fait 5 minutes que je pollue la planète, là. t'as la mort de 2 marsouins et 4 séquoïas sur la conscience !"

01 h 35 : "bon, ben '' je pars comme un prince'' comme disait un candidat de la star ac devant un Nikos stupide (pardon, pléonasme). si tu veux qu'on se revoie, ce sera en journée, pas à minuit et quelques ...."


C'est donc en essayant de digérer ce lapin de garenne que je me suis couché ce soir là.

je me suis dit, on va en rester là.

sauf que le minet revient à l'attaque le lendemain.sur le site de rencontrer.


Félix d'attaquer, comme si de rien n'était :

"ça vaaaaaaa ?

- ben moyennement, je suis allergique aux poils de lapin

- quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii (ou plutôt kewaaaaaaaahhh) ???

- tu m'expliques ce qui s'est passé hier ? j'ai poireauté jusqu'à une heure et demie en te laissant des messages et en tuant des marsouins !

- ben, j' ai eu un souci, genre un mec qui s'est pointé en retard. genre, j'ai fini à 2 heures et demie.

- Ok (pour les non afficionados du tchat, le Ok c'est un peu l'équivalent du "grave" ou du "certes " à l'oral, c'est ce que tu mets quand tu sais pas quoi répondre)

- Bon, ce soir, je finis genre à minuit et demie, on se voit après ?


ok, là j'avoue, il a fallu que je relise deux fois le message:

-tu as un humour très particulier, tu le sais ?

- pourquoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ????

- tiens, c'est vrai, ça pourquoi ? je sais pas, peut être que minet décati et échaudé craint l'eau froide. je t ai dit dans mon dernier message que si tu voulais qu'on se revoit, ce serait en journée.

- mais je peux pas, genre je bosse et j'habite à 25 minutes.

- attends, c'est bon, tu pars une heure plus tôt, on va se boire un café, et tu vas taffer.

- c'est bon, essaie de comprendre !


dis donc, c'est bizarre, ça fait deux fois que je dois relire un message pour être sûr de l'avoir compris. Putain, c'est l'âge !

- t as raison, je suis un vrai crevard ! tu me poses un lapin, tu t excuses pas, tu me demandes de revenir ce soir à point d'heure, et je comprends pas. un crevard de première, c'est clair !"


fin de la discussion, le minet est parti bouder dans sa litière.

je me suis dit on va en rester là.


sauf que le lendemain, vers 22 h 30, je reçois un SMS dudit félin:

"je suis coincé chez moi, j'ai plus de voiture et genre tous mes potes sont en vacances. viens me chercher, comme ça on fera connaissance sur la route"

Putain, même les SMS, je dois les relire 2 fois pour être sûr de les avoir compris ! je suis plus attaqué, je suis ravagé cette fois-ci. je songe même à appeler les Obsèques prévoyance à ce stade !

bref, inutile de dire que je ne prends même pas la peine de répondre à l'injonction.

et le perspicace chaton de me relancer un quart d'heure après:

"genre tu réponds pas ?"


ben, genre je suis pas taxi.

un troisième SMS dans le même style me dit que je ferais bien de couper le portable pour la nuit. Dont acte.


Je me suis dit, on va en rester là.

sauf que le lendemain, je reçois un SMS qu'il avait griff ' onné (youhou, elle est très bonne, elle va faire un tabac dans la maison de retraite des Flots Bleus où je viens de m'inscrire): "genre, t'es dispo, là ?"

fin de non recevoir, nous sommes bien d'accord. et bizarrement, le nom de Norman Bates qui s'inscrit dans ma tête. Etrange, les associations d'idées, parfois ....


Je me suis dit, on va en rester là.

Sauf que ben, mon minet, il était un peu têtu. (Qui a dit obsessionnel ????)

sur le site de rencontres:

"Salut, je finis genre à une heure ce soir, on essaie de se voir ?

-Euh, ok, c'est quoi le mot que t'as pas compris dans "non, je viens pas au milieu de la nuit"?

-Allez, t es pas cool. genre déjà l'autre fois, t'as pas voulu me chercher chez moi, et j'ai failli perdre mon poste à cause de toi, mais tu vois, je te pardonne.

- Monsieur est trop bon ! Mais monsieur a tendance à oublier que je ne lui dois rien, qu'on ne s'est jamais rencontré, et que je ne suis pas tenu de faire des allers retours.

- Allez, sérieux, t es pas cool.

- Bon, écoute, t as raison, je suis pas cool. C'est vrai, j'ai envie de te rencontrer vers 18 heures autour d'un verre. Mais sérieusement, qui fonctionne comme ça ? quel taré je fais !

-Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ?

-Tu sais ce qu'on va faire ? on va arrêter ce dial, et tu vas oublier mon numéro de téléphone, parce qu'avec toi, je te jure que j'apprends pleinement la définition de l'expression : "se prendre la tête". Juste un petit conseil, comme ça pour gagner en maturité: essaie de te remettre en question deux secondes, ça aide à grandir"


et là, accrochez-vous mes enfants, une réponse pleine de délicatesse, empreinte de la poésie licencieuse de Théophile de Viau (1) :

" g pa besoin de t conseil pr grandir. toi tu feré mieux de te fèr débouché le cul, sa te feré du biens" (à quoi on voit que j'ai fait un copié-collé ?)


Wé, c'est clair, je suis tombé sur un mec hyper mature ! que répondre à ça à part " c'est celui qui dit qui y est" ?

le silence est d'or

genre !


Bon, je vous laisse, on fait le jeu des dentiers musicaux à la pension ce soir !!!!


(1) Théophile de Viau est un poète du XVII° siècle qui a connu un procès retentissant à cause de différentes pièces parues dans Le Parnasse satirique, évoquant la sodomie. le poème auquel je pense étant dans un carton (déménagement oblige), je me contenterai de celui-ci trouvé sur le net : (foutre signifie ici baiser)

Phylis tout est foutu, je meurs de la vérole,
Elle exerce sur moi sa dernière rigueur :
Mon Vit. baisse la tête & n’a point de vigueur
Un ulcère puant a gâté ma parole.

j’ai sué trente jours, j’ai vomi de la colle
jamais de si grands maux n’eurent tant de longueur
L’esprit le plus constant fut mort à ma langueur,
Et mon affliction n’a rien qui la console.

Mes amis plus secrets ne m’osent approcher,
Moi-même en cet état je ne m’ose toucher :
Philis, le mal me vient de vous avoir foutue.

Mon Dieu Je me répands d’avoir si mal vécu :
Et si votre courroux à ce coup ne me tue,
Je fais vœu désormais de ne foutre qu’en cul.

Le Parnasse satyrique, 1622, p. 1-2 et 2002, p. 15.

vous voyez qu'on étudie des choses rigolotes pendant l'agreg ...