Qui a commencé à l'adolescence.
Vous entrez dans une zone de flash back
Souvenir ému de mon premier roman du roi de l'épouvante, Ca. En sixième, j'accompagnais ma mère et ma grand mère au supermarché du coin, après le dernier cours de la journée. Pendant que le gynécée vaquait aux occupations commerciales, je squattais le rayon bouquin du Super U. et squatter me semble le terme exact : affalé à même le sol, avec un bouquin dans les mains et daignant à peine rentrer mes tiges quand un charriot passait. Quand j'y pense, j'étais sacrément culotté. Mais on m'a jamais fait une seule réflexion.
Au début, je lisais la série des Petits Nicolas. Puis les Pagnol (et là, j'arrivais à repartir avec un nouveau roman chaque semaine. devant la culture, ma mère ou ma grand mère s'inclinait et m'offrait le roman désiré). Mais bien vite, mes regards furent attirés par les couvertures sanguinolentes des romans de Stephen King.
Il m'a fallu du temps pour oser aller plus loin que la contemplation de cette couverture :
J'ai d'abord feuilleté les 3 tomes, prudemment, d'un index tremblant. Je savais que je transgressais certaines règles: ces livres ne m'étaient normalement pas destinés (la preuve en est : ils se trouvaient sur la dernière étagère.). Puis je suis tombé sur une scène qui m'a scotché dans tous les sens du terme : celle du lavabo avec Beverly (pour ceux qui ont lu le roman). Cet extrait a été une révélation pour moi : un livre pouvait autant foutre la frousse qu'un film ou une série B. Des mots, des séries de mots pouvaient procurer une véritable angoisse, avec toutes les sensations physiques qui accompagnaient ce sentiment. Le pouvoir des mots sans le choc des images.
On était à la fin de l'année scolaire, et je me suis donc offert les 3 tomes de Ca. que j'ai dévorés. C'est bien simple, j'ai joué les autistes pendant tout mon temps de lecture. et l'identification a joué à plein. Une sensation vraiment délicieuse. J'ai ensuite enchainé avec les classiques Cujo, Christine, Carrie ....
Puis la fièvre est retombée. Mais ne s'est pas éteinte. et inconsciemment, j'ai instauré le rendez vous annuel Stephen King.
fin de la zone de flashback.
Cette année donc, Cellulaire que j'avais acheté depuis un moment, et que j'ai retrouvé par hasard dans les cartons.
Le pitch ? Un virus est envoyé aux hommes par leur portable. Quand ils reçoivent le signal, leur mémoire est effacée, ainsi que leur humanité, les réduisant à l'état d'animal sauvage, de mort vivant, s'attaquant à n'importe qui. Seule une poignée d'hommes arrive à s'en sortir. Ils se regroupent, s'organisent. Parmi eux se trouve Clay, un dessinateur qui espère que son fils n'a pas utilisé son portable et qui va tout mettre en place pour le retrouver et le rejoindre...
King puise chez romero (le retour des morts vivants) ou Chez Wells (la guerre des Mondes) son inspiration puisque son roman est construit sur l'opposition entre deux clans : les phonistes qui ont été contaminés et les normaux. Peinture d'apocalypse où les seconds essaient de survivre, avec le cortège de personnages voire les idées reçues inhérentes au genre : une mamie témoin de Jehovah, un réceptionniste suicidaire etc...
Première remarque : le road movie passe difficilement à l'écrit. L'ennui gagne très vite le lecteur, car les épreuves que doivent affronter les normaux sont finalement peu intéressantes (trouver des armes à feu, un endroit où dormir etc...).
Second point négatif : les personnages ne sont pas suffisamment fouillés. Oui, c'est une première chez Stephen King, mais à l'exception de Clay, la peinture des protagonistes reste trop superficielle pour que l'on puisse s'attacher vraiment à eux. Résultat : l'identification ne fonctionne pas, et l'on se tamponne dans les grandes lignes de ce qui peut leur arriver. Le calvaire de l'un des personnages principaux devrait nous tirer des larmes. Or on compte les pages ...
Enfin, l'intrigue elle même patine. Pas de grand méchant, un dénouement beaucoup trop ouvert et rédhibitoire dans un livre long, et un ensemble assez répétitif. L'univers décrit manque de cohérence, contrairement à Désolation, par exemple.
Malgré quelques moments de bravoure où le rythme cardiaque du lecteur s'accélère un peu, Cellulaire est un roman décevant et plat.
1/5