dimanche 7 novembre 2010

should i stay or should i go ?



les lecteurs familiers de mon blog le savent déjà. je vois ou j'ai vu un psy selon les périodes. en ce moment, le verbe est à conjuguer au présent. Le deuxième effet vacances en quelque sorte. Oui je sais je disais dernièrement que j'étais plutôt content d'être en repos sauf que j'ai un rapport particulièrement conflictuel aux vacances. Celles ci me sont imposées (ben oui je ne "pose" pas mes vacances, et psychologiquement ça change pas mal de choses) et le fait qu'elles tombent à date fixe, entraînant donc l'idée d'un cercle, d'une répétition, suppose pas mal de bilans : "l'an passé, à la même date, je ....". Ce que la plupart d'entre vous fait (ou pas) au premier janvier, pas mal de profs le font spontanément en Juillet ou en Septembre et pour certains, les plus angoissés dont je fais partie, le bilan s'impose (le terme est le plus approprié car il vous saute au visage) à chaque vacance.
Et surtout, celles ci me renvoient à ma solitude. Entre des après midi shopping, quelques séances à la muscu, des essais de cuisine et un repas pour Halloween, je me suis décidé à reconsulter un psy car l'angoisse me quittait difficilement et a bien failli me pousser à faire fuir quelqu'un qui m'est cher.
le 3° depuis janvier dernier. et m'est avis que ce sera pas le dernier.
Petit récapitulatif des différents médecins de l'âme que j'ai consultés, guide du routard express des psys à éviter ou ... à éviter !

numéro un : Mister Medoc.
Je l'appelle en Décembre, alors que j'étais au fond du fait-tout (la période à laquelle j'ai commencé ce blog d'aileurs). Première séance en janvier. Quand il me demande pourquoi je viens le consulter, je lui explique que je suis en dépression mais que je veux m'en sortir. Il me fait faire un test pendant une heure, puis, m'affirme, rayonnant : "vous avez un total de 36 sur 49. vous êtes dépressif !!!!". Tu parles d'un scoop, mon con, je te l'ai dit y a une heure. t'aurais pu économiser notre temps, mon argent, du papier et de l'encre. En revanche, j'ai vu dans le Marie-Claire de la salle d'attente un test pour savoir si j'étais plus Madonna ou Mylène Farmer et ça me dirait bien de faire ce test, au point où on en est !
Fort de l'incroyable travail d'investigation qu'il venait d'accomplir, le psy s'empare de son arme, c'est à dire sa feuille d'ordonnance et me prescrit une liste longue comme un film de Resnais d'antidépresseurs. Et chacun d'être accompagné par un commentaire dithyrambique. Bref, les médocs sont mes nouveaux amis. Or pour des raisons personnelles essentiellement familiales, je refuse de prendre des antidépresseurs. je l'en informe mais il s'en tamponne comme de son premier shorty, et me file le merveilleux sésame vers des mondes meilleurs, sésame qui attérira trois jours plus tard dans la poubelle.
je veux une vraie analyse, pas une ordonnance de médoc. Ce que je lui explique à la deuxième séance. Je vais pas être déçu sur ce point ! Les jugements à l'emporte pièce abondent : "votre problème, c'est que vous pensez que les relations longues peuvent exister"; "la tromperie est en chacun de nous, la fidélité n'existe plus"; "l'amour est mort il y a une quinzaine d'années, aujourd'hui, ce sont les intérêts commerciaux qui nous gouvernent..." J'en passe et des meilleurs.
et à chaque fois, il me ressort une nouvelle liste de médocs, tellement plus mieux bien que les précédents. J'ai beau lui dire que chaque ordonnance finit à la poubelle, il persiste.
Du coup, je n'ai pas confiance en lui, et je me construis toujours contre ses jugements et avis, contradictoires d'une séance sur l'autre d'ailleurs : "vous devriez couper tous les ponts avec R ", "vous devriez redonner une chance à R" "Vous devriez fermer une porte, mais ouvrir une fenêtre" (sic)
Z'avez pas dit "jacques a dit" !
J'ai décidé d'arrêter de voir Mister Médoc le jour où m'étant gouré d'horaire, j'ai eu le loisir de discuter avec une patiente dans la salle d'attente. La discussion a duré une heure, et m'a davantage aidé que les différentes séances avec lui ....

Numéro 2 : Miss Speedy Gonzales.
Quelques mois se passent, j'ai laissé en suspens la thérapie. Mais, je ne sais plus trop pour quelle raison, je ressens le besoin de consulter à nouveau. freiné par le psychiatre fournisseur officiel d'antidépresseurs, je préfère me diriger vers une psychologue, qui ne peut pas faire d'ordonnance. Ma meilleure amie m'en conseille une, et rendez vous est pris.
elle me reçoit et me fait m'installer dans un fauteuil en rotin. ("Mélodie d'amour qui chante au coeur d'Emmanuelle", oui, vous aussi vous y avez pensé). Elle s'installe devant moi, aucun bureau ne nous sépare. elle me sourit, d'une voix douce, m'invite à la confidence. et je me livre. Parfois, elle soumet une hypothèse, et pas conne en plus. quand elle me demande par exemple qui se cache derrière le pronom on que je viens d'utiliser, elle me suggère que ce mal être n'est pas que le mien, et que je supporte également la souffrance de mon père qui a lui aussi fait une dépression.
On avance, on tâtonne, mais on avance.
ET puis un jour, c'est le drame. Je la vois un jeudi matin. J'ai dormi la veille chez ma tante qui vit dans ma ville adorée, celle que je hante aujourd'hui. je me suis fait un ciné, suis allé boire un pot avec un pote, me suis fait un resto. bref, je suis en pleine forme. et en début de séance je lui dis donc que je vais bien. Que j'aurais des sujets de me plaindre puisque je n'ai pas obtenu ma mutation et que R a encore fait des siennes (aujourd'hui, me rappelle même plus quoi). Mais que j'ai décidé de ne pas me laisser abattre etc...
et là, elle me dit: "bien on va en rester là pour aujourd'hui.
-Nom de zeus, Marty, il y a eu un problème dans le continuum espace temps car ma séance a duré 3 minutes. Je vous dois combien ?
-60 euros, comme d'habitude."

...
petit problème de maths : Sachant que la séance de Will a duré 3 minutes et qu'il a payé 60 euros
a) calculez le prix de la minute d'analyse
b) calculez la probabilité exacte pour que Will se soit fait e... sans gel par sa psy
c) calculez la probabilité exacte pour que Will ne remette jamais les pieds chez cette conne.


numéro 3: Bernard Pivot
celui que je vois en ce moment. Bon alors être honnête avec vous, je sors tout juste d'une séance au moment où j'écris ces lignes. je pensais terminer mon billet avant d'y aller mais non. et comme la seconde séance a été beaucoup plus réussie que la première, j'ai sans doute perdu de ma morgue et le titre du billet perd lui en pertinence.
donc je me pointe mercredi dernier. et là premier choc, je vois un divan. je m'attendais à un portrait de Freud dans un coin pour parfaire le cliché.
je lui explique que je pense être un dépendant affectif et que ça paralyse ma vie et mes relations avec les autres et un en particulier, que ma peur peut me pousser à tout foutre en l'air. et là il me coupe :
"Lui ? vous avez dit lui ?
-euh, ben oui
-il s'agit donc d'un garçon ?
-c'est souvent le pronom qu'on utilise quand il s'agit d'un homme, en effet.
- vous êtes donc homosexuel ?
-Whaa, c'est Inspecteur Clouzot ici ou quoi ?
-je dois vous dire que je ne m'y connais pas du tout en amours homosexuelles !"

Ok, moi qui adore être mis dans des cases... Quelques minutes plus tard, le voilà qui s'écoute parler et me sort des citations d'un illustre inconnu. Puis il se raccroche à Sollers. Me dit que je bovaryse. Et aborde la cristallisation selon Stendhal. Je pensais être chez un psy, je suis au beau milieu du salon de Mme de Staël. Sauf que je suis venu pour me soigner, pas pour baigner en pleine conférence littéraire. Au bout d'un moment je coupe Guillaume Durand pour essayer de recadrer davantage sur le sujet qui me préoccupe : moi et mes angoisses. je cherche une piste et lui dis que ma dépendance affective vient sans doute du fait que j'ai été trompé et qu'il m'en reste une cicatrice. Et lui de me dire : " Vous savez, l'infidélité, dans le milieu homosexuel, vous l'avez un peu choisie finalement".
bref, une première séance désastreuse.
j'ai hésité à aller à la seconde, mais je m'y suis finalement rendu. et j'ai commencé par tout lui déballer : que je n'étais pas là pour parler littérature, que j'avais eu l'impression de perdre mon temps et que je ne savais pas si j'allais continuer avec lui.
un électrochoc pour lui puisqu'il a changé du tout au tout. je ne dis pas que je ressors avec la clef, mais je ressors en ayant l'impression d'avoir travaillé. en tous cas je ressors soulagé.

La suite au prochain épisode .. ou pas !


6 commentaires:

  1. Tu as peut-être fait peur au premier qui s’est rassuré avec ses médicaments. Tu as bien réussi à me faire peur sans que je te connaisse et j’ai cru entendre un certain soir mon ordinateur hurler …
    La seconde, elle considérait sans doute, que tu allais bien à cause de la séance précédente et que ça valait bien une rallonge. Gonflée !
    Le troisième tu as presque réussi à le soigner ! Je le dis avec humour (bof !), mais c’est sérieux. Ce n’est pas évident, mais je pense que pour que cela marche, il faut considérer ces gens comme des médecins et rien de plus. Médecins dans le sens mécanicien. Évidemment, tu te confis à eux et il y a forcément de l’affectif qui passe et même un certain jugement que tu leur renvoies en en voulant pour ton argent (ce qui est bien légitime après tout). Mais il faut vraiment garder la tête froide. Ils ont leurs trucs qu’ils ont appris. Il faut qu’il parvienne à créer la confiance, ça ne se commande pas forcément. Mais après c’est leur métier et laisse-toi un peu faire. On a l’impression dont tu y vas un peu pour batailler. (J’exagère sans doute un peu un peu, mais quand on te lit, on a l’impression que tu y vas déjà septique)

    Je ne sais pas s’il faut continuer à voir ton Pivot (je ne dis pas non plus le contraire). A priori si tu as un peu avancé sur toi, si cela te soulage ou t’apaise, retournes y.

    Que recherche-tu exactement quand tu vas voir maintenant un psy ? Tu y réponds en partie, mais est ce que ce sont les seuls raisons ? On a tous une envie de crever une enveloppe qui nous retient pour vivre pleinement. Tu as des peurs (tu n’es pas le seul) et tu as un côté autodestructeur (de victime), le tout provoqué (?) par une grande sensibilité que tu cache un peu pudiquement parfois (d’où ton humour un peu cynique). Tu peux apaiser cela, mais tu dois vivre avec. C’est ce qui fait ton charme. Ta dépendance affective tu peux l’apprivoiser, mais elle ne se résoudra qu’avec celui qui la fera fondre. Ça dépend de toi mais aussi du moment et de l’autre …

    Je terminerais par une citation d’un grand écrivain bientôt célèbre, que j’ai lu dans un recueil méthodologique sur l’utilisation des instruments à sons non déterminé, utilisés sous l’armée du premier empire :
    « Une bonne séance de muscu, ça vaut tous les antidépresseurs du monde ».
    pff facile !

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  2. J'ai vu trois psys... j'en suis arrivé au constat qu'ils étaient plus malades que leurs clients...

    Une semaine après une tentative de suicide une psy m'a dit que tout allait bien... je n'y suis plus jamais retourné...

    Bises

    Eusèbe

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  3. A pianiste en péril: j'attends de mon psy qu'il m'ébranle (lis bien le mot, vilain lubrique ;-) ) ou qu'il m'apaise. Ce qui s'est en partie passé lors de la seconde séance.
    A Eusèbe: je comprends ta méfiance envers les psys. et effectivement, la dernière que tu as vue était particulièrement gratinée !!!

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  4. Je te conseille un bouquin qui vient de sortir : Ma psy et moi... Il traite (avec beaucoup d'humour) des échanges entre une nana quinqua et sa psy. L'auteur est une blogueuse et son bouquin fait actuellement le tour de France des blogs : http://psy22.canalblog.com. Tu peux lire gratos les 26 pages du bouquin chez l'éditeur.
    Merci pour ton comm chez moi ! et bon courage !

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  5. @ la balance : Merci pour la référence, j'y cours, j'y vole !

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  6. Ah la la mon will ! Pour mister medoc, si je ne gourre je pas de psychopate (c'est bien comme ça qu'on dit hein?!) tum'avais prévenu mais mon salaud tu aurais pu mieux me prévenir ! lol (aller j'te rajoute meme un mdr pour te faire comprendre que je ne t'en veux pas) Donc je me suis fait avoir avec lui de la meme façon et son ordonnance doit trôner à ce jour tout proche de la tienne...
    Maintenant l'affaire avec lui est résolue car je l'ai laché comme un lache (meuh non y'a po répétition !) tout comme mon cas avait l'air de l'interresser bien moi que ses actions auprés des labos fabriquant ces antidepresseurs cher à ses ordonnances.
    J'espere sincerement que Bernard Pivot et Guillaume Durand pourrons t'aider (mais là encore, ne te fait pas avoir en payant une double facture) ;o)
    Je penses quand meme que la meilleur psychothérapie est celle faite le soir d'halloween ! ... je pairais presque pour ça ! (j'ai bien dis presque ! ;o)
    nono

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